Apparemment, c’est à cause de lui que certains services aériens sont désorganisés et que les trains ne roulent pas comme sur des roulettes.
La tempête de Noël aurait en effet essentiellement causé le grand chaos des transports de voyageurs dont on a été témoin pendant le temps des Fêtes. Celui qui a laissé toutes sortes de touristes canadiens, avec ou sans familles, coincés pas nécessairement au soleil, et souvent absolument dépourvus d’information au sujet de leur sort. C’est ce qu’on a entendu jeudi, quand les élus fédéraux du comité des Transports des Communes ont demandé des explications aux transporteurs aériens. La tempête, ont-ils surtout répondu. La grosse tempête.
Même chose pour le train de VIA Rail.
Quant au récent verglas, il serait tout à blâmer pour les déboires récents du train léger d’Ottawa. De la glace sur les rails, sur les fils électriques. Voilà, nous a-t-on dit, pourquoi nos wagons sont immobilisés.
Vraiment ?
Et si on laissait notre hiver tranquille pour un instant.
Il existe depuis toujours. Il est froid. Il est glacé. Il rend les routes imprévisibles, il enneige notre champ de vision et les pistes de décollage. Il n’a jamais été autre chose.
On ne peut pas organiser nos moyens de transport sans savoir qu’il existe, qu’il sévira année après année et qu’il doit nécessairement faire partie de toute planification.
On ne sort pas faire une marche avec son chien, en plein janvier, en sandales et en bermuda, pour ensuite se plaindre que c’est glissant et qu’il fait trop froid.
Si cela se produisait, on dirait tous que le problème n’est pas l’hiver, mais bien les mauvaises décisions du marcheur.
Et c’est ce qu’il faut dire à nos transporteurs.
Aucune des entreprises qui ont laissé les voyageurs coincés dans des avions, des trains, ou loin de chez eux, ou sans transport en commun efficace, ne peut blâmer la météo pour sa mauvaise gestion des conséquences de la météo, si c’est bien de cela qu’il s’agit.
Car quand on entend le président de Sunwing expliquer que dans ses plans, la compagnie comptait sur des pilotes étrangers pour pouvoir effectuer tous les vols vendus et que ceux-ci ne sont pas arrivés en décembre, on comprend que le cœur du problème n’est pas nécessairement ce qui est mouillé et glacé et tombe du ciel, mais bien des décisions de gestion prises dans des bureaux au sec et bien chauffés.
On peut, comme le fait l’opposition néo-démocrate, demander au gouvernement de mieux protéger les consommateurs-voyageurs. Annulations, retards, surréservations… Au prix où sont les billets d’avion, il est essentiel que les consommateurs soient indemnisés adéquatement, financièrement et humainement, quand le service qu’ils achètent ne leur est pas donné. Les lois européennes, plus strictes à cet égard, doivent nous inspirer. De toute évidence, la Charte des droits des voyageurs, telle qu’elle existe, n’est pas suffisante. Parlez-en à ceux qui ont passé des vacances de Noël sous la pluie, au Mexique, plus longtemps que prévu, sans vol de retour au pays.
On peut d’ailleurs demander pourquoi l’Office des transports du Canada ne sévit pas plus pour punir avec des amendes les entreprises qui faillissent à leur tâche de respecter leurs clients. Depuis 2019, cet organisme a les dents pour le faire, mais s’en sert très peu.
On peut aussi demander ce qui sera fait pour que dans l’avenir, le train léger d’Ottawa roule malgré les aléas du temps. On reconnaît que ce projet a besoin d’être remis à niveau, on fait une pause et on corrige tout ? On répare au fur et à mesure en mettant en place un plan d’urgence pour que chaque problème soit réparé à la vitesse de l’éclair ?
Et finalement, on peut demander à VIA Rail ce que la société entend faire pour que les problèmes vécus pendant le temps des Fêtes, notamment le mutisme de l’entreprise à l’égard de ses clients alors que le réseau entre Windsor et Québec avait été paralysé par un déraillement en plein temps de Noël, ne se reproduise plus. Les voyageurs ont besoin de savoir à quoi s’en tenir.
Bref, on peut faire tout ça, poser toutes ces questions et surtout, on peut, du côté des sociétés de transport interpellées, fournir des réponses claires et rapides sur ce qu’elles comptent faire lorsque la météo leur jouera encore des tours et comment elles entendent servir leurs clients le mieux possible dans ces circonstances. Et on peut demander au gouvernement comment il va surveiller tout ça.
Transporteurs, on peut mieux s’ajuster, se préparer, s’organiser, être plus responsables, imputables. On peut être meilleurs.
Mais ce qu’on ne peut pas faire, c’est de continuer à blâmer l’hiver.
Il ne nous entend pas.