Mollo sur les parfums à Gatineau

La Ville de Gatineau pourrait devenir l’une des premières municipalités de la province à se donner des balises pour mieux protéger les gens affectés par les odeurs de parfum.

La Ville de Gatineau pourrait devenir l’une des premières municipalités de la province, en février, à se donner des balises pour mieux protéger les gens pour qui les odeurs de parfum riment avec maux de tête, nausées, étourdissements, fatigue et parfois même avec de l’anxiété généralisée.


Non, il n’est pas question de mettre en place une «police du parfum» qui sillonnera les édifices municipaux ni d’imposer un milieu de travail sans parfum aux employés qui ont un faible pour les eaux de Cologne et les chandelles à la lavande. La Ville sera plutôt invitée par sa commission Gatineau, ville en santé à intégrer des gestes de prévention et de sensibilisation.

«On va faire nos recommandations lors du prochain conseil, fait savoir le président de la commission, Louis Sabourin. Gatineau deviendrait un leader dans ce dossier. On s’est penché sur différentes actions qu’on pourrait mettre en place. Il y a des gens qui souffrent vraiment. C’est un mal qui n’est pas très connu, mais qui est bien réel pour certaines personnes. On souhaite prendre les devants et faire quelques actions.»

Louis Sabourin, président de la commission Gatineau, ville en santé.

À la base, c’est une demande citoyenne datant de 2018 qui mené à la réflexion sur l’utilisation des parfums à la Ville de Gatineau. La commission Gatineau, ville en santé a alors demandé à la Direction de la santé publique de présenter l’avis rédigé sur la question par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La commission a été saisie des résultats sommaires de l’avis sur le «syndrome de sensibilité chimique multiple» à la fin du mois de septembre dernier. Une analyse exhaustive de plus de 4000 articles de la littérature scientifique a été réalisée par l’INSPQ.

«Les personnes atteintes de ce syndrome perçoivent les odeurs comme une menace à leur santé et la détection de celles-ci provoque chez elles des symptômes de stress aigu qui se manifestent par des malaises qu’elles attribuent aux odeurs, précise l’avis scientifique. Cette cascade de réactions provoque et maintient des altérations biologiques du fonctionnement normal de l’organisme dans les systèmes immunitaires, endocriniens et nerveux.» Il s’agit, d’après la science, d’un véritable enjeu de santé.

La commission Gatineau, ville en santé recommandera donc au conseil municipal, le 14 février prochain, de revoir les critères et les exigences de la Ville en lien avec l’achat de produits ménagers sans parfum et sans fragrance. Il sera aussi proposé d’évaluer la mise en place d’une directive interne visant à sensibiliser les employés municipaux qui travaillent directement auprès des citoyens des effets des odeurs de parfum ou de produits parfumés sur la santé de certains et d’analyser la pertinence d’installer des affiches de sensibilisation dans les infrastructures publiques de la Ville et des partenaires intéressés à participer. La Ville demanderait aussi au ministère de la Santé et des Services sociaux d’évaluer la possibilité de soutenir la mise ne place d’une clinique de médecine de travail et de l’environnement en Outaouais, semblable à celle du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM).

«On a vérifié d’abord avec l’administration les gestes qu’on pourrait faire, précise M. Sabourin. On a tenu compte des coûts, des employés et des enjeux syndicaux. On a vraiment aimé l’ouverture de l’administration à vouloir faire des pas en avant dans ce dossier pour améliorer la qualité de vie de gens qui souffrent.»