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Récolter de l’argent frais en remboursant son RAP

CHRONIQUE / Plongeons dans la boîte de courriels, là où s’expriment parfois votre mauvaise humeur et plus souvent vos perspicaces questions.


Commençons par le régime d’accession à la copropriété (RAP). Un lecteur se demande s’il existe «d’autres stratégies payantes» de s’acquitter du RAP. C’est qu’il en avait déjà une en tête qui vaut la peine d’être partagée : si vous avez retiré l’argent d’un REER ordinaire par l’intermédiaire du RAP, vous pouvez le rembourser dans un REER de fonds de travailleurs pour récolter le crédit d’impôt de 30 %.

Rappelons le fonctionnement. On peut retirer de son REER jusqu’à 35 000 $ par personne (70 000 $ pour un couple) sans impôt à payer pour l’achat d’une première maison. Ensuite, on doit rembourser la somme sur 15 ans, au rythme d’un quinzième par année.

Si l’argent a été puisé dans un REER ordinaire, il peut être remboursé dans le Fonds de solidarité de la FTQ ou dans Fondaction de la CSN. Même s’il ne s’agit pas d’une nouvelle contribution REER, cette approche permet d’aller récupérer les crédits d’impôt auxquels donnent droit des participations aux fonds en question.

Si le retrait a été réalisé à partir des fonds de travailleurs, vous comprendrez que le remboursement du RAP ne procure pas de nouveaux crédits puisque l’épargnant s’en est déjà prévalu au moment de contribuer à son REER. D’ailleurs, dans ce cas, il n’a pas le choix de remettre les sommes là où il les a prises, sinon il devra retourner les 30 % des crédits d’impôt reçus lors de la cotisation.

Notez qu’on ne peut pas verser plus de 5000 $ par année à un REER de fonds de travailleurs. Aussi, sachez que le Fonds de solidarité n’est plus accessible que par des prélèvements sur la paie.

Maintenant, y a-t-il d’autres «stratégies payantes»? Pas à ma connaissance. Cependant, il y a deux ou trois choses à savoir concernant le remboursement du RAP.

D’abord, c’est désavantageux de vous dépêcher à régler cette dette envers vous-même (sans intérêts). Supposons que pour satisfaire votre obligation à l’égard du RAP, vous deviez remettre 2000 $ par année dans votre REER, durant 15 ans. À quoi servirait de doubler le montant une année, par exemple, pour écourter l’échéance? À rien, sinon à ignorer des options plus rentables.

Vous feriez mieux d’utiliser l’excédent pour effectuer une nouvelle cotisation REER qui donne droit à une déduction d’impôt, et si vous l’avez déjà rempli au maximum, investissez plutôt dans le CELI ou le REEE des enfants. Le CELI est un abri fiscal plus efficace que le REER tandis que le REEE procure des subventions de 30 % à la clé (il n’est pas prêt d’être aboli quoique j’en dise, alors ne vous fâchez pas).

Bref, ça ne sert à rien de presser le pas, sauf peut-être dans ces deux situations : 1- Si le CELI, le REER et les REEE sont pleins; 2- Si on désire recourir au RAP une deuxième fois à la suite d’une séparation (pour «raper» une seconde fois, ce qui est possible 90 jours après une rupture, le solde du RAP précédent doit être à zéro).

Qu’y a-t-il d’autre à dire là-dessus? Si une année, vous ne versez pas votre tranche de 1/15 dans votre REER, vous serez imposé sur le montant, par-dessus vos autres revenus. Ce n’est pas un péché de sauter un remboursement lors d’une année de vaches maigres, donc de faible imposition. Ce pourrait même être une bonne idée.

De l’argent gratis, encore

Je vous en avais glissé un mot avant les fêtes, la plateforme «Mon dossier» de l’Agence du revenu du Canada permet de vérifier si des chèques du gouvernent qui vont ont été émis n’ont pas été encaissés. Aux dernières nouvelles, il y en avait pour plus de 1 milliard $.

Je vous en reparle, car un comptable de mon réseau m’a communiqué la semaine dernière les résultats de sa partie pêche dans les dossiers de ses quelque 4000 clients (oui, une grosse affaire).

Éric Brazeau, c’est son nom, a ramené à la surface pour 43 500 $ de chèques qui dormaient dans les bas-fonds, dont 20 500 $ en crédits TPS et 16 500 $ en remboursements d’impôt. L’émission des paiements s’échelonne de 1998 à 2022. Autre donnée intéressante, à eux seuls, deux clients avaient accumulé 38 chèques non encaissés.

Si ce n’est pas déjà fait, jetez donc votre ligne à l’eau.

Retraite : où se classe le Canada?

Récemment, je vous mettais en garde, le système français des retraites et la situation qui prévaut ici sont incomparables. Le lecteur Pierre a réagi par cette requête :

«On m’a laissé entendre que le régime de retraite public des États-Unis est plus généreux que celui du Canada, est-ce la réalité? Pourriez-vous faire un comparatif des

pays industrialisés au niveau du régime de retraite public de base reposant sur la parité du pouvoir d’achat?»

Pierre, combien de fois par semaine voulez-vous être diverti par cette chronique?

Heureusement, comme la vie fait parfois bien les choses, un rapport a récemment été publié à ce sujet, ce qui m’évite de m’absenter pour mener moi-même cette enquête. La firme Mercer a produit une étude dans laquelle sont classés les régimes de retraite publics de plus d’une quarantaine de pays avancés, classement fondé sur la générosité, la solidité et l’intégrité des systèmes de retraite.

En général, le Canada décroche la note B, ce qui lui assure la 13e place sur 44, devant la France (22e), pénalisée par la faible viabilité de son système. Sur le plan de la générosité, le régime canadien se compare à celui des États-Unis (B dans les deux cas).

Voici le lien vers l’étude en question. Amusez-vous.