La Franco-Algérienne aboutit au pays à la fin mars 2020, au tout début de la pandémie. Après des séjours à Oakville et Barrie, elle arrive à Kingston en janvier 2021 – en plein confinement – avec son mari et leurs deux enfants.
«Ce n’était pas un choix réfléchi […] J’y suis atterri un peu par hasard», dit-elle quant à sa destination.
En fait, ce déménagement est provoqué à la suite d’une promotion au boulot, plus précisément dans une école de langues pour les membres des Forces armées canadiennes.
Le changement de ville s’est effectué en deux semaines.
À l’époque, les consignes sanitaires font en sorte qu’elle demeure en mode télétravail jusqu’au mois de juin. «Pour m’intégrer, c’est un peu difficile depuis la maison», se rappelle-t-elle.
L’été apporte un déconfinement et une lueur d’espoir pour Mme Naciri.
Se sentir «plus utile»
Petit à petit, des rencontres communautaires en plein air se multiplient dans des parcs.
«Très vite, j’ai eu besoin de m’inscrire dans la communauté, de me sentir plus utile.»
Elle choisit donc de quitter son emploi de professeure de français pour devenir coordinatrice artistique au Centre culturel Frontenac, un lieu voué au rayonnement des arts et de la culture en français à Kingston.
De fil en aiguille, elle décide de mettre à profit son expérience professionnelle variée acquise en France – et celle de nouvelle arrivante au Canada – en vue de rejoindre les rangs de l’Association canadienne-française de l’Ontario – Conseil régional des Mille-Îles (ACFOMI). L’accueil et l’intégration d’immigrants francophones se trouvent au cœur de leur mandat.
«Je me suis recentré dans le besoin d’aider des gens et d’apporter mon expertise, notamment à titre de marraine pour ceux qui viennent s’installer à Kingston», souligne-t-elle.
De plus, à force de s’inscrire dans différents «cercles francophones», elle comble son vide ressenti depuis son arrivée en sol ontarien.
«Ça crée encore plus d’humanité. Je trouve que ça me remplit aujourd’hui. Même si nous sommes en milieu anglophone, dans une petite ville, il y a vraiment une dynamique où l’on retrouve quelque chose de très convivial.»
Sentiment d’appartenance
Mme Naciri remarque que cette «connexion avec les gens» ne s’est pas produite dans ces villes adoptives ontariennes précédentes. Son intégration au sein de la communauté francophone actuelle la surprend toujours.
«Oui, je suis arrivée à Kingston par hasard, mais maintenant que j’y suis je me dis wow! Il y a un genre de sentiment d’appartenance. Je n’y aurais jamais cru.»
Il faut savoir que la décision d’émigrer en Ontario et non le Québec était voulue par le clan familial.
«On ne voyait pas le fait de vivre dans une minorité linguistique comme une barrière. On s’est jetés à l’eau!», s’exclame-t-elle.
Outre l’accueil chaleureux de la communauté francophone de Kingston, Mme Naciri se souvient d’une même ouverture en matière d’employabilité.
«Au chapitre des emplois bilingues ou francophones, on laisse la chance aux gens, enchaîne-t-elle. On leur tend la main. Et ça, c’est inestimable parce qu’en matière d’intégration, on pense souvent qu’on doit recommencer à zéro.»
Conseiller les immigrants
Aujourd’hui à titre de conseillère à l’emploi à l’ACFOMI, c’est elle qui épaule souvent les nouveaux arrivants dans leur recherche de boulot.
«Je peux me mettre dans les chaussures de la personne qui est en face», affirme-t-elle en parlant en pleine connaissance de cause.
Parfois même, elle rencontre des familles à l’extérieur des heures du bureau pour mieux les accommoder dans leurs besoins.
«Je veux participer à la croissance et au développement de la communauté […] Il y a des gens pour qui un simple bon retour d’expérience fera toute la différence. Personnellement, c’est ce qui a fait que je suis restée à Kingston. J’aurais pu juste claquer la porte à l’école de langues pour laquelle je travaillais et aller ailleurs. Mais ça serait vraiment du gâchis de quitter cette ville.»
«Je suis très bien où je suis.»
Donc, «un hasard» que Mme Naciri ait atterri avec sa famille à Kingston? Le hasard fait bien les choses, comme le dit le vieil adage.