On parlait surtout des Sénateurs, de leur début de saison en montagnes russes. Des défis qui se présenteront devant celui qui devra compléter les prochaines transactions.
Après un bout de temps, le vieux coach m’a regardé dans les yeux et il m’a sorti une réflexion d’une brillante simplicité.
«Il n’y a pas assez de défenseurs, sur la planète Terre.»
En plus d’être simple, c’est vrai.
Le vieux coach avec qui je parlais a déjà travaillé dans la Ligue nationale. Ça ne l’intéresse plus. Je le soupçonne de continuer à s’impliquer dans le monde du hockey par simple plaisir. Il trouverait probablement le temps trop long à la retraite.
Il fait carrière depuis tellement longtemps qu’il connaît des gens un peu partout.
Quand il discute avec ses confrères entraîneurs, un peu partout sur la planète, il entend presque toujours le même refrain.
«Vous ne pouvez pas savoir combien d’entraîneurs sont convaincus qu’ils pourraient remporter un championnat... Si seulement ils avaient un défenseur de qualité de plus à leur disposition.»
«C’est exactement ce qui me permet de conclure qu’il n’y a pas suffisamment de défenseurs, sur Terre.»
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La direction des Sénateurs a contacté celle du Wild du Minnesota, récemment, afin de s’enquérir au sujet de Matt Dumba.
L’insider du réseau TSN Darren Dreger en a parlé, brièvement, durant une table ronde diffusée mardi soir.
Naturellement, c’est devenu le sujet de conversation de prédilection, dans les tavernes de la capitale, mercredi.
On parle pour parler, au fond, parce que les journées sont froides et courtes. Les Sénateurs ont recommencé à perdre. Il faut bien meubler nos temps libres avec quelque chose.
On parle pour parler parce que Dumba n’aboutira pas à Ottawa.
Dumba ne quittera probablement même pas le Minnesota, d’ici la date limite des transactions.
Le Wild participerait aux séries éliminatoires, si elles débutaient cette semaine.
Dans une ligue où seulement la moitié des équipes participent aux séries, celles qui ont une chance - même une toute petite chance - ne se rangent pas dans le camp des vendeurs en janvier.
Toutes les équipes qui participent aux séries éliminatoires sont gagnantes. Même celles qui s’inclinent dès la première ronde ont la chance de disputer deux, trois ou même quatre matches de plus à domicile. Elles empochent alors des millions de dollars supplémentaires.
Dans la vie comme au hockey, l’argent, c’est le nerf de la guerre.
Les propriétaires du Wild empocheront les millions supplémentaires. Si la direction des opérations hockey souhaite vraiment se défaire du vétéran défenseur, elle pourra toujours céder ses droits à une autre formation, en retour d’un choix de repêchage, quelques jours avant l’ouverture de la chasse aux joueurs autonomes.
La direction des Sénateurs a «fait ses devoirs» en contactant celle du Wild, récemment. Ça n’a rien d’étonnant. Pierre Dorion a souvent dit, au cours de la dernière année, qu’il veut ajouter un défenseur de talent à sa formation. Il s’informe auprès de ses homologues dès qu’un joueur capable de remplir ce rôle se retrouve mêlé aux rumeurs.
On a beaucoup parlé de Jakob Chychrun, en début de saison. On a brièvement discuté d’un retour d’Erik Karlsson, en novembre, lorsque le directeur général des Sharks s’est dit prêt à discuter de transactions. Ivan Provorov risque d’apparaître sur notre radar, prochainement. En pleine reconstruction, les Flyers de Philadelphie seraient prêts à le sacrifier.
Les Sénateurs n’ont pas besoin d’un quart-arrière grassement payé comme Chychrun ou Karlsson. Le jeu de puissance de l’équipe fonctionne déjà très bien. Thomas Chabot fait le travail et Jake Sanderson pourrait lui ravir son poste, un jour.
Ils n’ont pas besoin de Provorov, non plus.
Je parlais avec une autre vieille connaissance, mercredi.
En fait, celui-là, je peux l’identifier. Il ne m’en voudra pas. C’est le parrain des partisans des Sénateurs, Marc Méthot.
Méthot pense, comme moi, que les Sénateurs pourraient facilement se satisfaire d’un joueur plus discret.
Méthot insiste pour que le joueur soit grand. Les grands défenseurs ont de longs bâtons. Ces bâtons peuvent devenir fort utiles, dans les courses pour l’obtention des rondelles libres.
Dans un monde idéal, le type serait capable de robustesse. On ne parle pas nécessairement besoin de clôner Scott Stevens ou Derian Hatcher. Le chaînon manquant pourrait quand même appartenir à la catégorie des joueurs qu’on n’aime pas trop affronter. Ils sont de moins en moins nombreux, ces patineurs pugnaces qu’on préfère ne pas suivre dans les coins de la patinoire.
Moins ils sont nombreux, plus ils sont précieux.
«Il ne faudrait pas non plus partir à la chasse aux licornes», intervient Méthot. Et il a bien raison.
Le défenseur parfait n’est pas de ce monde.
Il doit forcément exister, en revanche, quelques défenseurs capables d’aider les Sénateurs. Il suffit de trouver le bon.