{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F110f8fc9-c567-4b80-ba6b-dd147cdfad56.JPG&width=1024&stripmeta=true","description":{},"imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F85bef6ff-a6a0-47d5-beae-882a59e1b0da.JPG&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Jean-François Dugas","source":"Le Droit"}],"channel":"À l'affût","chapters":[{"position":0,"text":"\n

Paty Rios et Tatiana Fulton ont fait une percée remarquée sur le marché québécois après avoir lancé OverHop Canada en 2017. En peu de temps, les deux amies de longue date du Brésil se sont intégrées dans leur nouvel environnement, la communauté brassicole les accueillant à bras ouverts.

«Nous sommes Brésiliennes. Nous sommes chaleureuses et très communicatives!, exprime la première pour expliquer cette réalité. On donne des accolades, des bizous et nous développons des amitiés facilement. Notre nature brésilienne a ouvert plusieurs portes auprès des gens de l’industrie.»

Il y a ça, effectivement. Leur joie de vivre rejoint celle des francophones d’ici.

Outre leurs qualités «innées», les copropriétaires offrent de la maudite bonne bière.

Elles sont également un exemple parfait d’une intégration réussie, elles qui ont appris la langue de chez nous. C’est mieux que certains de nos PDG unilingues anglophones… Je vous salue Michael Rousseau.

D’ailleurs, les deux s’expriment très bien en français, Mme Fulton assimilant la langue en six mois, top chrono! «J’ai étudié fort et j’ai eu de l’aide», affirme-t-elle, sans ambages.

Sa collègue en affaires est tout aussi habile, même si elle dit devoir se forcer un peu plus.

«Le fait français (au Canada) est très peu diffusé à l’étranger, note Mme Rios. Une fois qu’on s’y trouve, on comprend l’importance de la langue, c’est une question de respect.»

Je tenais à vous raconter leur histoire, dans la foulée de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.

À mon avis, elles figurent parmi les étoiles féminines les plus brillantes du milieu brassicole artisanal. Elles ne sont pas les seules, mais elles sont uniques du fait qu’elles pilotent leur brasserie dans leur pays d’adoption. Évidemment, qui dit pionnières, dit obstacles, voir sexisme.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Les copropriétaires d’Overhop Canada, Tatiana Fulton et Paty Rios devant leur brasserie à Saint-Jean-sur-Richelieu.","contentType":"image","credits":"Courtoisie Overhop","position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0f92993c-44c1-47e9-b042-24d055ad68a0.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":2,"text":"

Les débuts

Bien que Mme Fulton est débarquée à Toronto en 2014, ce n’est qu’en janvier 2017, après l’arrivée de Mme Rios et de sa famille, qu’elles décident de se lancer en affaires.

«Nous avons eu cette idée parce que j’avais déjà brassé à mon domicile au Brésil», affirme cette dernière.

À l’époque, son mari et elle avaient répété l’expérience avec des amis de Rio de Janiero.

«Ensemble, nous avons choisi de fonder la marque de commerce OverHop (en août 2016) pour apporter nos bières au Mondial (de la bière de Montréal), se souvient Mme Rios. Nous ne savions même pas que le Mondial se déroulait au Québec. On croyait qu’il s’agissait seulement d’un nom francophone. Nous avons créé une marque juste pour y aller.»

Leurs efforts connaissent un succès immédiat auprès des amateurs du genre, mais aussi des juges du rendez-vous annuel, qui leur accordent deux médailles. Nous sommes en juin 2017.

Il faut comprendre que le Mondial, un des plus anciens festivals de bières artisanales au Québec, est une véritable porte d’entrée pour les brasseries espérant de percer le marché de la Belle Province.

Mmes Rios et Fulton ont décidé de se lancer en business à Montréal, après un court détour par Toronto. La marque OverHop Canada voit le jour aussi en 2017. Bien qu’elle est associée à leurs amis du Brésil, elle reste indépendante. Les femmes d’affaires sont aux commandes.

«Aussitôt que nous sommes arrivées à Montréal, nous recherchions un endroit pour démarrer une brasserie», souligne Mme Rios.

Elles optent d’abord pour un partenaire capable de produire leurs bières. L’entente avec la brasserie et distillerie montréalaise Oshlag apporte son lot d’avantages.

