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D’abord, on a appris par la publication d’une étude de l’Université de Sherbrooke que nos jeunes n’étaient pas en forme comme les générations qui les ont précédés, puis que le gouvernement du Québec préparait la mise en place d’une nouvelle taxe sur le vapotage. Pourquoi ? Parce que cette habitude qui a remplacé la cigarette est un fléau pour leurs poumons et leurs cerveaux. Au Québec, un adolescent sur cinq vapote, et pour le tiers de ces vapoteurs, c’est une habitude au quotidien.

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Et finalement, on apprenait vendredi par un article du Quotidien que leurs habitudes vestimentaires atteignaient un laisser-aller surprenant: de plus en plus, ils vont à l’école en pyjama. Certaines directions scolaires, qui s’inquiètent aussi des taux d’absentéisme, ont trouvé nécessaire d’en parler aux parents. Dans certains cas, on les avertit que les jeunes devront se changer en arrivant en classe si c’est le cas, quitte à attendre que lesdits parents viennent leur porter de quoi se rhabiller.

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Bref, le portrait-robot de l’ado de 2022 ressemblerait-il à quelqu’un qui a le souffle trop court pour sa jeunesse, en train de vapoter en pyjama en arrivant à l’école ?

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Malheureusement, cette image n’étonnera pas beaucoup de parents. En tout cas pas ceux qui ont vu leurs jeunes aller à l’école en restant dans leur lit pendant la pandémie, qui les ont vus vivre leurs amitiés voire leurs premières amours sur des écrans en plein confinement, qui les ont consolés quand leurs bals, leurs camps d’été, leurs activités sportives, culturelles, sociales, quand leurs vies ont été mises en suspens par les innombrables interdictions sanitaires de deux années et demie de leurs courtes vies.

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Bien sûr, les constats qu’on fait aujourd’hui sur la santé des jeunes, notamment la chute de leurs capacités cardiorespiratoires comparée à ce que c’était il y a 35 ans, trouvent leurs sources dans des changements de styles de vie dont les racines sont beaucoup plus anciennes et profondes et complexes que la pandémie.

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Si les jeunes bougent moins, c’est parce que nos vies à tous ont été radicalement transformées par la révolution technologique, et avant ça par l’arrivée de la voiture, l’urbanisation, l’industrialisation de tout, en commençant par l’alimentation.

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L’effort physique n’est plus obligatoire pour à peu près rien. La nourriture qu’on nous vend — et qu’on vend aux jeunes, pas chère, trop sucrée, trop grasse, trop salée, trop dénaturée pour leur santé — est à la dérive, s’éloignant de plus en plus de ce qui est simplement bon pour nous.

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Et aujourd’hui, personne de moins de 30 ans ne se rappelle une vie sans internet, personne de moins de 20 ans, d’une vie sans téléphone intelligent…

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On ne devrait pas s’étonner que les jeunes aient le souffle court : tous les ingrédients mènent à ça depuis des décennies. Et ils n’y sont pour rien.

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Et il y a eu en plus la pandémie.

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Et cette pandémie a fait des ravages.

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Tout a été touché.

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Les jeunes, comme leurs parents, ont eu le virus. Ils ont été confinés. Ils ont vu leurs activités physiques limitées.

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Et leur santé mentale a été très affectée.

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Une étude de l’Université d’Ottawa qui a fait le survol des études sur l’impact de la pandémie sur la santé mentale a montré que partout, tout le monde, a été atteint et des chiffres autant de l’Unicef que de Statistique Canada montrent que les jeunes ont été particulièrement touchés.

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Déjà en 2021, le Réseau des pédiatres communautaires d’Ottawa affirmait craindre les séquelles chez les enfants et adolescents une fois que la pandémie sera chose du passé. Et une autre étude sur la santé publique de l’Université de Sherbrooke publiée il y a quelques mois a fourni de nouveaux chiffres : actuellement, à partir de l’âge de 16 ans, au moins 50 % des jeunes présentent des symptômes d’anxiété ou de dépression modérés à sévères.

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Et alors que le vapotage semble stabilisé, dit la recherche, la consommation d’alcool excessive, elle, est à la hausse.

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On n’arrêtera pas le progrès technologique qui rend nos jeunes branchés en tout temps, collés sur Tik Tok et les textos — écrits dans une langue qui n’est plus du français — de leurs amis. Et on ne pourra pas leur rendre les années perdues de la pandémie.

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Et on ne peut pas non plus ni décider de les obliger soudainement à jouer dehors ou à aller à l’école à pied parce que c’est mieux pour leurs cœurs et leurs poumons, si on prend nous-mêmes la voiture pour acheter la moindre pinte de lait ni s’étonner de les voir automédicamenter leurs détresses, car on le fait souvent nous-mêmes.

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Si on veut qu’ils bougent et soient en santé, il faut se promettre de gérer les pandémies en pensant à eux pour vrai, il faut construire, leur aménager des villes qui leur permettent de respirer, d’être actifs, il faut leur inventer des milieux de travail, de vie, sains.

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Il faut protéger les terres agricoles qui leur fourniront de la bonne nourriture.

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Il faut repenser tous les éléments de nos modes de vie pour qu’ils soient bons pour eux.

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Les jeunes sont comme ils sont en faisant leurs choix, mais sur les voies que nous, leurs parents, nous leur traçons.

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S’ils vont à l’école en pyjama, sans souffle, en vapotant, c’est dans le miroir qu’il faut regarder.

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