La Maison Wright-Scott de la CCN: «Qu’est-ce qui fera l’affaire du roi d’Angleterre?»

La Maison Wright-Scott est située sur le chemin Alexandre-Taché, à Gatineau.

La Société d’histoire de l’Outaouais (SHO) et l’Association du patrimoine du ruisseau de la Brasserie s’adressent directement aux dirigeants de la Commission de la capitale nationale (CCN) et à son conseil d’administration pour demander à ce que la Maison Wright-Scott, sur le chemin Alexandre-Taché, à Gatineau, ouvre enfin ses portes au grand public en accueillant le Musée régional de l’Outaouais (MRO).


Le Droit a révélé, la semaine dernière, que le MRO était en négociation avec la CCN depuis plusieurs mois afin de pouvoir occuper la maison construite pour le petit fils du fondateur de Hull, Philemon Wright, en 1874, sur le chemin Alexandre-Taché. L’immeuble et les terrains qui l’entourent sont cités patrimoniaux depuis 1979. La CCN en est propriétaire depuis 2006. La résidence patrimoniale est demeurée essentiellement inoccupée depuis ce temps. 

Le MRO souhaiterait occuper l’espace pendant quelques années, en période estivale afin de mettre en valeur et interpréter ces lieux historiques qui sont toujours demeurés inaccessibles pour la population. Cela permettait aussi au musée régional naissant de se faire connaître et de remplir une des conditions dictées par le gouvernement du Québec pour obtenir un jour les subventions qui lui permettront de s’établir dans une infrastructure muséale dédiée, au centre-ville de Gatineau. 

«Nous vivons dans le quartier de cette propriété exceptionnelle à l’allure déserte, nous nettoyons les rives du ruisseau de la Brasserie qui la borde et nous plantons des arbres pour régénérer le couvert végétal, écrivent les deux organisations aux dirigeants de la CCN dans une lettre dont Le Droit a obtenu copie. Nous attendons avec impatience qu’un projet compatible avec le statut de site historique classé se matérialise enfin et nous sommes enthousiasmés par le projet du MRO. L’attitude de la CCN face à d’éventuels locataires a malheureusement oscillé dans le passé entre les exigences d’une pure transaction immobilière et des conditions d’occupation impossible à rencontrer.»

La présidente de l’Association du patrimoine du ruisseau de la Brasserie, Marie-Jeanne Musiol, ne cache pas craindre de voir se répéter l’expérience vécue par les promoteurs du projet de l’Auberge internationale en 2020. Une coopérative de solidarité était alors très avancée dans son projet d’ouvrir dans cette maison une auberge à l’intention des voyageurs, mais des exigences de la CCN ont rendu le projet impossible. 

«Là, on parle d’un projet de musée, lance-t-elle. Je ne vois pas comment la CCN pourrait trouver un projet plus approprié que celui d’un musée qui cherche à mettre en valeur et interpréter cet immeuble. Je comprends les exigences de rentabilité de la CCN, mais ça fait 16 ans que cette maison est inutilisée. On y a dépensé beaucoup d’argent pour refaire la toiture. Il y a encore des travaux de restauration en cours. Mais qu’est-ce qu’on fait? On restaure pour restaurer?» 

Beaucoup de questions devront être posées si la CCN n’arrive pas à offrir des conditions acceptables pour permettre au MRO de s’installer dans la Maison Wright-Scott, croit Mme Musiol. «Ce sera à se demander qu’est-ce qui pourrait bien faire l’affaire du roi d’Angleterre», lance-t-elle en faisant référence à la société de la Couronne fédérale. 

La CCN se dit «ouverte»

Dans une réponse écrite, la porte-parole de la CCN, Valérie Dufour, a précisé que la Maison Wright-Scott fait actuellement l’objet de travaux de restauration devant permettre de la préserver pour les générations futures. De fait, des travaux qui doivent s’achever le printemps prochain auront permis de restaurer les fenêtres et les portes extérieures, de réparer la toiture et la structure au sous-sol, d’améliorer la gestion des eaux de pluie et d’ajouter une rampe à l’entrée ouest pour en faire une entrée accessible. «Pour ce qui est des négociations, la CCN est ouverte à collaborer avec le MRO et nous poursuivons les discussions», a ajouté Mme Dufour.