Vers un vendredi de moins en moins fou

Une visite aux Galeries de la Capitale mardi a permis de constater que l’achalandage était légèrement plus élevé qu'à l'habitude, selon les commerçants rencontrés.

À quoi ressemblera le Vendredi fou cette année? Attendez-vous à une journée de magasinage achalandée, mais pas à la frénésie vécue avant la pandémie.


«Vous ne verrez pas de gens se chamailler pour une télé», rassure Yan Cimon, professeur en management à l’Université Laval. 

N’empêche, les Québécois seront tout de même au rendez-vous, prédisent les experts : près de 41 % des consommateurs comptent profiter des soldes durant cette période, selon un sondage du Conseil québécois du commerce au détail (CQCD).

Le plaisir de magasiner

Une visite aux Galeries de la Capitale mardi a permis de constater que l’achalandage était légèrement à la hausse, selon les commerçants rencontrés. «Les gens magasinent des vêtements pour les Fêtes et pour s’habiller pour l’hiver», dit la gérante du H&M. Même constat chez Best Buy, Sports Experts et Renaud-Bray, dont l'affluence semblait constante.

Plusieurs facteurs expliquent l'augmentation de la clientèle en magasin. «Le temps froid fait rentrer les gens dans les centres commerciaux, tout comme la levée des mesures sanitaires et l’ambiance des Fêtes qui attire les gens. Ils ont retrouvé le plaisir de magasiner. C’est une activité sociale pour plusieurs Québécois», explique Maryse Côté-Hamel, professeure en sciences de la consommation.

Mais inutile d’attendre à vendredi pour faire le pied de grue devant son magasin préféré. Dans la plupart des commerces, les rabais tant attendus sont déjà offerts à la clientèle.

Des rabais devancés

Prévente, pré-vendredi fou, la semaine du vendredi fou, etc. : les formules ne manquent pas pour devancer la fameuse date du vendredi.

Prévente, pré-vendredi fou, la semaine du vendredi fou, etc. : décidément, les formules ne manquent pas pour devancer la fameuse date du vendredi 25 novembre. 

La tendance à l'étalement des soldes se confirme cette année, alors que les grandes chaînes affichent depuis le début de la semaine des promotions en ligne et en magasin. Cette pratique d’échelonner les rabais serait profitable non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour les commerçants. 

«Les consommateurs peuvent prendre le temps de réfléchir à leurs achats et revenir plus d’une fois en magasin durant la semaine», soutient Maryse Côté-Hamel.

Cela rend également l’expérience de magasinage plus agréable. «On évite les longues files d'attente, les corridors bondés et le chaos vu il y a quelques années aux États-Unis», ajoute-t-elle. Plusieurs chaînes comme Best Buy assurent à leur clientèle que les rabais ne varieront pas durant la semaine.

À l’inverse, cette pratique peut avoir pour effet de désintéresser le consommateur, affirme son collègue Yan Cimon.

«En se devançant les uns les autres, les détaillants se nuisent. C’est devenu une pratique courante. Les Québécois sont habitués aux rabais qui se répètent durant l'année. Il y aura ensuite les soldes d'avant Noël, le Boxing Day et les ventes de janvier. Pas étonnant qu’il y ait moins d’intérêt pour le Vendredi fou», juge-t-il.

Acheter, malgré l’inflation

L’inflation joue également un rôle. Elle freine les ardeurs des consommateurs et limite leur pouvoir d'achat. D'un autre côté, elle les incite à courir les aubaines et les bas prix, nuance Mme Côté-Hamel. «Ces soldes pourraient les inciter à acheter dès maintenant leurs cadeaux de Noël, surtout qu'il y a toujours la crainte de problèmes d'approvisionnement et de pénuries de marchandises comme l'an dernier», explique-t-elle.

Lors du Vendredi fou et du Cyberlundi, les consommateurs prévoient dépenser majoritairement pour l’achat de vêtements (75 %), d’électronique ou d’ordinateur (65 %), puis de chaussures (63 %) et d’articles de maison ou décoration (62 %), rapporte le sondage du CQCD.

En ligne et en magasin

Ferez-vous la file en magasin? Plus de la moitié des consommateurs (53%) comptent opter pour l’achat en ligne lors du Vendredi fou et du Cyberlundi et 34% se rendront dans les centres commerciaux.

Or, «on n’achète pas en ligne et en magasin de la même façon», répète Mme Côté-Hamel. L’expérience en magasin est plus propice à nous faire dépenser davantage. Une musique de Noël entraînante, une fragrance agréable, un service à la clientèle efficace : et hop, voilà que le panier se remplit.