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Une carrière à présent jalonnée d'une vingtaine de romans et de 60 nouvelles, publiés dans les deux langues. Au détour de cette œuvre, M^me Laframboise, une ingénieure de formation, a créé l'univers des Jardiniers.

Ce monde exotique né en 2002, au détour d'une nouvelle, elle l'a lentement étoffé au fil d'une saga amorcée avec La quête de Chaaas, un roman «pour adolescents déprimés», qu'elle a par la suite étayée.

Ce livre paru en 2007 aux éditions MédiasPaul a été si bien reçu que l'auteure a poursuivi les aventures de Chaaas dans une saga en cinq volumes, pour laquelle elle a été finaliste aux prix Trillium et Boréal.

En 2008-2009, le second tome de sa série jeunesse a été finaliste de la course aux prix littéraires du Gouverneur général, «ce qui est est assez rare pour un titre science fiction (SF)», note-t-elle. «J'ai aussi gagné un prix [anglophone] Aurora et posé à côté de [l'auteur du Sandman] Neil Gaiman», s'enorgueillit, Michèle Laframboise, avant de confesser que «la BD est [son] premier amour».

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Maîtresse des vents

L'auteure basée à Mississauga a ajouté cette année une pierre un peu différente au vaste monde qu'elle a créé, en signant une bande-dessinée intitulée Maîtresse des vents. Album de 92 pages qu'elle vient faire découvrir aux Rendez-Vous de la BD de Gatineau, ce week-end.

“Découvrir”, car sa BD étant auto-publiée, elle ne bénéficie pas des avantages du réseau de distribution en librairies. On peut la commander sur Internet. On la trouve relativement aisément en Ontario, notamment dans les écoles et les bibliothèques publiques, grâce à une entente avec le distributeur canadien indépendant White Hot.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Une planche de Maîtresse des vents.","contentType":"image","credits":"Reproduction avec l'autorisation de l'auteure","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F7ea97a5c-9a21-49b7-ad3f-70a8b9452b35.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"

Adolescente rebelle

Maîtresse des vents entraîne le lecteur sur la planète Luurdu, «joyau de l'empire Chh'atyl», où il fera la connaissance d'Adalou, une autre jeune héroïne de fort tempérament... dont l'esprit rebelle n'est pas sans rappeler le «caractère volcanique» de feu de Chaaas – lequel n'apparaît pas dans la BD.

Adalou est condamnée à faire un métier qui ne l'intéresse aucunement. Elle voudrait intégrer le club des «élèves du vent» puis devenir instructeur de cerfs-volant. Qui, dans ce monde stratifié, n'est pas un simple hobby, et bien davantage qu'une discipline sportive.

Il peut être tentant, pour des ados, de s'insurger contre l'autorité, dans les mondes inventés par Michèle Laframboise. Toute la société de l'empire Chh'atyl s'articule autour d'un système codifié reposant sur le prestige.

Une sorte de «méritocratie» conjuguée à une forme de patriarcat, source de quelques injustices, que l'auteure dit avoir échafaudée en s'inspirant de la Rome antique, où les jeunes gens issus des familles nobiliaires étaient poussés à une course aux honneurs effrénée.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Michelle Laframboise met son esprit scientifique à profit dans ses récits de science-fiction, et notamment la saga «des Jardiniers», développée au fil d'une série de romans jeunesse en cinq tomes: le cycle de Chaaas.","contentType":"image","credits":"Courtoisie Lesley Lockhart-Doell","position":5,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F3407ff42-99f8-4606-aae5-4f9c2e524304.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":6,"text":"

Minutie et mangas

Ce monde, elle l'a pensé et construit avec minutie. Des coiffures et vêtements jusqu'aux phénomènes météorologiques en passant par les véhicules («Les dirigeables des Jardiniers fonctionnent à l'énergie solaire et aux carburants végétal»), l'économie (la monnaie n'existe pas), le langage et la spiritualité (basée sur la culture autochtone)... tout, sur Luurdu, reflète le souci de l'auteure d'offrir un univers logique, parfaitement cohérent quel que soit son exotisme.