«Brasser à contrat est formidable pour distribuer ses bières, et tester le marché, mais les revenus sont limités. Tous les profits sont réinvestis dans le prochain brassin.»

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Les «brassoeurs» Carolane Dorval de la ferme brassicole La Grange Pardue et Ann Marie Tindman de la brasserie et distillerie Oshlag ainsi que Myriam Laflamme-Caux de la Malterie Caux Laflamme, se sont jointes aux copropriétaires de la brasserie OverHop Canada, Tatiana Fulton et Paty Rios pour créer une bière spéciale dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.","contentType":"image","credits":"Courtoisie Overhop","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F982200b8-5a82-4e42-9187-a455fd795ce7.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"

Le rêve de posséder leur propre brasserie arrive à l’été 2019. Le choix sera finalement arrêté sur la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, située à quelque 40 km au sud-est de Montréal.

La construction débute en janvier 2020 et… la planète est paralysée quelques semaines plus tard.

Comme leurs semblables, la pandémie aura apporté de nombreux défis. Les deux copropriétaires sont habituées. Au fil des ans, à titre de femmes dans une industrie fortement masculine, elles sont souvent ciblées par les mauvaises langues.

Sexisme

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Il y a beaucoup de sexisme dans l’industrie de la bière artisanale, même si de plus en plus de femmes s’y investissent. Il y en a eu depuis le début

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D’ailleurs, dès ses premiers pas, OverHop Canada a reçu un appui financier de la plupart des partenaires approchés sauf pour un organisme, celui qui donne une aide ciblée pour les femmes d’affaires... Leur représentante, aujourd’hui politicienne, leur avait dit avec un certain mépris qu’elle ne croyait pas au projet, piloté par des femmes.

«Principalement, nous devons éduquer les femmes parce qu’il y a plus de sexisme qui provient des femmes que des hommes, ce qui est insensé», reprend Mme Rios.

Lors des festivals de bières par exemple, c’est le mari de Mme Rios qu’on félicite pour sa brasserie… La création d’une bière avec une influenceuse bien connue apporte également la foudre féminine.

Les copropriétaires n’ont pas été confrontées uniquement à des critiques nord-américaines. Leurs semblables au Brésil, les mêmes avec qui l’aventure OverHop a commencé, s’ajoutent au concert de reproches.

«C’est triste à dire, mais ce fut le plus grand défi. Le Brésil est encore très macho et ils ne comprennent pas que le Canada est un pays plus progressiste.»

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De OverHop à Brassoeurs

À force de se buter à des commentaires désobligeants, en réponse notamment à la création de bières en l’honneur de la communauté LGBTQ ou encore des femmes, les deux entrepreneures ont décidé de se dissocier de leurs partenaires de l’Amérique du Sud.

Ainsi, une nouvelle image de marque a été choisie. OverHop deviendra Brassœurs d’ici la fin de l’année, pour célébrer les femmes du monde brassicole artisanal et refléter la langue de leur terre d’accueil.

«Nous voulons laisser tomber OverHop pour enfin devenir qui nous sommes réellement. On souhaite que la brasserie nous représente, qu’elle devienne notre voix véritable.»

Bref, tout changera ou presque. L’image de marque et leur portfolio de bières seront renouvelés, sauf pour leur porte-étendard, la Hazy, une India pale ale du Nord-Est (NEIPA) très populaire.

À cet effet, la première bière de Brassœurs, portant le même nom, a été lancée le 8 mars.

La Hibiscus IPA, un style dont le goût se trouve entre une NEIPA et une IPA de la côte ouest selon elles, est 100% féminine, c’est-à-dire qu’elle a été conçue que par des femmes.

Qui plus est, un festival d’une journée aura lieu le 25 mars prochain dans la brasserie de OverHop Canada pour honorer les femmes du domaine. Bien sûr, quand l’événement a été annoncé, les trolls sont sortis de leur trou noir pour cracher du venin sur l’initiative. Plus ça change…

Les femmes d’affaires persistent et signent.

«Cela a toujours été notre rêve de rassembler les femmes incroyables de l’industrie brassicole pour une journée de fête, et après 3 longues années d’attente, nous y sommes enfin», se réjouit Mme Rios.

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