Chronique|

La passion contagieuse de Farah Alibay

Farah Alibay, la jeune vedette québécoise de la NASA, a reçu un un doctorat honorifique à l’Université du Québec en Outaouais.

CHRONIQUE / Je dois avouer que je suis tombé sous le charme de Farah Alibay, la jeune vedette québécoise de la NASA.


La scientifique de 34 ans recevait mercredi un doctorat honorifique à l’Université du Québec en Outaouais.

C’était l’occasion de saluer le parcours en tout point extraordinaire de cette jeune femme de Joliette que le Québec a découverte en raison de sa participation à la mission scientifique sur Mars, en 2020.

Avec ses collègues de la NASA, cette ingénieure en aérospatiale a réussi à faire atterrir une astromobile sur la planète rouge, en plus d’y faire voler un hélicoptère téléguidé.

Deux exploits scientifiques de haut rang qui, en moins de deux, ont propulsé Farah Alibay au rang de vedette au Québec, où elle séjourne ces jours-ci pour le lancement de son livre Mon année martienne.

La rectrice de l’UQO, Murielle Laberge, a longuement salué ses exploits. Voici une femme issue des minorités, a-t-elle dit, qui se taille une place dans le monde très masculin de la science et de la technologie, tout en faisant la promotion de l’équité, de la diversité, de l’inclusion. Et qui a obtenu son doctorat en génie au MIT, une des plus prestigieuses écoles américaines, avec une note parfaite de 5.0 sur 5.0.

À cette mention, les étudiants dans la salle ont fait: oooooh…

De gauche à droite, la rectrice de l’UQO, Murielle Laberge, Farah Alibay, et la présidente de l’Université du Québec, Johanne Jean.

Mais là où je suis tombé sous le charme, c’est quand Farah Alibay a pris la parole. «Je dois vous admettre, a-t-elle commencé, que quand j’ai dit à une amie que je recevais un doctorat honoris causa, elle m’a répondu: ce n’est pas pour les vieux ça?» J’ai ri, les gens dans la salle aussi.

Il y a quelque chose d’irrésistible dans sa manière de se prendre si peu au sérieux alors qu’elle a réussi à faire voler un hélicoptère sur Mars, alors qu’elle est une des rares personnes au monde à tenter de découvrir si la vie existe ailleurs.

Aux jeunes diplômés, Farah Alibay a ensuite livré un message entendu mille fois, celui du rêve américain: n’ayez pas peur d’aller au bout de vos rêves, de suivre votre instinct, de faire ce qui vous passionne, sans craindre l’échec… Un message qu’on aurait dit tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Pourtant, dans la bouche de cette fille d’immigrés malgaches, victime d’intimidation à l’école en raison de sa peau foncée, il revêtait de puissants accents de vérité.

Farah Alibay a confié que malgré les apparences du succès, sa vie à elle aussi a été faite d’essais et d’erreur, de U-Turns, de retour en arrière. Elle a terminé son bac de justesse… Durant ces heures de doute, elle aurait aimé qu’on la rassure sur cette vérité fondamentale de l’univers: il faut accepter d’échouer, parfois 10, 50, 100 fois, avant de connaître la réussite. Une vérité qu’on a tendance à oublier avec les médias sociaux, a-t-elle remarqué, qui mettent en scène le succès, mais gomment les échecs. Très juste!

Si elle a accepté de participer à la fameuse mission sur Mars, c’est un peu par accident. À l’époque, la NASA lui proposait aussi un autre poste, plus important, mais moins gratifiant qu’une mission sur la planète rouge. Elle a hésité. Avant de suivre son instinct, et d’opter pour l’option la plus l’fun. «Je me suis retrouvée sur Mars et, par la bande, ici même, avec vous aujourd’hui…»

Farah Alibay me fait penser à la célèbre peintre Frida Kahlo. Même regard sombre et brillant, même sourcils prononcés, même cheveux d’un noir de jais, même bouche au rouge éclatant… Tout comme Frida, elle est devenue le modèle d’une génération. Grâce à elle, plein de jeunes femmes rêvent sans complexe à une carrière scientifique.

Après la mission sur Mars, la NASA lui a confié la responsablité de mettre en orbite un télescope spatial. Toujours dans le but de répondre aux questions existentielles de l’univers. Existe-t-il de la vie ailleurs? Comment l’univers a-t-il été créé?

Le parcours de Farah Alibay a été jalonné de doutes, d’essais et d’erreurs, d’échecs aussi, qui sont le prix de la réussite. Un parcours qui ressemble à celui de cette science qu’elle aime tant.