Deux de ces individus ont été extirpés des décombres dans les heures suivant l’incident. Ils ont été transportés à l’hôpital avec des blessures graves, mais leur état de santé serait stable, selon la dernière mise à jour des services d’urgence.

«Vers 7h19, on a localisé et sauvé un individu de la pile de débris. Nous venons tout juste d’extirper un deuxième individu qui était bloqué. Nous avons évacué toutes les maisons occupées du secteur et avons effectué plusieurs recherches dans le quartier», a indiqué  en avant-midi le chef adjoint aux opérations du Service des incendies d’Ottawa, Dave Matschke.

Les deux personnes qui ont été grièvement blessées se trouvaient dans deux endroits différents lorsqu’elles ont été rescapées par les autorités. 

«L’un des individus qu’on a sauvés était en dessous des débris. L’une de nos premières équipes sur les lieux a coupé à travers les débris avec des tronçonneuses pour le faire sortir. Le deuxième individu était à l’intérieur d’une maison [inhabitée] lorsqu’elle s’est effondrée, au moment de l’explosion. Nos équipes ont fait un bon travail. Elles l’ont stabilisé et sont allées chercher la personne de manière sécuritaire», a raconté le porte-parole du Service des incendies d’Ottawa, Nicolas DeFazio.

Quatre autres patients ont été conduits à l’hôpital, dont deux enfants et deux adultes, pour des blessures mineures et six autres ont été évalués sur les lieux par le Service des paramédics d’Ottawa.

Lors d’une première conférence de presse, lundi matin, les autorités ont indiqué que plusieurs appels ont été reçus concernant une explosion, dans le secteur de la rue Tenth Line et de la place Shallow Pond, peu avant 6h20. 

Quatre maisons en construction, situées sur la terrasse Blossom Pass, ont été détruites.

«Un tremblement de terre»

Vitres fracassées, portes endommagées et débris au sol, plusieurs maisons ont été touchées en raison de la déflagration, même à quelques rues des lieux où l’explosion est survenue.

Un résident du croissant Mudminnow a raconté qu’il avait passé la nuit à étudier dans son sous-sol lorsqu’il a entendu un bruit et a senti toute la maison secouer. 

«Je ne sais pas ce qui se passait, donc j’ai couru en haut pour voir si ma famille était en sécurité. J’ai vu que la porte d’entrée était ouverte. Je suis sorti et j’ai vu de la fumée partout dans le ciel, on ne voyait rien. Et tout le monde de l’autre côté de la rue a commencé à crier», a expliqué Amjad. 

Mathieu Goulet et Kevin Souliere, qui habitent la même résidence, ont eu peur.. 

«J’étais dans la chambre avec ma femme et il y a eu un gros “boum”. On pensait que c’était une tornade et on a entendu les alarmes de la maison sonner. M. Soulière est sorti et il m’a dit “prends ton chat, prends ton chien et on va les mettre dans le sous-sol!”». 

«Ça devrait être interdit de vivre sur un chantier», a-t-il ajouté.

«On a entendu l’explosion et la maison a juste tremblé, a témoigné de son côté Mayank Sharma. On était tous dans notre lit, on s’est levés et on pensait que c’était un tremblement de terre.»

Maxence Pepin vit directement derrière l’une des maisons qui ont été détruites. Elle a emménagé dans son jumelé fraîchement construit il y a à peine une semaine. «On s’est fait réveiller par les fenêtres qui nous ont éclaté au visage et la fumée qui se propageait partout. On est sorti pieds nus», a raconté la jeune femme de 23 ans.

Elle partage un jumelé avec deux autres personnes et sa sœur occupe le logement adjacent avec ses deux filles jumelles âgées de deux ans. Le groupe s’est rendu rapidement chez les parents des Pepin qui vivent à proximité.

En revenant chez elle dimanche soir, Maxence Pepin avait remarqué qu’une odeur de gaz flottait dans sa maison. «J’ai fait un commentaire comme quoi ça sentait bizarre. On vit sur un chantier de construction et je ne connais pas trop ça alors je me suis dit que c’était normal. [...] Mais ça devrait être interdit qu'on emménage sur un chantier de construction tant qu’il n'est pas terminé.»

