Doit-on se sentir coupable d’écouter la Coupe du monde au Qatar ?

Des partisans de la Belgique porte des t-shirts ornés du logo  «One Love», un cœur multicolore symbole de la lutte en faveur des droits LGBTQ+, alors qu'il assistent au match entre le Canada et la Belgique dans le cadre de la Coupe du monde, à Doha, au Qatar.

POINT DE VUE / L’équipe masculine canadienne de soccer participe à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les partisans sont à la fois excités d’écouter la plus belle des compétitions de soccer, mais ils sont également perplexes en raison du contexte extra-sportif. Pour un Occidental, une certaine forme de dissonance cognitive peut se manifester, c’est-à-dire qu’un décalage se crée entre ses valeurs personnelles (égalité de genre et de sexe, dignité humaine) et celles imposées par le pays organisateur de la Coupe du monde (absence des droits des femmes, interdiction de l’homosexualité et des signes publics en faveur des communautés LGBT+).


Un inconfort ou un malaise peut alors se manifester chez un amateur de soccer: si la dissonance cognitive est trop grande, il peut décider de boycotter l’événement: «Je n’écouterai pas le Mondial. »

Pour un autre, il peut choisir d’écouter la compétition, tout en étant conscient qu’il est en désaccord avec le pays organisateur: « Je suis au courant des scandales humains, sociaux et environnementaux, c’est affreux, mais le soccer est trop important.»

Pour un autre amateur, il peut écouter sans conflit de valeurs cet événement: « L’Occident n’a pas à imposer son système de valeurs aux autres pays » ou « l’Occident n’a pas à donner de leçons morales aux autres, en raison que les communautés LGBT+ ne sont pas exemptent de danger chez eux.

Concernant le choc des valeurs entre l’Occident et un autre pays. Doit-on imposer nos valeurs occidentales lors d’une Coupe du monde? Si la réponse est négative. Comment alors se faire respecter, mais tout en respectant les us et coutumes du pays hôte? Est-ce compatible? Peut-être que le contexte social et religieux du pays, en l’occurrence le Qatar, ne permettait pas cet «accommodement raisonnable» avec les Occidentaux. Peut-être qu’il aurait été plus judicieux d’accorder la Coupe du monde a un pays organisateur qui respecte davantage les droits de la personne.

Espérons que cette Coupe du monde sera une occasion pour que la FIFA se regarde dans le miroir et qu’elle perçoive ce qu’est devenu le soccer au nom du sportwashing, c’est-à-dire qu’au nom du profit, la FIFA a sacrifié l’intégrité morale des valeurs sportives basées sur l’équité, l’égalité et la dignité humaine.

Christian Bergeron, Ph. D. sociologue. Professeur à temps partiel - Nomination long terme Faculté d’éducation Université d’Ottawa