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Depuis le 20 novembre, les hôpitaux de l'Ontario sont légalement autorisés à facturer 400$ par jour aux patients en attente d'un lit de soins de longue durée approprié s'ils refusent de prendre celui qui leur est attribué. On a critiqué la loi comme étant «fondamentalement discriminatoire» à l’égard des personnes âgées et fragiles, et deux groupes d’intérêt sont en train de préparer une contestation de cette législation fondée sur la Charte.

Cela n'est qu'un exemple de la discrimination subie par les aînés lors de la pandémie de COVID-19, pendant laquelle certaines restrictions n'ont pas pleinement tenu compte de leurs besoins et des conséquences de l'isolement.

Les restrictions punitives et les nouveaux frais d'hospitalisation lourds de l'Ontario sont deux exemples d'âgisme, qui désigne une forme systémique d'oppression dont sont très souvent victimes les aînés, y compris certaines des 170 000 personnes que l’Association nationale des retraités fédéraux représente. L'âgisme se manifeste dans le mode de pensée, sous forme de stéréotypes; dans les sentiments ressentis, sous forme de préjugés; et dans la façon d'agir, sous forme de discrimination. La façon dont une personne vit l'âgisme et la façon dont il la cible sont influencées par le sexe, la race et l'orientation sexuelle. L’âgisme se présente à nous à partir de nombreuses sources — marketing, télévision, films, médias de toutes sortes, politiques gouvernementales, prestation de soins de santé — et il peut être implicite, explicite, institutionnel et personnel.

La lutte contre l'âgisme est une priorité pour mon organisation. C'est pourquoi nous avons joint la Coalition canadienne contre l'âgisme, qui est officiellement lancée le 30 novembre, avec le soutien de l'International Longevity Centre Canada.

La raison d’être de cette coalition est d’encourager le gouvernement canadien et l’Organisation des Nations Unies (ONU) à soutenir les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son Rapport mondial sur l’âgisme, dont celle d’adopter une convention sur les droits des personnes âgées. Comme l’ONU a lancé la Décennie pour le vieillissement en santé, l’enjeu est opportun et pertinent.

Les politiques publiques, l'éducation, les données et les conversations intergénérationnelles représentent une autre forme de lutte contre l'âgisme. L’existence de l’âgisme et ses effets sont bien réels. Ils peuvent avoir des conséquences considérables pour les personnes qui les subissent. Selon l'OMS, l'âgisme est associé à une durée de vie plus courte, à une moins bonne santé physique et mentale, à un rétablissement plus lent après une invalidité, à une diminution de la qualité de vie, à l'isolement social et à des risques accrus de violence et de maltraitance à l’égard des personnes âgées.

Malgré les promesses de la ministre fédérale des aînés, Kamal Khera, d’aider les collectivités à devenir plus bienveillantes à l’égard des aînés, le gouvernement libéral a été des plus silencieux et inactif par rapport à cet enjeu. Les retraités fédéraux veulent de l'action.

Nous recommandons de commencer par des initiatives qui combinent l'éducation et la sensibilisation avec des échanges intergénérationnels, car la recherche montre qu'elles sont les plus prometteuses pour changer les attitudes âgistes. Nous sommes également d'accord avec deux recommandations de l'OMS : premièrement, améliorer les données et la recherche afin de mieux comprendre l'âgisme et les moyens d'y mettre fin; deuxièmement, créer un mouvement pour modifier le discours sur l'âge et le vieillissement.

Pour cette deuxième recommandation, un bon point de départ serait que le Canada s'engage à faire avancer le travail à l'ONU et à faire en sorte que l'ONU adopte la convention susmentionnée. Des défenseurs des aînés indépendants, efficaces et habilités dans les provinces et un protecteur des aînés au fédéral sont deux autres suggestions concrètes.

Les Canadiens âgés en ont assez. Nous devons dénoncer l'âgisme lorsque nous le constatons, et nous avons besoin d'actions gouvernementales concertées pour soutenir ces efforts. Nous avons besoin d'un changement fondamental de perspective pour éliminer les stéréotypes selon lesquels les aînés sont un élément faible, dépendant et non contributif de la société.

Comme de nombreux pays développés, la population du Canada est vieillissante. Lors du recensement de 2021, plus de 861 000 personnes avaient 85 ans et plus. D'ici 2046, ce nombre pourrait tripler et atteindre près de 2,5 millions. Cela signifie que le nombre de personnes touchées par l’âgisme augmente également. Le moment ne pourrait être mieux choisi pour s’attaquer à l’âgisme et y mettre fin.

Anthony Pizzino est le directeur général de l’Association nationale des retraités fédéraux.

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