«Nos pensées sont avec les familles»

La conseillère du secteur d’Orléans-Sud-Navan, Catherine Kitts, était de passage sur les lieux et s’est adressée aux médias en matinée.

«Nos pensées sont avec les familles qui ont été relocalisées et ceux qui ont été blessés. Je sais que les familles sont entre de bonnes mains. Nous avons l’Armée du Salut et la Croix-Rouge qui sont en route pour leur venir en aide.» 

Enquête

L’enquête a été transférée au Bureau du commissaire des incendies de l’Ontario. 

Le directeur des opérations pour la région de l’est de l’Ontario chez Enbridge Gaz et directeur général de Gazifère, Jean-Benoît Trahan, a assuré qu’aucune odeur de gaz ou signalement particulier n’a été portée à l'attention d'Enbridge Gaz dans le secteur touché au cours des dernières semaines. «On ne peut pas faire de lien direct avec le gaz naturel à ce stade-ci. Il y a plusieurs possibilités. Oui, il y a le gaz naturel, mais il y a d’autres raisons qui peuvent expliquer cette explosion-là. [...] Ce n’est pas le genre de chose qui arrive très régulièrement. C’est quelque chose de très exceptionnel. On verra ce que l’enquête révélera.» 

Les équipes d’Enbridge ont été dépêchées sur les lieux afin de réparer certains équipements qui ont été endommagés lors de l’explosion, a indiqué M. Trahan, mais également pour collaborer avec les autorités sur place. «Dépendamment des résultats qui sortiront de cette enquête, si jamais le gaz naturel est impliqué d’une quelconque manière, nous allons vérifier, évaluer et voir s’il y a des procédures additionnelles pour sécuriser davantage l’utilisation du gaz naturel.» 

Gazifère, a aussi assuré être disponible pour offrir du soutien aux équipes d’Enbridge, mais ce besoin ne s’était pas encore manifesté.

Aide ou répit au bureau de Minto Communities

Par courriel, le promoteur immobilier du secteur touché par l’explosion a soutienu que des membres de son équipe étaient sur place pour répondre aux besoins des citoyens touchés et a ouvert les portes de ses maisons modèles afin d’offrir un endroit pour que les résidents évacués puissent rester au chaud. «Nous travaillons avec les autorités pour identifier la cause de l'explosion et coopérons pleinement à l'enquête», a soutenu Brent Strachan, président de Minto Communities Canada.

Le Droit s'est rendu au bureau de Minto Communities situé au 2370 rue Tenth Line. Une dizaine de résidents étaient sur place avec quelques employés de la Croix-Rouge.

Une certaine inquiétude se faisait sentir chez les personnes touchées. «J'aimerais avoir des réponses», a dit Jean-Sébastien.

De son côté, Melinda ne savait pas si elle pourrait retrouver sa maison pour la nuit, car l’accès à sa propriété était bloqué en après-midi. «Les fenêtres sont complètement brisées. Je croyais qu’un avion allait s'effondrer sur notre maison. C'était le chaos.»

Jiao Li devra passer la nuit à l'hôtel. Elle ne savait pas quand elle pourra retrouver sa maison. «Je ne sais pas ce qui se passe. Nous ne recevons pas de nouvelles. Évidemment, je souhaite retourner chez moi, mais la sécurité des gens est la chose la plus importante.»

L'heure est aux réparations

En soirée, alors que le pâté de maisons affecté par la déflagration était plongé dans le noir, sans électricité, l’heure était aux réparations pour plusieurs maisons du secteur. 

Les fenêtres et les portes de plusieurs résidences faisant face au chantier, de l’autre côté de la rue Tenth Line, étaient placardées. 

La résidence de Pat Cullen, un résident du croissant Mudminnow depuis trois ans, a subi des dommages à sa porte d’entrée, de même qu’à sa porte de garage et à certaines fenêtres. Il a aussi constaté des fissures sur certains murs à l’intérieur de sa maison. «C’était comme si une bombe était tombée au sol. On va devoir faire des réclamations aux assurances.» 

Les autorités ont rouvert la rue Tenth Line dans les deux directions vers 20h, lundi soir.