Parce qu’ils sont introvertis? Parce qu’ils ont de drôles d’oreilles? Parce que l’acné ne leur donne pas de répit? Non, parce qu’ils sont fonctionnaires provinciaux.
Dans le texte en question, j’expliquais seulement que les individus qui bénéficient d’une sécurité d’emploi, à plus forte raison lorsqu’ils profitent d’un régime de retraite à prestations déterminées, pouvaient se permettre plus de risque avec leur portefeuille de placements. C’est un élément à considérer dans le profil d’investisseur. J’ai identifié les employés de la fonction publique, sans préciser le niveau, comme étant ceux qui incarnaient le mieux cette possibilité.
Eh bien, voilà que j’ai commis un impair, car j’ai perpétué le préjugé du «fonctionnaire gras dur», du «pousseux de crayon» entretenu par le contribuable. Si seulement j’avais présenté ainsi les choses… J’ai eu droit à l’historique des négociations entre l’État et les syndicats, à l’affront de 1982, aux retraites à moitié indexées, aux heures supplémentaires, aux écarts avec les employés municipaux, et encore.
Bien sûr, on me reproche aussi d’avoir poussé le bouchon avec mon titre. Je l’ai joué «limite», j’avoue, je ne m’en suis pas caché. Le texte a bien marché, selon l’écho que j’en ai eu, mais ce n’est rien en comparaison de l’article portant sur le rappel des friteuses à air paru le mois dernier, ou de l’autre plus récent sur la maman de La Baie qui s’est retrouvée finaliste à Miss Canada…
Note à moi-même : «Demander à Miss Canada sa meilleure recette à l’air fryer en temps d’inflation galopante en vue d’une chronique». Avec une belle photo de la madame, pas un cliché du grisâtre Édifice Marie-Guyart comme celui qui illustrait mon texte publié mardi.
Puisqu’on en parle, je suis certain que c’est cette image qui fait remonter toute la souffrance.
Mauvaise cible
Les commentaires les plus percutants se cachent parfois derrière les questions les plus laconiques, tellement que j’ai failli rater le message de Daniel, qui écrit ceci :
«Quand la rente de retraite bétonnée et partiellement indexée et équivalente à 70 % de la moyenne des 5 meilleures années vous attend, pourquoi se fatiguerait-on à ne pas être « Chicken »?»
Daniel, gare à ne pas blesser personne avec vos sous-entendues. On croirait que certaines gens l’ont facile. Et si c’est le cas, ce n’est pas de leur faute…
Notre lecteur ne soulève pas moins un bon point. Pourquoi prendre plus de risque avec ses investissements si le besoin n’est pas là? J’ai pour mon dire que si un rendement de 4 % sur son épargne suffit à atteindre ses objectifs financiers, ça ne vaut pas la peine de rechercher du 8 %.
Cela dit, plus on est en position sécuritaire du côté « professionnel », plus on peut se permettre du risque avec ses placements, c’est l’idée, mais ça n’engage personne. Les gens qui disposent d’importants actifs peuvent en utiliser une partie pour des placements plus audacieux, car des pertes ne compromettront pas leur situation financière. Généralement, c’est comme ça que les personnes riches s’enrichissent davantage.
Je peux comprendre qu’un futur rentier qui a fait son nid dans l’Édifice Marie-Guyart n’est pas dans un tel état d’esprit. Objectivement, il peut oser des placements qu’un autre dans une situation moins confortable ne peut envisager. J’ai axé mon argument sur un portefeuille d’actions et d’obligations, mais ça peut être une participation dans une entreprise privée, celle d’un enfant par exemple. Je lance ça de même.
Si j’avais à formuler une critique de ma chronique précédente, je dirais que j’ai trop insisté sur les épargnants qui peuvent se montrer hardi, et pas assez sur ceux en situation plus précaire qui doivent au contraire faire preuve de prudence. C’est eux, en fin de compte, qui sont les plus susceptibles de retrouver le bec à l’eau.
On imagine sans peine un fonctionnaire jouer pépère avec ses placements, c’est cohérent. Le contraire l’est aussi, et c’est là que se trouve le véritable danger. Des gens dont la sécurité financière n’est pas garantie empruntent souvent des raccourcis. À défaut d’avoir un régime de retraite ou de l’épargne suffisante, ils peuvent miser le peu qu’ils ont sur des paris risqués et, dans la panique, laisser des plumes.
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Les logiciels d’impôt
Rien à voir avec ce qui précède, sinon que je réponds à la question d’un lecteur, René, qui prépare sa déclaration de revenus et celle de sa blonde. C’est la saison.
Il observe une différence dans sa 4 700 $ en remboursement d’impôt combiné, selon qu’il fait une déclaration commune ou deux séparément.
«Je ne comprends pas pourquoi, ai-je oublié un concept évident de la fiscalité?»
Le comptable Simon Elliott a repris les chiffres de René.
«Il est possible qu’en retirant le revenu de l’autre conjoint dans le logiciel, celui-ci ait tenu pour acquis que l’autre conjoint avait un revenu nul, devenant ainsi une personne à charge pour le conjoint qui a des revenus.»
«J’ai l’impression que l’écart important s’explique par une mauvaise manipulation du logiciel.»
Bisous à ma comptable! Les papiers s’en viennent!