«Pas de problème! Je suis bien, ici», m’a-t-il répondu, du tac-au-tac.
Je suis retourné le voir, mardi, pour lui parler de tout cela plus sérieusement.
Le jeune géant était sérieux. Il adore Gatineau. «Tout le monde est gentil, ici.»
Il aime le hockey junior canadien. «J’ai toujours voulu voyager. Au début, je pensais à la Suède ou à la Finlande. On m’a convaincu que j’étais taillé sur mesure pour le hockey du Canada. Les gens qui m’ont dit ça avaient sans doute raison.»
Et la Ligue nationale?
Sur ce sujet, il est moins catégorique.
Il était éligible, déjà, l’été dernier. Il n’a pas fait partie des 225 joueurs qui ont été sélectionnés, lors du repêchage amateur.
Il sera de nouveau éligible, dans quelques mois. Il paraît qu’il a impressionné beaucoup de monde, durant le CMJ, au temps des Fêtes, à Halifax.
«Il s’est peut-être donné une chance», a reconnu un dépisteur que nous avons sondé.
«Il ne peut pas espérer qu’on le repêche parce qu’il a connu deux grosses semaines», a indiqué un autre spécialiste.
Tout dépendra de sa fin de saison, complète ce dernier.
Les projecteurs seront de nouveau braqués vers Marcel - et ses coéquipiers - lorsque débuteront les séries éliminatoires de la Coupe du président.
S’il souhaite vraiment s’établir pour de bon sur notre continent, il sait ce qu’il doit faire.
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«Quand les séries vont débuter, je ne vais penser qu’à une seule chose», jure Marcel.
Non. Il ne pensera pas à ses chances de capter l’attention d’un dépisteur professionnel.
«Quand les séries vont débuter, je ne vais penser qu’au prochain match. Un match à la fois. Et ce ne sera pas difficile, parce que j’adore les matches des séries.»
Marcel aime les gradins bondés et les partisans déchaînés. Il raffole des situations corsées. Il jure qu’il carbure à la pression. Ça pourrait expliquer, entre autres, ses bonnes performances à Halifax.
«Les séries, ça doit ressembler au Championnat mondial junior. C’est pour ça que j’ai hâte. Ce sont des matches amusants. Tout le monde est à cran. Tout le monde veut gagner.»
On pourrait simplifier les choses au maximum et dire que Marcel se donnerait de bonnes chances de passer au prochain niveau si les Olympiques remportent un championnat.
Je pense soudainement à Bryan Murray. Il motivait souvent ses joueurs en leur offrant de telles promesses. «Les joueurs qui appartiennent aux équipes championnes n’ont jamais à s’inquiéter de leur avenir, parce que tout le monde veut embaucher des champions.»
On pourrait aussi colporter des clichés qui circulent beaucoup. Des gens nous disent que Marcel pourra jouer dans les rangs professionnels si - et seulement si - il améliore sa vitesse.
Ce serait un peu court, comme analyse.
En fait, Marcel ne manque pas de vitesse.
«Je le compare à un train. Quand il est parti, il n’est plus arrêtable», explique son entraîneur, Louis Robitaille.
«Maintenant, il doit être plus explosif, précise-t-il. Ses trois premières enjambées doivent être meilleures.»
C’est une nuance importante. Dans une Ligue nationale de hockey plus rapide que jamais, pour suivre une rondelle qui change constamment de direction, la force d’accélération d’un joueur peut faire toute la différence.
Sinon, Marcel possède vraiment tous les atouts pour réussir.
«Tu peux regarder partout, à travers la Ligue canadienne de hockey. Peux-tu trouver beaucoup de joueurs qui mesurent six pieds et quatre pouces, qui pèsent 242 livres, qui se déplacent comme lui, et qui sont aussi bons sans la rondelle que lui?»
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Marcel Marcel pourra profiter d’un court congé qu’il n’a pas souhaité. Les Olympiques quitteront Gatineau en direction de Victoriaville, mercredi matin. En soirée, ils auront rendez-vous avec les Tigres, une autre formation qui a fait quelques acquisitions dans le but de faire un bon bout de chemin en séries.
Il aurait été utile à son équipe, pour ce match dans la région des Bois-Francs.
Il ne sera pas disponible. Il sera suspendu. Le bureau de discipline de la LHJMQ a déterminé qu’il devra rater les deux prochains matches, pour une mise en échec qui a envoyé à l’infirmerie le jeune attaquant gatinois de l’Armada de Blainville-Boisbriand, Alexis Bourque.
Les opinions diffèrent. Des gens qui ont assisté au match et qui ont vu le coup, en direct, ont jugé que c’était dangereux. D’autres croient qu’il s’agit, au contraire, d’un geste accidentel.
Dans un cas, comme dans l’autre, Robitaille espère que son protégé apprendra. «Marcel n’a pas changé de direction. Il n’a pas sauté. Il n’a pas accéléré avant de frapper Bourque. Si Cole Cormier ou Antonin Verreault avaient complété la même mise en échec, il n’y aurait peut-être pas eu de répercussions. Marcel doit être conscient de son gabarit. Il doit être conscient de sa force», complète Robitaille.