Après deux ans à fouler les planches québécoises – dont le Bordel – Rachelle Elie dit maintenant bien comprendre la «machine de l’humour» au Québec. Mais c’est d’abord en allant voir les spectacles de Katherine Levac, François Bellefeuille et Mike Ward à la salle Odyssée à Gatineau qu’elle a réalisé que ces artistes étaient de véritable «rock stars».
«J’ai vu qu’il y avait 900 personnes qui ont payé pour voir des humoristes francophones du Canada et pour moi c’était choquant, lance-t-elle. Dans une carrière en anglais, tu peux créer un show qui est incroyable, mais le vendre au Canada, ce n’est pas si facile. J’ai réalisé qu’au Canada si tu es francophone tu peux faire une tournée. Il y a des théâtres partout au Québec et tu peux faire de l’argent, avoir un salaire.»
Bien qu’un charmant accent anglais se fait entendre, Rachelle Elie maîtrise le français depuis son enfance. Fille d’une mère américaine et d’un père haïtien, l’humoriste avoue avoir toujours été «obsédée» par la langue de Molière.
Son identité complète
En présentant son matériel humoristique en français, Rachelle Elie a enfin l’impression d’avoir trouvé son identité complète. Devant un public francophone qui apprécie et consomme l’humour, elle se sent réellement à sa place. Elle a d’ailleurs été l’une des artistes cumulant le plus de temps de scène dans la programmation 2022 du Zoofest et a participé à son premier Gala Juste pour rire l’été dernier avec Phil Roy et Roxane Bruneau.
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«C’est comme si j’arrivais chez-moi. J’ai finalement une carrière.[…] Je pense que le travail d’humoriste est de trouver ta voie et d’être dans une position où tout ce que tu dis est drôle.»
Avec le Cabaret Rachelle, un spectacle burlesque où règne la musique, la magie et les drags, Rachelle Elie espère aller aux quatre coins du Québec. «J’ai commencé ce show quand j’avais 26 ans à Toronto et je voulais être un clown.»
Beaucoup d’histoires à raconter
Et après cinq one-woman shows en anglais, l’artiste, qui affirme avoir beaucoup d’histoires à raconter, prépare un prochain spectacle en français dans lequel elle parlera de son mari gynécologue, ses deux adolescents et la sexualité, tout en gardant l’essence du cabaret.
«J’ai l’idée de peut-être incorporer le cabaret dans mon show pour que ce ne soit pas traditionnel. J’aime les choses qui sont hors de l’ordinaire.»
Mais la «fière représentante de la génération X» continue de faire rire en anglais, comme au cabaret Yuk Yuks à Carleton où elle est à l’affiche le 4 février. Si son approche de travail et sa présence scénique ne nécessitent pas tellement d’adaptations pour ses différents publics, la différence réside surtout dans l’offre de spectacles d’humour qui existent au même moment, particulièrement dans la métropole québécoise. «C’est comme New York», dit-elle.
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«Je pense toujours en anglais, mais quand je connecte avec le public francophone je dois penser que c’est un francophone qui écoute un anglophone expliquer un concept. Je pense que mon travail est bilingue. […] Au début, je rodais mes blagues en anglais et je savais qu’elles étaient drôles donc j’étais à l’aise de les traduire en français. Je dois me souvenir que le public est anglophone, qu’il ne rira pas aussi fort. Je dois me préparer à la réaction, il ne va pas réagir aussi fortement.»
Le Cabaret Rachelle sera au Pub L’île Noire à Montréal le 28 février et le 28 mars. Rachelle Elie sera aussi l’animatrice des Mercredis de l’humour au Mardi Gras à Gatineau pendant tout le mois d’avril.