À la façon des univers SF de Léo (Aldébaran, Bételgeuse, etc.), Michel Weyland (Aria) ou François Bourgeon (Le cycle de Cyann), où la faune et la flore importent plus que les robots, les vaisseaux spatiaux ou les courbures de l'hyperespace.

Mais la couleur en moins. La BD Maîtresse des vents est réalisée en noir et blanc, dans un style que l'auteure reconnaît assez inspiré des mangas. Elle-même a dévoré la série Naruto.

«J'ai commencé à aimer les mangas en faisant La plume japonaise, dans laquelle j'avais l'intention de me moquer des mangas, au début. Je sais que ça peut paraître étrange, mais j'ai commencé a découvrir ces séries japonaises dont j'ignorais tout.»

Or, en finissant par comprendre «les codes graphiques et cette façon de raconter l'histoire, je suis tombée en amour» avec la BD nipponne, avoue-t-elle.

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Renseignements: Michele-Laframboise.com ; blog La savante Folle

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Scientifique dans l'âme

Avant d'être une auteure de SF, Mme Laframboise est une scientifique. Elle a d'abord rêvé de devenir géographe, puis étudié en génie civil, avant de faire «une maîtrise en environnement, sujet qui me préoccupait depuis longtemps».

Contrairement aux cerfs-volants de Luurdu, sa carrière de scientifique n'a jamais vraiment décollé, dit-elle. Mais elle «puise sans réserve» dans ses connaissances «pour créer des mondes remplis d’humour, d’invention et de merveilleux».

Sur Internet, elle joue parfois à la «vulgarisatrice scientifique» en alimentant le blog illustré La savante Folle.

Maîtresse des vents n'est pas sa première BD. En 2010, Michèle Laframboise a publié l'album La Plume japonaise (Vermillon), qui a connu un joli succès. Elle s'auto-publiait déjà à la fin des années 80. Et, plus jeune, elle dévorait la BD européenne.

Sauf qu'«en général, je détestais les héros, parce qu'il étaient toujours trop parfaits. Je préférais les personnages secondaires, comme le capitaine Haddock ou Obélix, qui sont plus colorés. Je me reconnaissais mieux», avoue l'auteure, qui estime avoir eu des tendances «autistiques», enfant.

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Les stigmates de l'auto-édition

Maîtresse des vents est édité par Échofictions (echofictions.com), la petite maison d'éditions (bilingue) que Michèle Laframboise a elle-même lancée pour continuer à diffuser les romans qu'elle a d'abord fait paraître chez Vermillon ou Vents d'Ouest — ces deux éditeurs ont fermé leurs portes après le décès de leurs fondateurs respectifs.

Depuis 2016, Échofictions a publié 43 livres. N'étant pas agréée, sa maison d'édition n'a toutefois pas les reins financiers assez solides pour s'offrir les services de gros distributeurs susceptibles de la faire rayonner en librairies.

«Il y a aujourd'hui beaucoup de gens qui s'auto-éditent, et plusieurs le font mal.» Du coup, elle a le sentiment de devoir trop souvent combattre les a priori négatifs, voire «le stigmate de 'c'est de la m***de». Pourtant, «je travaille 60 à 70h par semaine, 7 jours sur 7. Et quand je ne travaille pas, je lis», pour savoir ce qui se publie.

«Je soigne mes couvertures, j'ai une signature graphique reconnaissable même en format timbre-poste, pour que ça [soit lisible] même sur les plates-formes de vente en ligne.»

Pas toujours facile, reconnaît-elle. «Un auteur qui s'auto-édite doit être 'fort' sur les médias sociaux. Moi, c'est ça qui me nuit le plus. J'ai une infolettre mensuelle, mais pas beaucoup plus.»

Elle pourrait y consacrer davantage de temps, mais au détriment de quoi? «Tu n'es plus en train d'écrire, si t'es toujours en train de faire de la promo!»

Et puis, l'auto-édition n'empêche pas Mme Laframboise de continuer à collaborer à l'occasion avec d'autres éditeurs. À commencer par les éditions David, à Ottawa, auprès de qui elle a récemment fait paraître Le secret de Paloma – un autre récit de SF ciblant les adolescents.

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