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Analyste pour Équiterre, Amélie Côté s’est par ailleurs dite davantage choquée que surprise par le dossier des Coops de l'information publié mardi. «C’est très choquant et préoccupant, dit-elle. On peut s’imaginer que c’est ainsi un peu partout [dans l’industrie]. On savait que cela se produisait aussi dans l’industrie de la mode, que des vêtements étaient brisés pour être jetés. Maintenant, on le voit dans ces grands magasins.»

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Un document interne et sept témoignages recueillis par Les Coops de l’information auprès d’employés actuels et d’ex-employés de la quincaillerie dans quatre régions de la province révèlent l’ampleur du gaspillage.

Outils, luminaires, portes, revêtements de sol, électroménagers, articles de salle de bain, de décoration, d’extérieur: une vaste gamme d’objets sont écrasés dans des compacteurs rattachés à des conteneurs à déchets, témoignent nos sources, qui ont elles-mêmes jeté des produits ou ont vu des collègues le faire.

«On ne peut pas jeter ça: c’est neuf!», s’indigne un employé actuel de Home Depot. «Ça pourrait servir à quelqu’un d’autre», déplore un employé dans un autre magasin de la chaîne.

Craignant des représailles professionnelles ou judiciaires, nos sources ont demandé l’anonymat, mais ont souhaité dénoncer le double-discours du géant de la rénovation, qui soutient que la réduction de son empreinte écologique fait partie de ses «valeurs principales».

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Des luminaires, toujours dans leur boîte, ont été jetés dans un compacteur, a constaté une source."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Courtoisie"},"position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9b0608ca-c53a-4c3f-8296-c141d2aa6ec0.png&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":2,"text":{"fr":"

Rapport de produits jetés

Un rapport interne, dont nous avons obtenu copie, indique la quantité d’objets jetés lors d’une seule journée de l’hiver 2021 dans un magasin Home Depot québécois. Intitulé «rapport des jetés», le document contient plus de 300 produits neufs qui valaient entre 3 $ et 475 $.

Dans le lot: quatre ensembles de pinces à couper, douze housses de barbecue, quatre sacs de copeaux de bois de mesquite, deux motoculteurs, huit souffleurs à feuilles, six vadrouilles en microfibre, une soixantaine de paquets d'ampoules, une centaine de luminaires, vingt-sept sacs d'engrais pour plantes, trente sacs de galets et une porte.

«Et ça, c’est juste pour un magasin», dit une source. Pour toute la chaîne Home Depot au Québec, des milliers de produits sont jetés chaque année, estiment trois sources qui ont de nombreuses années d'expérience au sein de l'entreprise. Au Québec, Home Depot compte 21 magasins.

Les produits jetés se multiplient lors des périodes d’inventaire et de changements de saison, selon nos sources. D'autres produits sont également jetés de façon plus régulière par différents départements des magasins, au gré des arrivées de nouvelles marchandises auxquelles il faut faire de la place sur les tablettes.

Un ex-employé de Home Depot a été frappé par la variété des objets neufs envoyés aux ordures. Il raconte avoir jeté au compacteur des robinets, des toilettes, des miroirs, des perceuses, des ventilateurs et des sapins de Noël, notamment.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Un ancien employé de Home Depot"},"position":3,"text":{"fr":"

Il y a une pile de stock à jeter et on y allait un à la fois. Moi, ça me faisait mal au cœur.

"},"type":"quote"},{"position":4,"text":{"fr":"

Le compacteur est situé au même endroit que la réception des marchandises, une section des Home Depot fermée aux clients, mais accessible aux employés. Il sert à compresser les objets qui vont dans le conteneur. «Quand c’est compacté, t'as pas le choix, tu scrappes le stock», dit une source.

Dès le début

Un ancien haut placé de Home Depot affirme que la mise aux poubelles de produits neufs a été instaurée dès les débuts de la chaîne américaine au Québec, au commencement des années 2000. Cette pratique perdure depuis, selon nos sources.

