Accompagnée de la sexologue Judith Sasseville, Marilou Éthier souhaite améliorer les statistiques de la sexualité chez les adolescents québécois que le tandem qualifie de «choquantes». Selon elles, une adolescente sur cinq va témoigner avoir vécu une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, 54% des ados vont se protéger lors de relations sexuelles et 82% des jeunes s’identifiant à la communauté LGBTQ+ vont vivre de l’intimidation dans leur vie.

Pour embellir le portrait de la situation, l’équipe de sexologues liés au projet Olie recommande l’intégration de certains concepts dès l’âge de trois ans.

«Il faut partir à la source parce que rendu à 16 ans il est trop tard et ils sont malaisés, avance Marilou Éthier. Le tabou est déjà intégré et les sexologues s’entendent que vers deux ou trois ans, c’est l’âge idéal pour commencer à parler de consentement, les différences des corps et l’identité.»

L’application web et mobile Olie – acronyme pour orgasme, ludique, interactif et éducation – interpelle en premier lieu les parents pour les accompagner à devenir un «acteur de confiance» dans la sécurité sexuelle de leurs enfants, à les mettre à l’aise avec les différents concepts de la sexualité et à les outiller pour répondre aux questions sur des sujets comme la différence entre le sexe et l’expression genre, comment mettre ses limites, les menstruations et la puberté.

Olie – ce court prénom non genré reflétant l’intimité des confidences – devient cette ressource d’aide et d’éducation en complémentarité avec d’autres espaces de confiance comme Tel-jeunes, précise la fondatrice. La plateforme contient non seulement des capsules d’informations validées par des professionnels de la santé sexuelle, mais aussi des jeux adaptés et un espace de discussion avec des sexologues.

«Judith Sasseville développe tout le contenu de la plateforme, raconte Marilou Éthier. J’ai mis sur pied un panel de révision. Tout ce que Judith produit est vérifié par deux à trois autres sexologues membres de l’Ordre. La relation d’aide en ligne via le chat facilite l’accessibilité aux services en sexologie.»

Il faudra toutefois débourser 9,99$ par mois pour obtenir une «expérience plus personnalisée» dont la relation d’aide et du contenu vidéo référé selon l’âge et les caractéristiques de l’enfant.

«Je travaille sur un algorithme qui va permettre de reconnaître certaines caractéristiques comme une situation de handicap qui amène des besoins complètement différents ou si l’enfant vit un coming out. On peut poser nos questions directement à une sexologue si on est inquiet ou si on vit certaines problématiques avec son enfant, mais que ce n’est pas assez grave pour aller à la consultation dans un bureau, c’est une bonne façon d’obtenir la réponse.»

Ambassadrice 

La coanimatrice de Sexe + Techno à UnisTV se dit ambassadrice de la sexualité. Avec ses différentes tribunes, dont le balado Femmes à marier, Marilou Éthier déconstruit les concepts liés au genre, aborde les différents tabous sexuels et comment s’assumer dans sa sexualité, notamment.

«Je prends des formations pour parler du sujet. Je viens de terminer une formation comme éducatrice en sexualité positive. Je veux être capable de répondre aux questions des parents. Je me perçois comme une ambassadrice, j’ai plus le rôle d’une meilleure amie, d’une grande soeur à certains moments. Je parle du sujet de façon plus légère et surtout plus en divertissement.»

Marilou Éthier n’hésite pas une seconde à affirmer qu’une plateforme comme Olie l’aurait aidé à son épanouissement sexuel, à son sentiment de sécurité, mais aussi à rassurer ses parents au sujet de son orientation sexuelle.

«Même si aujourd’hui je suis ouverte d’esprit, il y a tellement de concepts que j’apprends à 26 ans. Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, il y a des choses que j’ai apprises par des amis, par Internet. Quand tu n’as pas de ressources autour de toi ou quand tes parents ont un certain malaise, où trouves-tu l’information?»

«J’ai fait un coming out à 17 ans et j’étais la première personne ouvertement lesbienne à mon école secondaire. Ça aurait pu m’aider pour les grandes étapes de ma vie.»

Marilou Éthier vise la fin du mois de février pour lancer officiellement Olie.