Cédrika: le legs autobiographique d’un grand-père

Rencontré chez lui, Henri Provencher a livré au <em>Nouvelliste</em> ce qui l’a poussé à écrire son récit de vie et ses réflexions pouvant prévenir les disparitions d’enfants.

Henri Provencher, le grand-père paternel de la petite Cédrika dont personne n’ignore le destin tragique, publiera un ouvrage autobiographique en deux volumes d’ici quelques mois, au printemps 2023. La ligne de vie, c’est un récit de vie, des mémoires qui expliquent la détermination du papi à faire œuvre utile, tant lors des recherches pour retrouver sa petite-fille victime d’un enlèvement que dans la mise sur pied de la fondation Cédrika pour prévenir les disparitions et améliorer les chances de retrouver un enfant disparu.


«On peut me traiter de fou, on peut dire, il est “stallé” sur ça, mais ça ne me dérange pas pantoute. Je fais tout pour que ça se réalise, pas pour moi, mais pour empêcher que ça arrive à d’autres enfants», explique Henri Provencher. Dès son plus jeune âge, on le lui a appris: «Si tu veux que les choses changent, n’attends pas que les autres le fassent. Fais-le, toi!»

La ligne de vie, le titre de l’œuvre, consigne les réflexions d’Henri Provencher «à l’automne de sa vie», comme le dit lui-même celui qui soufflera bientôt 77 chandelles. Et plus on y pense, plus on peut faire des liens entre des événements lointains et notre façon, des années plus tard, de réagir aux situations de la vie indique le fervent croyant qui ne cache pas la foi qui l’anime, au fil des pages.

Le premier volume, en quatre chapitres, revient d’abord sur l’enfance et la jeunesse d’Henri qui ont forgé ses valeurs, pour ensuite nous conduire sur la vie de Cédrika, son enfance, son enlèvement et tout ce qui a entouré les recherches pour la retrouver. Au troisième chapitre, on en vient aux motivations du grand-père pour la constitution de la fondation et enfin, à ses réflexions personnelles qui relient tous ces événements.

«J’ai toujours trouvé qu’il y avait une espèce de tracé... Est-ce que c’est déjà tracé ou si c’est nous autres qui le traçons? Mais tout s’enchaîne» dit-il. Celui qui a toujours aimé écrire, qui tenait déjà un journal à l’âge de 10 ans et qui mijote de publier quelque chose depuis une vingtaine d’années, s’est mis à la tâche il y a trois ans.

«Je me suis concentré sur quelque chose de précis: qu’est-ce qui m’a amené à agir de telle façon durant les recherches, et jusqu’à [la mise sur pied de] la fondation. Qu’est-ce qui me pousse à faire cette fondation, comment je me suis rendu là et pourquoi je m’y suis rendu», expose-t-il.

À travers la Fondation Cédrika Provencher, le grand-père a fait de la prévention et des recherches d’enfants disparus son cheval de bataille. Son expérience a eu pour effet de faire germer des tas d’idées visant à éviter à d’autres le drame que lui et sa famille ont vécu. Mais avec son peu de ressources, tous ces projets s’avèrent difficiles à réaliser.

Ainsi, le deuxième tome de sa publication est une façon pour lui de semer des idées qui pourront être réalisées par d’autres: «Je laisse aller ça après. Je souhaite de tout cœur et j’ai grand espoir que quelqu’un va dire: crime, ça a bien de l’allure cette affaire-là, moi je le fais!» L’objectif ultime de sa démarche, outre sa volonté de raconter son histoire pour laisser son témoignage comme un legs, c’est de dénicher des gens qui vont vouloir, eux aussi, faire une différence.

«Des fois je dis à Cédrika: lâche-moi! Sérieusement, moi je me sens poussé dans le derrière par cette enfant-là. C’est pour ça que le deuxième tome c’est: L’âme d’une enfant en action», raconte le grand-père, au sujet du sous-titre donné à cette partie de l’ouvrage.

Malgré tout, et même si après la parution de ces deux livres il restera encore un chapitre à écrire puisque le ou les ravisseurs de Cédrika Provencher courent toujours, il n’a aucun regret concernant son engagement de tous les instants pour les enfants disparus, dont sa petite-fille: «Ce n’est plus de mon ressort, dit-il, moi, c’est la petite que je cherchais», conclut Henri Provecher.

Une édition limitée

À la maison d’édition Enoya, l’éditrice d’Henri Provencher, Gwen Bobée, confirme que le contenu du livre encore à paraître ne pointe personne du doigt, que ce soit pour les crimes commis ou le travail d’enquête: «Je n’aurais pas aimé publier un livre accusateur; en fait, je ne l’aurais pas édité», affirme-t-elle.

Bien qu’elle estime que La ligne de vie est en quelque sorte l’histoire d’une vie brisée et d’une cause qui a donné une raison de vivre à son auteur, Gwen Bobée et Henri Provencher n’ont, ni l’un ni l’autre, voulu surexposer le drame: «Ça vient nous chercher, mais ce n’est pas un livre où on pleure, c’est un livre où on est touchés», dit-elle, vantant la plume vivante de l’auteur.

À travers les questionnements de son propre fils, sensiblement du même âge que Cédrika au moment de son enlèvement, Gwen Bobée avait baigné dans cette histoire de disparition durant les longues années où tout le Québec l’a suivie. Ainsi, une seule rencontre provoquée par une connaissance commune a eu tôt fait de la convaincre: «C’est devenu très évident que j’allais éditer son livre», dit-elle. «La connexion s’est faite immédiatement. Le sujet m’interpellait, mais M. Provencher, je l’ai trouvé très sympathique et j’avais comme un respect pour lui d’emblée.»

Ligne de vie sera publiée en édition limitée, selon le volume d’ouvrages précommandés. Le coût du livre est 35 $ par tome ou 60 $ pour les 2 tomes (rabais de 10 $). Les prix incluent les taxes.

La façon de se procurer le livre est d’écrire un courriel à la maison d’édition gwenbobee1974@gmail.com (pour précommander).

Il est possible de se rendre sur le site web de la maison d'édition.