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Je ne sais plus trop où sont les contours de cette catégorie fourre-tout. De qui parle-t-on précisément? Ici, des parents qui déclarent des revenus combinés entre 45 000 $ et 65 000 $? Si vous vous reconnaissez, alors voilà le conseil : cotisez au REER! Vous allez récupérer la quasi-totalité de votre contribution en remboursement d’impôt, en crédits divers et en allocations familiales. Dans certains cas, les sommes que vous recevrez en retour peuvent dépasser le montant de la cotisation.

Insensé? C’est difficile à croire, mais c’est comme ça. Explications.

Connaître les TEMI

Je vous ai avertis que j’allais vous casser les pieds avec ça : les taux effectifs marginaux d’imposition (TEMI). Le concept tient compte de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales, mais aussi des pertes en provenance des programmes dits «sociofiscaux». Sociofiscaux? C’est le «joli» mot qu’on a trouvé pour qualifier le soutien financier des gouvernements modulé en fonction des revenus des ménages. Passé un certain seuil de revenu, les crédits et les allocations diminuent progressivement, ce qu’on appelle dans certains cas un «impôt de récupération».

Quant au «taux marginal», on réfère à la ponction fiscale effectuée sur les derniers dollars gagnés. Le TEMI renvoie donc à tout ce qu’on perd pour chaque dollar de revenu supplémentaire.

Les ménages les plus exposés aux TEMI sont ceux qui bénéficient le plus de notre système de répartition de richesse, à savoir les familles, en grosse partie en raison de l’allocation canadienne pour enfant du fédéral et de l’allocation famille de Québec. Peu importe ce qu’ils gagnent en salaire, les parents d’enfants mineurs voient rarement leur TEMI descendre sous les 50 %. Quant aux ménages plus défavorisés, leur TEMI dépasse souvent les 70 %.

Carey Price, par exemple, conserve 46,7 % des derniers dollars figurant sur sa paie. La mère monoparentale de deux enfants qui gagne 55 000 $, elle, n’en garde que 27 %, approximativement. On doit comprendre que le joueur de hockey débourse de l’impôt alors que la mère perd des allocations (son revenu disponible est plus élevé que son revenu d’emploi).

Les tables d’impôt sur le revenu sont faciles à trouver, mais celles des TEMI n’existent pas officiellement. Toutefois, il y a un fiscaliste du nom de Claude Laferrière qui, avec l’aide de confrères, calcule chaque année les TEMI et les présente sur des graphiques qu’on appelle les «Courbes de Laferrière». On en compte 42, pour autant de configurations familiales (personne seule, famille monoparentale, couples avec enfants, etc.), et elles sont toutes publiées sur le site Internet du Centre québécois de formation en fiscalité (CQFF).

Les TEMI les plus élevés

Je viens d’évoquer le TEMI de plus ou moins 73 % auquel est exposé le ménage monoparental de deux enfants, gagnant un salaire qui tourne autour de 55 000 $. C’est énorme, mais c’est loin d’être le plus élevé.

Avec des entrées d’argent dans les mêmes eaux, un ménage de deux parents et de trois enfants vivant sur un seul revenu de 50 000 à 55 000 $ atteint un pic de TEMI de 95 %.

Vous n’en revenez pas? Attendez. Prenez les parents de deux enfants mineurs, avec des salaires combinés oscillant de 45 000 $ à 50 000 $ répartis dans une proportion 60-40. Leur TEMI frôle les 100 %. Ajoutez un enfant de moins de six ans dans le portrait, et la courbe disparaît hors des limites du graphique! Le TEMI dépasse 100 %! Ça revient à dire que pour chaque dollar supplémentaire engrangé, ce ménage doit renoncer à plus d’un dollar de soutien de l’État. On vient justement d’augmenter le salaire minimum d’un peu plus d’une piastre, ça ne sera pas nécessairement avantageux pour tous les travailleurs concernés.

Faut-il conclure que les familles moins nanties sont surtaxées? Bien sûr que non! Elles ne payent pas d’impôt, au contraire, elles en reçoivent. Si on voulait atténuer les TEMI, il faudra réduire les taux de récupération des programmes sociofiscaux et, ce faisant, on se retrouverait à subventionner des familles qui n’en ont pas besoin. C’est l’effet pervers d’un système de répartition de richesse progressif où s’empilent les programmes.

Et les REER là-dedans?

Ce n’est pas bien compliqué : quand on subit un taux d’imposition de 75 %, on doit seulement sortir 25 cents de ses poches pour chaque dollar cotisé au REER. Avec un TEMI de 100 %, la contribution REER ne coûte rien, et à plus de 100 %, l’épargne génère un profit quasi instantané.

Enfin presque, car les déductions ne s’appliquent pas aux cotisations sociales.

Et ça, c’est si vous choisissez un REER ordinaire. Ceux qui optent pour un REER de fonds de travailleurs (Fondaction, Fonds de Solidarité) récolteront un crédit d’impôt supplémentaire de 30 %.

La difficulté, c’est de dégager le surplus la première année, et après, ça devrait y aller tout seul. Et si l’employeur offre un REER collectif ou un régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), n’hésitez pas à y contribuer.

Pour consulter les Courbes de Laferrière, c’est ici

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