Il y a une douzaine d’années, un ex-employé a été marqué par une scène de destruction. Il se souvient d’avoir vu des collègues jeter des meubles de lavabo neufs qui allaient être remplacés par des modèles plus récents. «Ils les défaisaient à coups de masse, et ils envoyaient ça dans le conteneur», dit-il.

Des employés de deux magasins différents se souviennent aussi d’avoir vu des produits de plus grande taille être détruits à coups de masse et jetés par la suite.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Home Depot compte 21 magasins au Québec."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Soleil, Yan Doublet"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F1137c02f-35d1-4713-a5ec-966a39142de9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

«Nous nous engageons à faire mieux chaque jour»

Home Depot Canada a refusé de nous accorder une entrevue, malgré nos demandes répétées. La chaîne s’est contentée de deux déclarations écrites.

Dans une première, elle a affirmé ne pas disposer du «rapport des jetés» dont nous avons obtenu copie. «Nous pensons donc que les informations que vous avez obtenues sont inexactes», a-t-elle fait savoir.

Les Coops de l'information ont ensuite envoyé à Home Depot Canada une série de questions précises. Mais la chaîne n'a pas répondu à ces questions et a envoyé une autre déclaration écrite qui répétait essentiellement la première.

Home Depot Canada ne nie pas que des produits sont jetés. Certains sont retournés aux vendeurs, note-t-elle. Mais d’autres sont «soit mis au rebut, soit doivent être détruits en raison de problèmes de réglementation, de sécurité ou de défauts».

La chaîne indique par ailleurs que ses magasins travaillent avec le réseau de réapprovisionnement de l’organisme Habitat pour l'Humanité «pour fournir des matériaux de construction inutilisés ou mis au rebut qui sont ensuite revendus sur le marché, au lieu d'être jetés». Selon les informations que nous avons obtenues, un organisme de Québec reçoit aussi des produits invendus de Home Depot, presque chaque semaine.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Déclaration écrite de Home Depot Canada"},"position":7,"text":{"fr":"

Nous recherchons continuellement des occasions de réduire, réparer, réutiliser et recycler.

"},"type":"quote"},{"position":8,"text":{"fr":"

Le géant de la rénovation assure avoir «des politiques et des procédures pour l'élimination de tout produit».

«Nous nous engageons à faire mieux chaque jour - notamment en améliorant continuellement la durabilité de nos produits et de nos opérations et en redonnant aux communautés que nous sommes fiers de servir», ajoute Home Depot Canada.

Date butoir

Bon nombre de produits qui sont jetés au Home Depot font partie de la vaste catégorie des «invendus». Dans le jargon du commerce au détail, c’est le nom des articles qui n’ont pas trouvé d’acheteurs.

Chez Home Depot, les produits qui tardent trop à être achetés sont frappés d’une date butoir avant laquelle ils doivent être retirés des tablettes, selon nos sources. «Par exemple, mon boss me disait: \"essaye de trouver deux ventilateurs, avec tel code, parce que là, si ce n’est pas vendu d’ici, mettons, le 30 novembre, il faut les jeter\"», explique un ex-employé.

À l’approche de la date butoir, les articles subissent des baisses de prix de plus en plus importantes. «On faisait tout pour essayer d’en vendre le plus possible, parce qu’il n’y a personne qui était content de dire: on jette du stock», raconte l’ex-employé.

Comme les fruits et légumes moches

Normalement, chez Home Depot, les produits retournés en magasin par les clients sont remis sur les tablettes. Mais lorsque les produits ou leurs emballages sont abîmés, ils risquent davantage d’être jetés au compacteur, selon nos sources.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Une ancienne employée de Home Depot"},"position":9,"text":{"fr":"

Le client veut la perfection. Pour lui, un emballage abîmé équivaut à: \"le produit ne fonctionne pas\". C’est le même phénomène que les fruits et légumes moches.

"},"type":"quote"},{"position":10,"text":{"fr":"

Les retours de commandes sur Internet seraient aussi difficiles à vendre. Quand ce ne sont pas des produits tenus en magasin, les employés leur trouvent une place sur une table ou déposent les boîtes sur le plancher près des allées centrales, en espérant que les articles trouvent un acheteur.

