Les élus de Thurso réclament un «pont financier» pour l'industrie forestière

Benoît Lauzon, maire de Thurso et préfet de la MRC de Papineau

La Ville de Thurso reproche à Québec de mettre en péril plus de 800 emplois en Outaouais et dans les Laurentides en refusant d’accorder un «pont financier» qui permettrait de réduire de 30% les coûts d’approvisionnement pour les opérations forestières sur le territoire, en attendant de mettre en place des mécanismes de gestion de la forêt mieux adaptée à la réalité régionale.


Dans une résolution adoptée mardi soir, en séance extraordinaire, le conseil municipal de la Ville de Thurso soutient que le sous-ministre du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a fait savoir, le 22 décembre dernier, qu’aucun budget ne serait accordé pour la saison 2022-2023 «afin de supporter la filière forestière pour la région».

Cette «réponse tardive du ministère des Ressources naturelles et des Forêts quant au budget non alloué [...] pousse l’industrie forestière dans une situation alarmante due à la saison déjà entamée», affirment les élus de Thurso qui ajoutent que «cette situation pourrait éventuellement laisser plus de 800 personnes sans emploi».

Les élus de Thurso dénoncent également, dans la résolution, «l’inaction du ministre (de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie) Pierre Fitzgibbon pour soutenir les industries forestières, laissant celles-ci dans le doute et l’espoir depuis plusieurs années».

À la suite de la fermeture de l’usine Fortress, en octobre 2019, une cellule de crise avait été formée par le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs de l’époque, Pierre Dufour.

Un projet pilote d’une durée de six ans, déployé en 2021 dans la foulée de cette cellule de crise, a vu le jour avec comme objectif de garantir sur le long terme une baisse des coûts d’approvisionnement pour les entreprises qui font de la coupe forestière en Outaouais et dans les Laurentides.

Un pont dégressif réclamé 

Or, les coûts pour effectuer des opérations en forêts, en Outaouais et dans les Laurentides, sont toujours aussi élevés, selon le maire de Thurso et préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon.

La réponse du MRNF a été accueillie comme une douche froide puisque les entreprises avaient espoir depuis l’an dernier que le gouvernement arriverait avant la fin 2022 avec une solution pour permettre à l’industrie de souffler un peu financièrement dans l’attente d’identifier une stratégie permanente dans le cadre du projet pilote, affirme M. Lauzon.

Des entreprises en difficulté?

Des usines en Outaouais et dans les Laurentides ont déjà dû réduire leurs activités en raison d’un manque de ressources financières, se désole M. Lauzon. Il cite en exemple la scierie Lauzon de Thurso qui aurait réduit de 50% ses opérations en mettant fin à un quart de travail. Le Droit a tenté de confirmer cette information en communiquant avec l’entreprise, mais Lauzon Planchers de bois exclusifs n’avait pas retourné notre appel, mercredi en fin de journée.

«Quand on regarde les coûts d’approvisionnement des usines dans la région de l’Outaouais, au niveau de ce qui alimente une papetière, nous sommes rendus à 115 dollars du mètre cube comparativement à 60$ ou 65$ ailleurs au Québec, détaille le maire Lauzon. Je pense que ça prend une intervention du gouvernement pour rétablir une équité dans la province au niveau de l’industrie forestière pour l’alimentation des usines à partir des terres publiques.»

Le cabinet du ministre Fitzgibbon rétorque aux élus de Thurso

Le cabinet du ministre Fitzgibbon a réagi à la résolution du conseil municipal de Thurso par l’entremise d’une déclaration écrite en soulignant tous les efforts qui ont été réalisés par Québec, depuis octobre 2019, afin de relancer la papetière Fortress. Ce n’est pas moins de 40,9 millions de dollars, dont 8,2 millions le mois dernier, qui ont été injectés pour les frais de maintien des actifs de l’usine Fortress et les frais liés au traitement des eaux usées de la Ville de Thurso, a rappelé le cabinet du ministre.

«Le ministère, Investissement Québec et le ministre mettent tout en œuvre afin de trouver un joueur sérieux pour relancer l’usine et assurer la vitalité du régime forestier de la région. Des mandats internationaux ont été donnés pour trouver des repreneurs. Le gouvernement est résolument en action sur ce dossier, et ce, depuis très longtemps. Toute prétention au contraire est incorrecte», a déclaré le cabinet dans un message courriel envoyé au Droit.

Le cabinet de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, n’a pas réagi à la sortie des élus de Thurso.