L’identité de l’Outaouais

POINT DE VUE / A lieu cette semaine la première rencontre de l’Assemblée régionale de l’Outaouais, mise sur pied par la Conférence des préfets de l’Outaouais. Les participants et participantes à cette rencontre se penchent sur le thème de l’identité régionale, alors qu’une démarche de promotion territoriale, portant le titre l’Outaouais se démarque, est en cours.


De façon générale, l’identité est ce qui permet de distinguer un individu, un groupe social ou une entité politique par rapport aux autres personnes ou unités. Le mot «identité» rime avec les mots «unicité» et «particularité». Dans le cas de l’Outaouais, il n’est pas facile de déterminer ce qui distingue fondamentalement cette région du reste du Québec. En fait, ce qui m’intéresse ou me préoccupe le plus, ce n’est pas ce qui distingue actuellement la région de l’Outaouais, mais plutôt ce qui la distinguera dans l’avenir. Car c’est par son leadership affiché et sa solidarité renforcée que l’Outaouais pourra se démarquer, dans le futur, dans l’ensemble du Québec.

Il faut bien le dire, je crois énormément dans le leadership politique et la cohésion sociale de la région de l’Outaouais. Ce sont-là les clés de son affirmation et de sa distinction.

Afin de consolider cette cohésion et d’orienter ce leadership, il y a lieu, me semble-t-il, d’identifier des objectifs ou axes de développement. Parmi ceux-ci, notons les suivants :

  • La francisation. L’Outaouais doit accroître ses efforts en vue de favoriser l’essor de la langue française sur son territoire. Je m’inquiète personnellement de l’anglicisation rapide de la région. Les francophones et francophiles doivent réagir face à cette situation avant qu’il ne soit trop tard.
  • Les femmes en politique. L’Outaouais doit se faire fort de promouvoir la présence des femmes dans le monde politique et leur élection à différents échelons de nos institutions démocratiques. Des séances d’information et de formation doivent être mises sur pied et les groupes qui appuient la venue des femmes dans l’arène politique doivent être formellement et activement encouragés et soutenus.
  • L’autochtonie. Les réalités autochtones constituent la dimension émergente du fédéralisme canadien. Sur le plan identitaire, les Autochtones ont évidemment leur propre personnalité. Rien n’empêche cependant les acteurs et actrices sociaux de l’Outaouais de valoriser la présence des Autochtones dans la région et de revoir – dans un sens qui soit avantageux à ces derniers – les modalités de la cohabitation entre Autochtones et allochtones dans la région.
  • L’immigration. Le visage de l’Outaouais change avec le temps, en raison notamment de l’apport des nouveaux arrivants. En dehors de la région métropolitaine de Montréal, l’Outaouais est la deuxième région choisie le plus fréquemment par les immigrants, après la région de Québec. L’Outaouais fait déjà fort bien les choses en matière d’immigration et, par extension, de diversité culturelle. Mais, la région peut faire encore mieux à l’avenir. Elle doit devenir un modèle en ce qui touche le vivre-ensemble de même que l’attraction, l’intégration et la rétention des immigrants et immigrantes.
  • La proximité d’Ottawa. La position géographique de l’Outaouais, à un pont d’Ottawa, est à la fois un avantage et un inconvénient. C’est un avantage, parce que la structure économique de l’Outaouais est ainsi renforcée, ne serait-ce qu’en raison des nombreux citoyens de l’Outaouais qui ont des postes dans la fonction publique fédérale et de l’important bassin de population qui se trouve dans la région de la capitale nationale. C’est aussi un inconvénient, parce que cela étouffe quelque peu l’identité outaouaise ou, à tout le moins, parce que cela fait de l’Outaouais une région qui est considérée comme étant autonome par les dirigeants politiques du Québec. Peu importe, l’Outaouais doit chercher au maximum à tourner cette situation à son avantage. Entre autres, la région de l’Outaouais doit revenir à la charge avec ses demandes visant à obtenir de justes investissements provinciaux et fédéraux.
  • Les communications. L’identité d’un groupe social ou d’une entité politique – quel qu’il soit – passe entre autres par le regard de l’Autre, c’est-à-dire par le regard extérieur. D’où l’importance pour les intervenants et intervenantes de l’Outaouais d’élaborer une solide et efficace stratégie de communication afin de faire valoir leurs prises de position, leurs initiatives et leurs réalisations sur les questions développées ci-dessus et sur d’autres encore qui sont d’une grande actualité ou d’un grand intérêt.

Lorsque l’on parle de l’Outaouais, on a tendance à vanter les grands espaces verts, l’accès facile à la nature, la beauté des paysages parsemés de collines et de lacs, la qualité de la vie, etc. Mais ce sont surtout des projets ou des idées que l’on devrait promouvoir, comme ceux dont je viens de parler.

Somme toute, l’Outaouais, ce n’est pas qu’un espace ni qu’une population. C’est aussi un lieu d’appartenance, une société d’accueil et, de plus en plus, un creuset de cultures. Bref, c’est une singularité collective, qui ne demande pas mieux que de se développer dans ses caractéristiques propres.

J’en suis convaincu, au-delà de son patrimoine et de son histoire (lesquels ne doivent pas être négligés par ailleurs), c’est par son leadership assumé sur des enjeux actuels et inclusifs que l’Outaouais se différenciera!