«Si après un certain temps, ça ne se vend pas, ça traîne, c’est tout simplement jeté dans le compacteur», explique un employé actuel.

Les fournisseurs aussi blâmés

Un ancien conseiller aux ventes chez Home Depot explique que les fournisseurs n’acceptent pas toujours de reprendre leurs produits invendus ou avec des défauts. «Il y a quelques compagnies à qui il fallait renvoyer le stock, mais c’était une minorité.»

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Les retours de commandes sur Internet seraient aussi difficiles à vendre."},"contentType":"image","credits":{"fr":"123RF"},"position":11,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F63a01641-e5ed-4477-b39d-542ccd9afc3a.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":12,"text":{"fr":"

Lorsqu’ils sont défectueux ou qu’il leur manque des pièces, des produits de plus faible valeur ne sont pas toujours réparés, souvent parce que les pièces ne sont pas disponibles ou qu’il n’y pas de technicien pour les réparer. «Il ne marche plus? Tu le jettes», dit l'ex-conseiller aux ventes. Ce gaspillage «est autant la faute de Home Depot que des fabricants», dit-il.

"},"type":"paragraph"},{"position":13,"text":{"fr":"

«Tu ne peux rien faire avec»

Les conteneurs à déchets dans lesquels sont jetés des produits sont ramassés par des compagnies de gestion des matières résiduelles, constatent nos sources.

Ce qui se passe ensuite reste flou. Home Depot n’a pas voulu répondre lorsque nous lui avons demandé si ces produits neufs se retrouvent dans des sites d’enfouissement, à l’incinérateur ou ailleurs.

Professeur titulaire à l’Université du Québec à Chicoutimi et directeur de la Chaire en éco-conseil, Claude Villeneuve estime que des produits jetés pêle-mêle et compressés par un compacteur sont «contaminés» et ne peuvent pas être réemployés, recyclés ou valorisés.

Tant que les produits ne sont pas mélangés, explique-t-il, ils ont de la valeur. Mais, «au centre de tri, une fois que c’est compacté, tu ne peux rien faire avec, dit-il. Parce que les produits vont être mélangés, imbriqués les uns avec les autres.» Dans ce genre de cas, les objets risquent d’aboutir dans un site d’enfouissement ou à l'incinérateur, estime M. Villeneuve.

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Cet aboutissement constituerait selon lui un «gaspillage épouvantable», si on considère tout le cycle de vie d'un produit — extraction des ressources, transformation, fabrication, emballage, transport, mise en marché chez le détaillant, etc. — et l'empreinte écologique associée.

Pourtant, note le professeur, il existe au Québec plusieurs organismes d'économie sociale qui peuvent donner une deuxième vie aux produits mal-aimés.

Mais au Québec, les entreprises ne sont pas soumises à une loi qui leur interdit de gaspiller. «Si ce n'est pas illégal, dit Claude Villeneuve, tu peux le faire.»

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APPEL AUX LECTEURS

Vous travaillez dans un commerce de détail et avez vu des produits neufs être jetés? Écrivez-nous ou envoyez-nous des photos à mallard@lesoleil.com

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-12-09T21:45:18.665Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-12-13T08:00:00.000Z","free":false,"id":"62280d3adf2dfc9c0b9ecff34b5aa5cd","lead":"La chaîne Home Depot au Québec jette chaque année des tonnes de produits neufs aux ordures.","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-12-13T18:12:23.135Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"les-choix-de-la-redaction"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"actualite/lequipe-dimpact"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites/lequipe-dimpact"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"affaires"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"actualites/lequipe-dimpact"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"actualites/lequipe-dimpact"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"actualites/lequipe-dimpact"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites/lequipe-dimpact"}],"slug":"2022/12/13/enquete--home-depot-jette-des-tonnes-de-produits-neufs-62280d3adf2dfc9c0b9ecff34b5aa5cd","tags":[],"templateName":"article1","title":"ENQUÊTE | Home Depot jette des tonnes de produits neufs","type":"article","url":"global/contents/62280d3adf2dfc9c0b9ecff34b5aa5cd.json","visual":{"caption":{"fr":"La chaîne Home Depot au Québec jette chaque année des tonnes de produits neufs."},"contentType":"image","credits":{"fr":"Le Soleil, Patrice Laroche"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F972f9685-e123-43fb-857c-1479632f80da.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"color":null,"mainVisual":{"caption":"La chaîne Home Depot au Québec jette chaque année des tonnes de produits neufs.","contentType":"image","credits":"Le Soleil, Patrice Laroche","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F972f9685-e123-43fb-857c-1479632f80da.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F972f9685-e123-43fb-857c-1479632f80da.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}}],"position":1,"type":"content_block","photos":[]},{"position":2,"text":"

