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«Est-ce acceptable que notre système scolaire traite les enfants différents comme le mien de cette façon?», me lance-t-elle, avec un regard où je lis la révolte et le désespoir.

Non, madame, ça ne l’est pas. C’est inacceptable. On est capable de mieux.

Z. n’a que 14 ans.

Un petit gars intelligent, doué pour les mathématiques.

Un enfant qu’on classe dans la catégorie des «neuro-atypiques».

En clair, Z. est autiste.

Avec TDAH sévère, anxiété, dyspraxie…

Oui, Z. a de la misère à gérer ses émotions.

Mais jusqu’à la fin de son primaire à Gatineau, tout allait relativement bien. Assez bien en tout cas pour qu’il suive le parcours scolaire régulier.

Et puis, ça a dérapé. Solide.

Les troubles de comportement ont débuté à la fin du primaire avec la COVID. Ils ont aussi coïncidé avec des changements à l’école: nouvelle direction, nouveaux intervenants… Et à la maison: décès du grand-père, séparation… Les enfants comme Z., anxieux, d’une rigidité militaire, réprouvent les changements qui troublent leur écosystème organisé et prévisible.

Au secondaire, Z a été placé dans une classe adaptée, avec parcours scolaire régulier. En principe, une formule gagnante pour lui. Il allait évoluer à son rythme dans une petite classe de rien du tout: 8 élèves, un prof, deux TES et une psychoéducatrice en soutien…

Sauf que… rien ne va plus.

Depuis deux ans, c’est suspension après suspension pour Z. «Mon fils se fait exclure de l’école sans arrêt», raconte sa mère.

Les troubles de comportement de Z. ont repris dès les premières semaines du secondaire, et n’ont cessé d’empirer depuis.

Il multiplie les crises où il insulte le personnel scolaire, les autres étudiants… Des crises parfois violentes au point où l’école a déposé des plaintes à la police.

«Il y a maintenant 8 plaintes au criminel contre mon fils, soit parce qu’il a menacé, soit parce qu’il a lancé un crayon lors d’une de ses crises», raconte sa mère. Est-ce normal de vouloir judiciariser un enfant qui n’avait à ce moment que 12 ou 13 ans?» s’interroge-t-elle encore.

Non madame, je ne peux pas croire que ce soit normal.

Comme c’est la norme, le Centre de services scolaire des Draveurs refuse de commenter le cas particulier de Z.

Mais les parents m’ont fourni leurs échanges courriel avec l’école. On y sent une école dépassée par la violence des réactions de Z., malgré les protocoles en place.

On sent aussi que le lien de confiance s’effrite entre les deux parties. Que la méfiance règne, peut-être en raison de la judiciarisation du dossier.

L’école envisage de transférer Z. dans une classe pour enfants avec trouble de comportement.

Les parents s’y opposent de peur que leur enfant, déjà influençable, se retrouve avec des délinquants. Alors qu’il est neuro-atypique. Alors qu’on sait qu’il est capable de réussir à l’école, mais dans certaines conditions.

Chose certaine, exclure Z. à répétition de l’école n’est pas une solution viable, plaident les parents. Z. a besoin de socialiser, d’être scolarisé, d’apprendre à fonctionner en groupe.

Le suspendre à répétition, c’est brimer son droit fondamental à l’éducation.

Pourtant, au moment où vous lirez ces lignes, Z. est à la maison jusqu’à nouvel ordre.

Sous le coup d’une énième suspension. Vendredi dernier, il a traité le personnel scolaire de gangs d’incompétents…

L’école lui impose huit heures de scolarisation par semaine… à la maison.

Huit heures qui doivent se faire en présence des parents, tous deux travailleurs à temps plein. Donc en soirée où les fins de semaine, alors que Z. est fatigué de sa journée, alors que sa médication perd en efficacité.

Mon fils mérite mieux, beaucoup mieux, dit Pascale Vigeant.

Je n’ai pas la solution. Et comme il me manque une version de l’histoire, celle de l’école, je réserve mon jugement.

Mais il me semble à moi aussi que Z. mérite mieux.

Il n’est pas trop tard pour le réchapper. Lui qui aimait tant l’école à une époque. Et qui ne veut plus y aller.

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