Dans une entrevue accordée au Droit en fin d’après-midi, jeudi, Françoise Lyon s’est immédiatement rangée derrière la directrice générale par intérim du MBAC, Angela Cassie, responsable de ces départs.
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« Dans le souci de bien remettre en contexte tout ce qui se dit et s’écrit sur le Musée, notre directrice générale par intérim a donné ces derniers jours de nombreuses entrevues auprès des médias, lance la présidente Lyon, Elle a toujours souligné que les décisions prises durant son intérim s’inscrivaient dans la continuité des efforts consentis pour s’engager dans la nouvelle voie portée par le plan quinquennal déposé l’an dernier. »
Mme Lyon ajoute que ce plan stratégique de cinq ans permettra au Musée d’évoluer et d’emprunter la voie du changement et de la diversité, une voie qui a été entamée au fil des ans pour se décliner plus précisément avec ce plan déposé l’année dernière.
« Pour certains, les décisions prises récemment ont été difficiles à accepter, insiste-t-elle. Il n’a pas été facile d’en arriver à ces décisions, mais il s’agissait d’une étape importante à franchir pour assurer l’évolution du Musée en tant qu’institution tournée vers l’avenir et reconnue mondialement. »
Quand Mme Lyon parle de « décisions difficiles à accepter », elle fait bien sûr référence au récent congédiement de quatre cadres au sein de la direction du MBAC. Françoise Lyon ajoute du même souffle que ces décisions ont été entérinées et appuyées par l’ensemble du conseil d’administration.
« De par la fonction intérimaire de Mme Cassie, nous nous devions d’appuyer ces décisions, précise la présidente. Nous sommes un conseil d’administration de gouvernance donc, nous prenons des décisions pour le bien du Musée et en fonction du plan stratégique que nous venons d’adopter. Évidemment, lorsque nous avons lancé le plan quinquennal, nous ne pouvions pas savoir que notre directrice générale [Sasha Suda] allait nous quitter au début du processus. Nous avons donc accepté une intérim qui poursuit le travail. »
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La lettre du ministre
Plus tôt cette semaine, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a envoyé une lettre au conseil d’administration du MBAC lui demandant des éclaircissements sur ces congédiements et sur le climat qui règne au Musée. À ce sujet, Mme Lyon a plaidé la confidentialité de l’échange avec le ministre.
« Notre réponse au ministre restera confidentielle, mais l’essence du message sera de rassurer le ministre que les gestes que nous posons respectent en tout points les bonnes règles de gouvernance, comme dans ce cas-ci où la restructuration qui a mené au départ de quatre de nos employés. Cette décision a été présentée au c.a. avant, ça été discuté et on a supporté la décision prise par la directrice générale par intérim. »
Mais, des propos émis par l’ancien directeur général Marc Mayer ont jeté de l’huile sur le feu à la suite de ces congédiements, forçant ainsi la présidente à sortir publiquement.
M. Mayer reproche notamment aux gestionnaires actuels du musée leur opacité ainsi que certaines préoccupations idéologiques et a même comparé le départ forcé des cadres aux méthodes «de la révolution russe».
« Nous devons aussi reconnaître l’existence de facteurs sociaux qui modulent les attentes de nos partenaires, de nos visiteurs et des communautés artistiques, plaide la présidente du conseil du musée. Il est regrettable de constater que certains médias ou d’anciens employés ont adopté un discours marqué d’intolérance et d’un manque flagrant de discernement devant la nécessité de mener des initiatives en lien avec le racisme, la diversité et la décolonisation. »
Vers un poste permanent
La situation intérimaire à la direction générale du MBAC ne sera pas éternelle, et devrait se régulariser bientôt, affirme la présidente du Musée.
« Si tout va pour le mieux, nous devrions avoir terminé le processus d’embauche avant la fin du premier trimestre de 2023, a-t-elle confié. Donc, d’ici la fin mars, nous devrions avoir un ou une directrice générale.»
Arrivée en poste en 2017, Mme Lyon affirme que les quatre dernières années de sa présidence ont été plutôt mouvementées. « J’ai connu un directeur et une directrice générale ainsi que deux dg par intérim. Ce n’est pas une situation idéale, avoue-t-elle. Mais, je suis confiante que le plan que nous avons adopté l’an dernier amène le Musée vers une plus grande diversité autant dans sa gouvernance que dans ses acquisitions. C’est du moins le voeu que j’exprime. »