L’analyste en réduction à la source encourage la population à dénoncer publiquement ce genre de pratique dans toutes les sphères de l’économie. La pression populaire peut forcer la main de l’industrie et des gouvernements à éliminer ce gaspillage, dit-elle. «Ces entreprises ont sûrement calculé que cela leur coûtait moins cher de jeter, que de donner ou revendre la marchandise comme étant de l’usagé.»

Les géants de l’industrie doivent fabriquer des quantités plus adaptées à la réalité, plaide Équiterre, alors que les gouvernements doivent frapper l’industrie là où ça fait mal: dans le portefeuille. «Ça passe par la contrainte financière et la fiscalité, explique Mme Côté. L’autoréglementation a ses limites.»

Équiterre craint que cette histoire décourage l’effort des particuliers à réduire leur empreinte écologique.

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Ça peut décourager les gens à adopter de meilleures pratiques individuelles, quand on voit une entreprise gaspiller de manière aussi intense.

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Par courriel, Greenpeace a indiqué que tant que les entreprises ne seront pas tenues responsables du cycle de vie complet de leurs produits et de leurs stocks, «des entreprises comme Home Depot pourront et continueront à prendre, fabriquer et gaspiller (conformément) à notre système économique linéaire et brisé».

Sa représentante, Sarah King, a invité le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, à accélérer la transition vers une «véritable économie circulaire et zéro déchet qui oblige tous les secteurs à repenser leurs modèles d’affaires».

Le ministre Guilbeault a été actif au sein de Greenpeace et d’Équiterre avant son entrée en politique fédérale.

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Après avoir accepté de commenter de vive voix les révélations des Coops de l’information, mardi, le ministre qui participe actuellement à la COP15 à Montréal s’est finalement contenté d’une courte déclaration sur Twitter, en fin d’après-midi.

«Les pratiques de l’entreprise Home Depot évoquées ce matin sont inacceptables. Il existe des exemples ailleurs dans le monde où la législation encadre les invendus qui sont une source d’inspiration pour le Québec. Nous étudions la question», a-t-il déclaré dans le gazouillis.

"},"type":"paragraph"},{"position":2,"text":{"fr":"

Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont dénoncé, mardi, les agissements de la bannière qui compte 21 magasins au Québec.

Le porte-parole du Parti québécois en matière d’environnement, Joël Arseneau, considère qu’il s’agit d’un «gaspillage honteux» dans le contexte inflationniste actuel.

«En matière de gaspillage, c’est la totale, lance-t-il. Le gaspillage alimentaire est déploré au Québec, mais on ne devrait pas sous-estimer celui de biens comme ceux-là. Ç’a un coût environnemental exorbitant, en raison de la production, de toute la chaîne de transport et de l’élimination d’un bien qui n’a jamais servi.»

Le député des Îles-de-la-Madeleine croit que le cas de Home Depot est seulement «la pointe de l’iceberg» et craint que d’autres bannières préconisent des pratiques similaires.

Pour le responsable solidaire en matière d’économie, Haroun Bouazzi, «ce scandale est le symptôme d'un problème structurel» du système économique.

«Des stratégies de distributions qui se moquent des limites de notre planète, des producteurs qui se contrefichent de la réparabilité de leurs produits et enfin une partie de la population incapable de combler ses besoins de base pendant qu’on gaspille impunément: le gouvernement semble enfermé dans le vieux fantasme du marché qui s’autorégule», dit-il.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"La chaîne Home Depot au Québec jette chaque année des tonnes de produits neufs aux ordures."},"contentType":"image","credits":{"fr":"123RF"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe647da54-36fb-4c2c-9322-6e7baca41ca9.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

La responsable des questions environnementales au sein du caucus libéral, Désirée McGraw, considère qu’il est «inimaginable» que de telles pratiques de gaspillage soient acceptables, en 2022.

