Il faut ralentir le développement résidentiel dans l’ouest, selon Action Gatineau

Le développement effréné de l’ouest de Gatineau commande une profonde réflexion du conseil municipal, estiment plusieurs élus qui ont tenu à exprimer leurs préoccupations à ce sujet, mardi, lors de la première séance du conseil municipal en 2023.

Le développement effréné de l’ouest de Gatineau commande une profonde réflexion du conseil municipal, estiment plusieurs élus qui ont tenu à exprimer leurs préoccupations à ce sujet, mardi, lors de la première séance du conseil municipal en 2023. Action Gatineau va jusqu’à proposer au service de l’urbanisme de lever le pied sur l’émission de permis de construire dans ce secteur où les infrastructures sont depuis déjà longtemps insuffisantes pour répondre aux besoins de la population. 


Le Droit démontrait la semaine dernière que 82% des quelque 13 000 unités de logement qui ont été construites à Gatineau depuis quatre ans l’ont été à l’ouest de la rivière Gatineau. Rien n’indique que la tendance et près de s’inverser. «Je ne veux pas être défaitiste, mais je suis réaliste par rapport à la ville dans laquelle on est, cette ville sera toujours en crise du logement, a affirmé la mairesse France Bélisle, mardi, lors de sa conférence de presse de rentrée politique. On aura toujours des difficultés à loger notre monde en raison de la pression qu’exerce Ottawa. On est condamné à toujours livrer un combat de tous les instants en logement en raison de la situation géographique dans laquelle on est.» 

«Les infrastructures nécessaires ne sont pas là»

La conseillère d’Action Gatineau dans Mitigomijokan, Anik Des Marais, a souligné que des quelque 1000 nouvelles portes autorisées dans son district l’an passé, aucune ne peut être considérée comme du logement abordable ou social. «J’ai plus l’impression qu’on est en train de régler le problème de logement d’Ottawa qu’autre chose, a-t-elle affirmé. Là, on est en train de pacter du monde dans l’ouest alors que les infrastructures nécessaires ne sont pas là.»

La conseillère d’Action Gatineau dans Mitigomijokan, Anik Des Marais

La formule a de quoi faire grincer des dents les promoteurs immobiliers et l’Association des professionnels en construction et en habitation du Québec (APCHQ), mais selon Anik Des Marais, la situation que vit présentement l’ouest de Gatineau nécessite que le service de l’urbanisme lève le pied sur l’émission des permis de construction tant que les infrastructures municipales ne suffisent pas à la demande. 

Une route pour les calèches

«Moi, je pense qu’il faut ralentir le développement de l’ouest parce que là on est en train de prendre des décisions qui vont nous suivre pendant 50 ans, a-t-elle lancé. Peut-être que l’émission des permis de construction ne devrait plus se faire aussi rapidement dans le cas des mégadéveloppements de multilogement. On pourrait dire qu’on autorise des nouvelles constructions une fois que le réseau routier sera adapté, quand les trottoirs seront élargis, quand on aura une stratégie pour limiter l’utilisation de l’autosolo ou quand on sera certain que la Société de transport de l’Outaouais est capable de répondre adéquatement à la demande. Le développement de l’ouest se fait alors qu’on a encore un chemin Vanier fait pour les calèches. Tout le développement de l’ouest se fait actuellement en fonction de l’arrivée d’un tramway et c’est super, sauf que là, dans la séquence, ça va beaucoup trop vite.»

Dans le Plateau, la conseillère d’Action Gatineau, Bettyna Bélizaire, est aussi d’avis que la Ville ne peut plus seulement autoriser la construction de nouvelles portes sans se soucier du reste. «On doit penser à la qualité des milieux de vie, a-t-elle insisté. Il faut une meilleure planification, plus globale et moins à la pièce. Cette réflexion importante là, elle ne semble pas prendre une place prédominante dans nos discussions.»

La conseillère d’Action Gatineau, Bettyna Bélizaire

Patience, demande la mairesse

Le conseiller indépendant d’Aylmer, Steven Boivin, en débuté son allocution devant le conseil en citant des propos datant de 2020 de l’ex-conseillère Audrey Bureau. «C’est rendu qu’on offre à des organismes communautaires d’Aylmer d’aller s’installer dans d’autres secteurs de la ville, c’est loin d’être encourageant», disait-elle à l’époque. Depuis, l’impact des besoins en infrastructures provoqué par le développement résidentiel n’a fait que grandir dans l’ouest, a noté l’actuel conseiller. 

«C’est vrai qu’il y a un retard à rattraper dans l’ouest, ce n’est pas une surprise pour personne, on a posé des gestes, mais il faudra être patient, a reconnu la mairesse Bélisle. Le complexe sportif de l’ouest est un exemple concret. On prévoyait quatre glaces, mais ce sont en tout 12 plateaux sportifs qui seront livrés en 2028. Ça implique d’être patient.»

La patience, le conseiller indépendant de Lucerne, Gilles Chagnon, en a de moins en moins. Il critique depuis des mois les délais dans l’avancement de plusieurs dossiers majeurs pourtant déjà approuvé dans l’ouest de la ville. «Je souhaite des réalisations concrètes en 2023 dans le dossier de l’écocentre, du complexe sportif et de la bibliothèque Lucy-Faris, a-t-il dit. Je vais continuer de suivre ces dossiers de près pour m’assurer que les échéanciers planifiés soient respectés.»

Steven Boivin dit se réjouir des décisions du conseil dans le dossier du complexe sportif, mais la situation commande des actions plus rapides dans d’autres dossiers. «Rappelons-nous du parc des Cèdres, un endroit magnifique qui voit son achalandage grimper en flèche, il y a un plan directeur d’aménagement, il date de 2019, a-t-il mentionné. On est en 2023 et encore aujourd’hui, ce plan n’a toujours pas été financé. On me dit que ça fait partie du plan d’intervention en loisirs, mais lui non plus il n’est toujours pas financé.»