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Dans Crépuscule pour un tueur de Raymond St-Jean, arrivé en salle ce vendredi, la comédienne joue Francine Lavoie, la conjointe pas si effacée d’un redoutable assassin.

Dans La cordonnière de François Bouvier, au cinéma le 17 mars, elle défend le rôle principal de Victoire Du Sault, une pionnière entrepreneure du XIXe siècle aux relations amoureuses troubles.

«Je trouve ça formidable. J’aime jouer n’importe quel personnage qui a de la matière», note l’actrice, de passage à Québec le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

Un hasard de calendrier qui lui sied bien, même si elle n’aime pas trop qualifier ses deux personnages complexes de «femmes fortes», une expression qu’elle juge «décalée».

«Je ne trouve pas que c’est le bon terme, déclare-t-elle. Qu’est-ce que ça veut dire être forte? Je trouve que c’est encore quelque chose qu’on emprunte au code qui dit que les hommes doivent être forts et les femmes douces.»

Rose-Marie Perreault préfère parler de «courage» pour définir Victoire et Francine, qui vont se côtoyer au cinéma dans des films nous ramenant du XIXe siècle aux années 70.

«J’aimerais jouer une femme qui n’a pas de problème avec sa condition de femme. Mais c’est un déséquilibre qui est encore tellement présent», observe la comédienne.

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Dans La cordonnière, Victoire assume ses ambitions professionnelles à une époque où le nom de son métier ne se prononçait même pas au féminin.

«Il faut nommer les choses pour les comprendre. Elle était vraiment dans le début d’un mouvement», décrit Rose-Marie Perreault.

Dans cette adaptation des romans de Pauline Gill, l’héroïne vivra aussi un triangle amoureux difficile à gérer dans une famille.

«Elle s’est permis de vivre ses passions multiples, autant dans la cordonnerie que dans sa vie sentimentale, note l’interprète. Elle se permet de vivre ses désirs. Ça vient avec des secrets, ça devient compliqué et ça lui cause des déceptions. Mais elle a vécu de grandes amours.»

Dans Crépuscule pour un tueur, sa Francine arrive en soutien, mais aussi avec une soif d’évasion, alors que son mari tueur à gages sent que sa fin est proche, tandis que sa tête a été mise à prix.

«Francine, elle s’émancipe. Elle reprend sa vie en main, résume Rose-Marie Perreault. Victoire a une vie difficile, mais c’est la vie qu’elle a choisie. C’est quand même admirable.»

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La cordonnière met en exergue le parcours d’une femme qui a réellement existé, dont le talent et l’ambition ont rayonné beaucoup, à un moment où ce genre de succès était réservé aux hommes.

«C’était une pionnière, une visionnaire, une féministe avant le temps. Il y a plus d’information sur ses fils Marius et Oscar, qui sont devenus des hommes d’affaires très importants. Mais ça s’est fait grâce à la fortune et à la créativité de leur mère. Tout part d’elle, de sa petite cordonnerie», relate Rose-Marie Perreault.

«Victoire est une femme très moderne, reprend-elle. Elle était en réaction avec son époque. En la travaillant, j’essayais de comprendre le monde qui l’entourait. Mais elle refuse tout ça, elle le rejette. Elle veut vivre à sa façon, qui est contemporaine.»

L’actrice y voit une «belle reconnaissance» pour des femmes de l’ombre passées sous silence dans la grande Histoire «qui est souvent racontée par des hommes».

Selon elle, la quête de La cordonnière résonne encore de nos jours, alors que des droits acquis de luttes du passé sont fragilisés, notamment celui à l’avortement.

«Elle fait partie de nos héroïnes dont on ne parle pas assez, avance Rose-Marie Perreault. Que ça sorte aujourd’hui, c’est important pour voir le chemin qui a été parcouru. Mais on ne le tient pas pour acquis et ce n’est pas fini. Pour moi, c’est une manière de voir d’où on vient, mais aussi qu’il faut aller plus loin.»

La cordonnière sera présenté au cinéma dès le 17 mars.

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Pour l’amour du jeu

Cinéaste aguerri derrière des films comme Histoires d’hiver, Paul à Québec ou La Bolduc, François Bouvier a abordé La cordonnière comme un récit contemporain, habité de personnages qu’il juge «intègres».

«On n’a rien inventé dans l’émotion. Ce qu’on vit maintenant, ils l’ont vécu chez les Égyptiens ou les Mayas. La modernité est dans la vérité, mais aussi dans la fabrication même du spectacle», évoque-t-il.

«Dans la musique, on n’est pas juste dans le violon. Il y a une composition qui est moderne et actuelle», reprend le cinéaste en citant le travail du musicien Benoît Charest.

Sous son chapeau de réalisateur, François Bouvier dit priser d’abord et avant tout la direction d’acteurs. Il raconte avoir été touché en lisant le scénario «très fort» que Sylvain Guy mûrissait depuis quelque 18 ans.

Il confie aussi avoir très rapidement, «dès les premières pages», imaginé Rose-Marie Perreault et Élise Guilbault dans le rôle principal de la cordonnière Victoire, à différents moments de sa vie.

«Ce sont des actrices qui jouent avec une grande économie. Ça se passe dans les yeux», explique le cinéaste, qui dit avoir misé beaucoup sur le pouvoir de la reconstitution historique pour laisser les interprètes entrer dans leur personnage.

«En répétition, je ne leur demande pas de jouer. Seulement de garder l’intention. Je sais que quand on va être dans la pièce, il y a quelque chose qui va arriver», explique-t-il.

Après le XIXe siècle de La cordonnière, François Bouvier s’apprête à plonger dans une autre époque, celle de la fin des années 60, en renouant à l’écran avec l’univers de la série Paul du bédéiste Michel Rabagliati.

«Là, ça va être Paul à 18 ans, pas à 40 ans, précise-t-il. C’est Paul a un travail d’été. Je suis en train de finir l’écriture de ce prochain film. J’ai très hâte. J’aime bien ces années-là. Et j’aime aussi travailler à partir d’une œuvre déjà existante.»

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