«Chaque décision, autant dans le secteur privé que public, doit être analysée à travers le triple bilan écologique, économique et social. Ce gaspillage d’articles n’a aucun sens selon aucun de ces enjeux. J’invite donc cette entreprise à revoir ses pratiques», poursuit-elle.

Du côté d’Ottawa, la porte-parole du Bloc québécois en environnement, Monique Pauzé, s’est dite «horrifiée» à la lecture de ce dossier. Elle entend interpeller le gouvernement fédéral.

«On va fouiller pour voir ce qu’on peut faire pour s’accrocher sur quelque chose. Ça n’a pas de bons sens», a-t-elle lancé.

Une loi réclamée

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette"},"contentType":"image","credits":{"fr":"Archives La Presse, Edouard Plante-Fréchette"},"position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fea380731-bf9b-4051-ae98-5e558a4cbeb0.JPG&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":6,"text":{"fr":"

Les partis d’opposition somment le gouvernement caquiste de se pencher sur la possibilité de légiférer afin d’interdire la destruction de matières, ou produits, qui n’ont jamais été utilisés.

«On va certainement interpeller le gouvernement», soutient Joël Arseneau.

«Un gouvernement solidaire légifèrerait pour arrêter ce non-sens et apporter un minimum de raison», poursuit le solidaire Haroun Bouazzi.

L’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, qui représente les commerces de détail dont la surface de vente est principalement dédiée aux marchés de la décoration, de la rénovation et de la construction, salue le travail d’enquête des Coops de l’information.

Son président, Richard Darveau, se dit sidéré par les constats du reportage. Il dit avoir de la difficulté à croire que ces pratiques sont généralisées dans tous les magasins Home Depot du Québec. Il répète tout de même que de telles pratiques ne devraient jamais être envisagées.

"},"type":"paragraph"},{"author":{"fr":"Richard Darveau, Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction"},"position":7,"text":{"fr":"

Chaque produit neuf ou utilisable jeté, c’en est un de trop. Disons qu’on est loin de l’économie circulaire.

"},"type":"quote"},{"position":8,"text":{"fr":"

Au lieu d’une modification législative, M. Darveau accueillerait à bras ouverts un programme gouvernemental qui encouragerait ses membres à adopter des pratiques favorisant ce type d’économie.

Après la publication de l’enquête, mardi, les Coops de l’information ont offert à nouveau à Home Depot de réagir. Une porte-parole a confirmé la réception de notre demande. Mais la chaîne n’a pas donné suite à notre requête.

+++

LOI ANTIGASPILLAGE: L'EXEMPLE FRANÇAIS

Quoi?

En février 2020, la France s’est dotée d’une loi antigaspillage qui a été bonifiée le 1er janvier 2022. Cette loi, qui vise à amener la France «vers un modèle de société plus durable», a des impacts quotidiens sur les entreprises et les consommateurs.

Pourquoi?

Dans une vidéo, le gouvernement français explique pourquoi cette loi était nécessaire: «Parce que les poubelles des Français débordent, le plastique à envahi nos vies, trier est devenu trop compliqué, ceux qui polluent ne paient assez, réparer ou réutiliser devrait être plus simple, et parce que nos produits ne durent pas assez longtemps.»

Quatre mesures phares de la loi

Interdiction de l’élimination des produits invendus (produits d’hygiène, vêtements, chaussures, produits électroniques, livres, électroménagers. Ces «invendus» doivent être donnés à des organismes ou recyclés.
Interdiction progressive de produits en plastique à usage unique comme les tubes de dentifrice, les paquets de biscuits ou les bidons de lessives. En 2040, ce sera totalement interdit.
Interdiction pour les distributeurs de jeter des denrées encore consommables et obligation pour les surfaces de vente de plus de 400 m2 de s’entendre avec un organisme pour privilégier les dons.
Mise en place depuis 2021 d’un «indice de réparabilité» (note sur 10), qui permet d’indiquer aux consommateurs dans quelle mesure le produit qu’ils achètent est réparable.

