La femme de 36 ans s’apprête à se rendre au pôle Sud, pendant environ un mois, au départ de Hercules Inlet, au début décembre. L’athlète doit parcourir plus de 1100 km, dans des températures qui pourraient varier de -25 degrés Celsius à -40… - 50 avec le facteur vent. Avec ce trajet, elle pourrait aussi battre le record de vitesse pour une femme de tout près de 39 jours. Originaire de la Rive-Sud de Montréal, celle que l’on connaît aussi comme cinéaste vit maintenant en Norvège avec son mari, l’explorateur polaire Vincent Colliard.
Caroline Côté, qui a habité Sherbrooke enfant, a toutefois encore un pied-à-terre à Montréal. C’est d’ailleurs là que je l’ai attrapée, à la mi-novembre, à la veille de son départ pour Punta Arenas, au Chili, d’où les vols partent vers le pôle Sud.
Les difficultés, sur cette terre glacée, pourraient être nombreuses.
« Ce qui me fait le plus peur, c’est le vent : on ne peut pas se cacher ou se mettre à l’abri, on doit endurer… Le vent prend vraiment beaucoup d’ampleur. Il n’y a même pas de petites collines où je vais être, ça va être tout plat. »
Dans les conditions et le froid où elle avancera, « tout peut dégénérer rapidement », dit-elle en citant en exemple la perte d’un gant. Avec le régime hypercalorique qu’elle doit prendre, elle ne sait pas comment son corps pourrait réagir, énumère-t-elle également.
La navigation, particulièrement en cas de brouillard, pourrait poser des défis particuliers. « J’ai vu beaucoup d’équipes – parce que je suis guide aussi parfois – qui tournent en rond. Pour la personne à l’avant, c’est difficile d’avancer et d’avoir des points de repère. C’est complexe de s’orienter lorsqu’on ne voit pas… », dit-elle, en soulignant qu’elle a pu se pratiquer au cours des derniers mois.
Au moins, elle n’aura pas à surveiller les ours polaires : il n’y en a pas. « Ça m’aide beaucoup parce que je n’ai pas à apporter d’arme comme dans les expéditions en Arctique que je fais régulièrement. »
Pour se préparer, elle a pris part à une expédition au Groenland, cet automne. Avec quels apprentissages est-elle repartie en vue de l’Antarctique? « L’expédition au Groenland, c’est pour moi un récapitulatif de mes acquis dans le passé. »
Les températures n’y ont cependant pas été très froides.
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Protéger nos hivers
Sur les terres qu’elle traverse, Caroline est témoin des impacts des changements climatiques. Elle est d’ailleurs associée à l’organisme Protect Our Winters (POW) depuis environ un an.
« Dans les milieux polaires, on voit les changements en quelques années. Le Groenland est un endroit très touché, l’Antarctique aussi. »
De voir la réalité sur le terrain lui a donné envie d’agir. Il lui arrive qu’on lui dise qu’elle pourra passer à tel ou tel endroit, mais qu’il ne soit plus accessible faute de glace, par exemple.
« C’est complexe de travailler dans un milieu que l’on voit se dégrader… » Les coûts de l’expédition sont de plus de 100 000 $, et des fonds sont aussi amassés pour POW.
Elle-même s’interroge sur les impacts de ses déplacements et sur son empreinte.
« L’Antarctique, c’est mon grand défi. Je pense qu’après, si je veux être responsable dans ce que je promeus, mon but c’est de rester au même endroit, d’avoir le moins d’impacts possible et de discuter avec les gens de ces changements », dit celle qui prévoit notamment aborder ces questions lors de conférences avec des jeunes en Gaspésie.
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Au sujet de La grande traversée…
Je vous parlais récemment de La grande traversée prévue par Anabelle Guay, qui doit quitter l’Estrie en juin pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine en vélo, à la marche et à la rame océanique. Un périple sous forme de triathlon revisité qui lui fera parcourir quelque 1250 km. Caroline Côté fera partie de l’équipe de tournage à titre de réalisatrice, aux côtés de Dominic Faucher.
« Je trouve que c’est audacieux de faire un si grand projet à l’âge qu’elle a. J’ai envie de la soutenir là-dedans, et surtout, elle s’est entourée d’experts… »
Le périple d’Anabelle s’avère aussi une très belle voix pour les gens qui ne sont pas représentés dans l’univers des sports, souligne l’exploratrice.
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