Chronique|

La vie sans Tim Stützle

Mercredi soir, on a vite vu à quoi ressemblerait le reste de l’hiver, sans Tim Stützle, dans la capitale.

CHRONIQUE / La meilleure nouvelle du jour a été livrée par D.J. Smith. Son point de presse d’avant-match venait de débuter quand il a déclaré que la blessure subie par Tim Stützle n’était pas aussi sérieuse qu’on craignait.


L’Allemand s’absentera pendant une semaine, a-t-il prédit. Au pire, il ratera une dizaine de jours. On gage qu’après la pause de Noël, il sera de retour.

Vraiment, pour les Sénateurs, c’était une superbe nouvelle.



Quelques heures plus tard, lorsque le match a débuté, on a vite vu à quoi ressemblerait le reste de l’hiver, sans Stützle, dans la capitale.

Les Sénateurs affrontaient le Canadien de Montréal pour la première fois de la saison. Même s’il s’agissait d’un duel entre deux formations qui vont - fort probablement - rater les séries, on espérait un bon match.

Les rivaux naturels devraient toujours nous offrir un bon spectacle.

Dans la première moitié de la première période, quand le club local n’a pas été foutu d’envoyer une seule rondelle vers le filet de Samuel Montembeault, on a compris à quel point il était démuni.



Stützle n’obtient peut-être pas toute la publicité qu’il mérite, étant donné qu’il gagne sa vie entre Montréal et Toronto, dans une perpétuelle éclipse médiatique.

On peut se permettre de le dire.

À un mois, jour pour jour, de son 21e anniversaire de naissance, le jeune homme qu’on surnommait jadis Jimmy Stü est devenu un pas pire joueur de hockey.

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Bon. La première moitié de la deuxième période fut, au contraire, tout à l’avantage d’Ottawa.

Le Canadien s’est un peu tiré dans le pied en écopant de mauvaises pénalités. Le jeu de puissance des Sénateurs a changé à lui-seul l’allure de la soirée.

Malgré les blessures, il reste suffisamment de joueurs de talent pour former une bonne première vague.



On ne souhaiterait quand même pas voir les Sénateurs se débrouiller sans Stützle pendant une trop longue période.

Dans le vestiaire des Sénateurs, on connaît bien la valeur de Stützle.

«C’est un des joueurs les plus talentueux que j’ai côtoyés», me dit Claude Giroux.

Et Giroux en a côtoyé, des joueurs de talent, durant ses 14 saisons à Philadelphie.

Stützle est doué, et il n’a pas fini de s’améliorer.

«Tu vois qu’il gagne constamment de la confiance. Défensivement, il s’améliore, parce qu’il veut s’améliorer», précise Giroux.

Il faut lire entre les lignes, ici, pour comprendre que tous les joueurs de talent ne sont pas créés égaux. Certains n’aiment pas trop travailler sur les aspects les moins «amusants» du hockey.

Tous les joueurs qui évoluent dans la LNH sont capables de bien jouer, défensivement. Tous les joueurs n’ont pas envie d’y mettre les efforts.



«Tout le monde doit apprendre, explique Thomas Chabot. Josh Norris s’est blessé très tôt, cette saison. Tim a été obligé d’apprendre le rôle de premier centre. Et il s’est fort bien acquitté de ses nouvelles tâches. Le fait d’avoir un gars comme Claude qui est à ses côtés, ça ne peut que l’aider pour le jeu dans sa propre zone. Il continue d’apprendre à pacer sa game. Il doit adapter sa façon de jouer quand on mène par un ou par deux buts.»

Stützle apprend peut-être plus rapidement que d’autres, au même âge, parce qu’il a trouvé un professeur en qui il a pleinement confiance.

Giroux a évolué au centre durant presque toute sa carrière de 14 saisons à Philadelphie. Il a participé au Match des étoiles de la LNH à sept occasions.

Ça doit lui conférer une certaine crédibilité.

«On le voit souvent. Tous les centres de notre équipe sont toujours en train de parler avec Claude. Il a quand même joué au centre pendant des années! Son taux de réussite dans les cercles des mises en jeu est extraordinaire. Il veut que tout le monde s’améliore», dit Chabot.

Claude Giroux a vite gagné le respect des centres de l'organisation des Sénateurs.

Après avoir fréquenté l’école du professeur Giroux pendant quelques mois, Stützle est devenu un centre numéro un.

«Il réalise qu’il doit faire face au meilleur trio et aux meilleurs défenseurs adverses. Il s’agit de petits détails dans sa propre zone. Quand on est jeunes, c’est la nature humaine… On veut produire, à l’attaque. On veut créer des chances. C’est peut-être là qu’il a pris un step. Il apprend à sortir la rondelle de la zone, d’abord, avant de penser à créer des opportunités», pense Chabot.

«C’est pareil pour moi. Ça fait six ans que j’évolue dans la ligue. Je réalise que je ne serai jamais parfait. Plus on l’aide, plus on avance, en groupe.»

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Les Sénateurs ont remporté leur premier duel contre le Canadien parce que le jeu de puissance a fonctionné.

Ils ont gagné, aussi, parce que Cam Talbot a résisté aux attaques adverses en première période.

Mine de rien, le vétéran a obtenu quatre victoires à ses cinq derniers départs.

Dans ces quatre victoires, il a stoppé 106 des 113 lancers dirigés vers lui.

Ça lui confère un taux d’efficacité de 93,8 %, durant cette séquence.

Le hockey est un sport d’une grande simplicité.