Et ici?

Au Canada et au Québec, les efforts législatifs en matière de lutte au gaspillage se sont concentrés sur le secteur alimentaire. II y aussi eu une tentative de vaincre l'obsolescence programmée, qui consiste pour une entreprise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour inciter les consommateurs à le racheter. Au final, rien n'a été retenu. Mais voici ce qui a été proposé:

En 2016, l’ex-députée Ruth Ellen Brosseau du Nouveau Parti démocratique a présenté un projet de loi privé à la Chambre des communes pour instaurer une Journée nationale de sensibilisation au gaspillage alimentaire et une stratégie nationale visant la réduction du gaspillage alimentaire. Son projet a été rejeté.
En 2019, l’ex-député Guy Ouellet avait déposé un projet de loi privé contre l’obsolescence programmée. La CAQ a repris le dossier en donnant un mandat de consultation à l’Office de protection du consommateur, mais celui-ci n’a pas donné de résultat.
En 2020, l’ex-députée solidaire de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a présenté sans succès un projet de loi afin de réduire le gaspillage alimentaire au Québec de 50% d'ici 2025. Le projet prévoyait une interdiction pour les grandes entreprises de l’alimentation et de la restauration de jeter des aliments invendus. Il aurait obligé les entreprises alimentaires - transformateurs, distributeurs, détaillants - à conclure des ententes de revalorisation des produits invendus avec des organismes reconnus.

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Voilà un gaspillage éhonté, dévoilé sur la foi de sources anonymes, par mes collègues de l’équipe d’impact des Coopératives de l’information. À lever le cœur.

"},"type":"paragraph"},{"position":2,"text":{"fr":"

Et pourtant, je ne suis qu’à moitié surpris. Aujourd’hui, on a pris Home Depot la main dans le compacteur.

"},"type":"paragraph"},{"position":3,"text":{"fr":"

Mais qu’en est-il des autres chaînes de vente au détail au Québec? Elles aussi se targuent d’avoir des pratiques de développement durable dans leur publicité et leur marketing.

"},"type":"paragraph"},{"position":4,"text":{"fr":"

Ont-elles toutes des pratiques exemplaires?

"},"type":"paragraph"},{"position":5,"text":{"fr":"

Est-ce que tous les produits invendus ou en surplus se retrouvent à l’usine de recyclage?

"},"type":"paragraph"},{"position":6,"text":{"fr":"

Permettez-moi d’en douter.

"},"type":"paragraph"},{"position":7,"text":{"fr":"

*****

"},"type":"paragraph"},{"position":8,"text":{"fr":"

Ceci dit, je ne peux m’empêcher de voir dans toute cette histoire le reflet de notre propre hypocrisie.

"},"type":"paragraph"},{"position":9,"text":{"fr":"

Notre hypocrisie à nous, les consommateurs.

"},"type":"paragraph"},{"position":10,"text":{"fr":"

Je nous reconnais tous dans cette pratique de la consommation jetable.

"},"type":"paragraph"},{"position":11,"text":{"fr":"

On ne vit que pour cela, consommer.

"},"type":"paragraph"},{"position":12,"text":{"fr":"

Tout notre modèle économique est tourné vers la consommation de ressources. Et tant pis pour la planète qui n’arrive plus à fournir tout le monde en matières premières.

"},"type":"paragraph"},{"position":13,"text":{"fr":"

Si les gros détaillants passent des produits neufs au compacteur pour faire de la place sur leurs tablettes, c’est aussi parce que nous, les consommateurs, voulons acheter des produits neufs, emballés dans d’impeccables boîtes de carton.

"},"type":"paragraph"},{"position":14,"text":{"fr":"

Dans le reportage de mon collègue Marc Allard, on disait que les produits retournés se revendent mal.

