Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu autant de monde à la Maison du citoyen, un mardi soir pluvieux du mois de novembre!

Des intervenants de rue, des avocats, un père de famille, des organismes communautaires… plus d’une quarantaine de personnes, avec des préoccupations différentes, se sont succédé au micro jusqu’à tard dans la soirée.

Il arrive parfois que le conseil municipal soit pris d’assaut par des groupes d’intérêt qui programment des questions à l’avance. Mardi, c’était autre chose, une faune différente de celle qui fréquente habituellement l’hôtel de ville. J’ai entendu des gens sincèrement préoccupés par l’avenir du centre-ville de Gatineau.

Et ça ne m’étonne pas, cette levée de boucliers.

La mairesse France Bélisle a joué les gros bras dans ce dossier, en poussant très fort pour que le QG de la police déménage sur le site de Guertin, sans passer par des consultations publiques. «Il faut mettre nos culottes, a-t-elle lancé début novembre. On ne peut pas se rabattre sur la consultation publique à tout vent parce qu’on doit prendre des décisions qui peuvent faire peur.»

Peut-être, sauf que devant une telle attitude, les gens trouvent d’autres moyens de se faire entendre. Ils manifestent, ils investissent le conseil municipal, ils écrivent des lettres au Droit…

Et ça donne ce que ça donne: un débat mal entamé, déjà extrêmement polarisé, peu transparent, sur une question qui est pourtant hautement d’intérêt public. Les discussions sur un site municipal aussi stratégique pour l’avenir du centre-ville que Guertin devraient être réfléchies, sereines, bien documentées…

Tout le contraire de ce à quoi on assiste actuellement. À croire que la malédiction de Guertin continue d’opérer même si les Olympiques ont quitté le vieil aréna!

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Je pense que l’administration Bélisle a pris ce dossier par le mauvais bout dès le départ. Pressée de trouver un terrain de rechange pour le poste de police qui devra céder sa place au futur hôpital, elle s’est fiée surtout aux analyses du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG).

Le SPVG qui est une partie intéressée dans ce dossier. Rien d’étonnant à ce qu’il favorise Guertin pour son futur QG. C’est le meilleur terrain disponible. Comme c’était le meilleur terrain disponible, aux yeux de plusieurs, pour accueillir le futur hôpital ou un écoquartier de 700 logements. Le site de Guertin est l’emplacement idéal pour bien des affaires…

C’est pourquoi le conseiller d’Aylmer, Steven Boivin, a raison quand il dit qu’il faut recadrer le débat. «On parle beaucoup de quel est le meilleur emplacement pour le QG de police, mais on parle peu de quelle est la meilleure infrastructure pour le site Guertin», a-t-il souligné.

C’est sous cet angle qu’il faut aborder la question. Quel est le meilleur usage que la Ville de Gatineau puisse faire du site de Guertin? Est-ce vraiment d’y établir un QG de police qui ne rapportera pas un sou à la Ville de Gatineau? Un QG qui risquerait, en plus, de déplacer les itinérants vers d’autres secteurs de la ville, où il n’y a pas de services pour eux? Est-ce que ce ne serait pas plus rentable, pour le centre-ville, d’y construire des logements abordables? Une bibliothèque? Une infrastructure sportive?

La hâte est mauvaise conseillère. La mairesse Bélisle ne gagnera pas de temps à escamoter des études comparatives ou des consultations publiques. Prenons le temps de faire les choses comme il faut. Dans le cas du site Guertin, on s’apprête à prendre des décisions cruciales pour les deux ou trois prochaines générations de Gatinois.