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C’est en 1848 que M^gr Joseph-Bruno Guigues fonde un modeste collège à Bytown. Cette maison d’enseignement allait devenir, au fil du temps, la grande université que l’on connaît aujourd’hui. Nous vous présentons ici le premier volet de l’histoire de la plus ancienne université de la région et de la plus importante université francophone-anglophone au monde.

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En 1848, la ville de Bytown ne compte que 7000 habitants. C’est une agglomération centrée sur le commerce du bois qui emploie quantité de Canadiens français et d’Irlandais, la majorité d’entre eux étant catholiques.

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Malgré cette faible population, le premier évêque catholique du diocèse de Bytown, M^gr Joseph-Bruno Guigues, fonde un premier établissement d’enseignement pour garçons, le Collège de Bytown. Le prélat en confie la direction aux Oblats de Marie-Immaculée, une communauté religieuse de missionnaires venue du sud de la France.

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Au début, le Collège de Bytown, aussi appelé le Collège Saint-Joseph, compte moins d’une dizaine de professeurs et quelque 85 jeunes des niveaux primaire et secondaire. Le programme d’études ressemble beaucoup à celui des collèges classiques de l’époque avec, entre autres, ses cours de grec, de latin, de français, d’anglais et de religion.

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Les Oblats enseignent également la lecture, l’écriture, l’arithmétique, la géographie et le dessin. Cependant, le Collège de Bytown se distingue de tous les autres par son bilinguisme. Ainsi, l’enseignement se fait en français le matin et en anglais l’après-midi, de sorte que les élèves deviennent parfaitement bilingues.

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M^gr Guigues croit fermement à un rapprochement entre les deux cultures. De fait, l’évêque rêve de réconcilier les catholiques francophones et anglophones en leur imposant, pendant leur formation, non seulement de cohabiter, mais de travailler ensemble dans la même salle de classe, tantôt dans une langue, tantôt dans l’autre.

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Deux déménagements

Le premier Collège de Bytown s’installe d’abord dans une petite construction en bois à l’ombre de la cathédrale Notre-Dame, sur la rue Guigues. Ce modeste édifice devient rapidement trop exigu et on emménage, en 1852, dans un bâtiment en pierre beaucoup plus grand, situé à l’angle des rues Guigues et Sussex. Cet immeuble, longtemps connu sous le nom d’Académie-De-La-Salle, existe toujours.

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Quant au premier collège, il est démoli vers 1854 et il ne reste plus que les clés conservées dans les archives de l’Université d’Ottawa. Une plaque, apposée par les Anciens en 1948 pour souligner le 100^e anniversaire de fondation de l’Université d’Ottawa, rappelle toutefois le lieu exact du premier bâtiment.

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Bien que la deuxième construction se révèle plus imposante que la première, le Collège se trouve de nouveau à l’étroit dès 1855. L’institution compte maintenant une dizaine de professeurs oblats et 136 élèves, dont la majorité n’a même pas 15 ans. Par exemple, Thomas Foran, d’Aylmer, qui recevra le premier baccalauréat en 1872, y arrive à l’âge de neuf ans, ce qui fait de lui le plus jeune élève de l’établissement.

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M^gr Guigues décide alors d’utiliser les six lots de la rue Wilbrod, aujourd’hui la rue Séraphin-Marion, donnés par le notaire Louis-Théodore Besserer, en 1846, pour établir un collège. L’homme d’affaires compte parmi les importants propriétaires terriens de la ville. En 1828, son domaine occupe une grande partie de la Côte-de-Sable d’aujourd’hui. Une rue et un parc de ce quartier rappellent son nom.

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Le nouveau bâtiment en pierre de la Côte-de-Sable accueille ses premiers élèves en 1856, soit l’année où les Oblats acquirent officiellement la maison d’enseignement. Ils la garderont jusqu’en 1965.

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Le Collège de Bytown est alors dirigé par le père Joseph-Henri Tabaret, considéré comme le véritable bâtisseur de l’Université d’Ottawa. Le père Tabaret s’avère pendant une trentaine d’années, entre 1853 et 1886, l’âme et le coeur de l’institution. Depuis 1971, le pavillon central de l’Université d’Ottawa porte son nom.

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Le Collège d’Ottawa

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En 1861, le Collège de Bytown devient le Collège d’Ottawa, du nom que la ville a pris six ans plus tôt. Malgré ce changement de nom, le programme d’études demeure le même, mais les premières manifestations de vie culturelle s’organisent. Ainsi, en 1858, on crée une chorale et, en 1865, le père Prosper Chaborel fonde une fanfare. Il faut dire que la musique occupe depuis fort longtemps une place importante au sein de l’institution.

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En somme, les débuts de l’établissement sont très modestes et l’on ne peut pas encore parler d’université. Cela dit, les choses vont changer rapidement en 1866, lorsque le Collège d’Ottawa reçoit une charte royale universitaire, la dernière avant la Confédération. Nous y reviendrons.

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Source: Michel Prévost, L’Université d’Ottawa depuis 1848 / The University of Ottawa since 1848, Ottawa, Université d’Ottawa, 2008, 160 pages

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Michel Prévost est une riche ressource pour toute personne s'intéressant à l'histoire régionale (Gatineau, Ottawa, Est Ontarien, Outaouais) et à l'histoire des Franco-Ontariens. Il s’intéresse depuis plus de 40 ans au patrimoine archivistique, historique et bâti de l’Université d’Ottawa.

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