"},"type":"paragraph"},{"position":15,"text":{"fr":"

Personne ne veut d’un produit remballé dans une boîte à moitié déchirée ou rafistolée avec du papier collant. On veut la boîte neuve, le produit original, vierge, intact. Tout comme à l’épicerie on lèvera le nez sur une tomate, un piment ou une pomme a l’air défraîchi pour cueillir le fruit frais et luisant.

"},"type":"paragraph"},{"position":16,"text":{"fr":"

Quand on pointe le gaspillage chez Home Depot, il faudrait noter que sous notre doigt accusateur, les trois autres doigts pliés sont tournés vers nous. Les gros détaillants adoptent des pratiques de vente pour plaire à leurs consommateurs. C’est nous ça.

"},"type":"paragraph"},{"position":17,"text":{"fr":"

*****

"},"type":"paragraph"},{"position":18,"text":{"fr":"

J’en entends dire que les Home Depot de ce monde devraient refiler leurs surplus de produits neufs à des organismes dans le besoin. À l’exemple des épiceries qui refilent leurs surplus de nourriture à des organismes de bienfaisance. Mais oui.

"},"type":"paragraph"},{"position":19,"text":{"fr":"

D’autres disent qu’il faudrait revoir les pratiques de l’industrie pour s’assurer que tous ces produits qu’on jette aux poubelles - luminaires, électroménagers, souffleurs à feuilles, ventilateurs, etc. - soient conçus dès le départ pour être récupérables. C’est le principe même de l’économie circulaire. Bonne idée, mais il faudra que les gouvernements s’en mêlent.

"},"type":"paragraph"},{"position":20,"text":{"fr":"

J’en entendais dire aussi que les villes devraient favoriser les fameuses ventes de garage. Une belle occasion de donner une seconde vie aux objets tout en fraternisant. Mais oui, pourquoi pas?

"},"type":"paragraph"},{"position":21,"text":{"fr":"

En même temps, puisqu’on parle de refiler nos vieilles affaires aux autres, une amie m’a un jour inscrit à un groupe Buy Nothing sur Facebook. Vous connaissez peut-être la formule: des gens du quartier offrent à la ronde des objets qui ne leur se servent plus: manteaux, livres, jouets, tapis, télés, sacoches, rasoirs, fers à friser, déodorant…

"},"type":"paragraph"},{"position":22,"text":{"fr":"

Je n’ai jamais rien publié sur cette page où je me contente d’aller faire une tour de temps en temps.

"},"type":"paragraph"},{"position":23,"text":{"fr":"

Chaque fois, j’en arrive à la même conclusion: sous le couvert d’une bonne intention (récupérer), les gens se départissent d’objets inutiles, parfois pratiquement neufs, qu’ils n’auraient jamais dû acheter au départ.

"},"type":"paragraph"},{"position":24,"text":{"fr":"

J’y vois une autre expression de notre folie de la consommation, qui nous fait acheter sans réfléchir des objets dont on n’a pas réellement besoin. Des objets qu’on achète parfois, eh oui, chez Home Depot.

"},"type":"paragraph"}],"creationDate":"2022-12-13T22:10:54.128Z","externalIds":{"newscycle":"CAF4DF88-64B7-43BC-96AD-6D864BD44EA8"},"firstPublicationDate":"2022-12-14T08:00:00.000Z","free":false,"id":"4a1f6327cf09367d09e93218ea03884c","lead":"CHRONIQUE / Ainsi, Home Depot passe au compacteur des tonnes de produits neufs pour faire de la place sur ses étagères. Tout en se vantant de tout faire pour réduire son empreinte écologique. Quelle hypocrisie!","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-12-14T09:00:46.307Z","publications":[{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"ma-region"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"editionKey":"ledroitfranco","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"actualites"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"chroniques/patrick-duquette"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"chroniques"}],"slug":"2022/12/14/le-reflet-de-notre-propre-hypocrisie-4a1f6327cf09367d09e93218ea03884c","tags":[],"templateName":"article_columnist","title":"Le reflet de notre propre hypocrisie","type":"article","url":"global/contents/4a1f6327cf09367d09e93218ea03884c.json","visual":{"caption":{"fr":"Qu’en est-il des autres chaînes de vente au détail au Québec? 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