L’Outaouais compte trois appareils d’imagerie à résonance magnétique (IRM).
Presque un luxe! Mais faute de personnel en nombre suffisant pour les faire fonctionner, l’équipement dort sur place. Les appareils sont là. Mais pas les technologues, nous révèle ma collègue Justine Mercier.
Résultat: 3000 patients végètent sur les listes d’attente.
Des milliers de patients qui se morfondent, certains pendant des mois, à l’idée qu’un cancer leur ronge le sein ou la prostate. Imaginez-vous le coût social, économique d’une telle attente?
Se coucher chaque soir avec l’idée que, peut-être, une tumeur grossit tranquillement pas vite dans votre organisme? Les médecins auraient beau me dire que j’ai un cancer qui progresse lentement, que tout est sous contrôle, je pense que je finirais par en faire une dépression.
Je compatis au sort de ces 3000 patients en attente. À leur place, je me rendrais disponible 24 heures sur 24 pour aller subir mon examen d’IRM. En plein milieu de la nuit s’il le faut! Mais c’est impossible. Le manque de personnel est si flagrant qu’il n’y a aucun technologue en poste de soir à l’hôpital de Gatineau. Les trois IRM ne fonctionnent qu’à environ 20-30 % de leur capacité...
Encore une fois, les solutions à court terme font défaut.
Certains cas sont relayés à Montréal, à Maisonneuve-Rosemont ou Verdun.
Mais ce n’est pas tout le monde qui a les moyens ou la santé pour se taper le voyage jusqu’à Montréal, sans compter la nuit à l’hôtel. Et pourquoi Montréal? Pourquoi ne pas établir un corridor de service vers les hôpitaux d’Ottawa? C’est moins loin, plus accessible.
Vous me direz: ce sont deux provinces, deux systèmes de santé différents. Je ne comprendrai jamais que deux villes voisines ne puissent mieux coordonner leurs efforts pour soigner un même bassin de population.
Et le privé? Les examens d’IRM coûtent autour de 750$ pour 45 minutes. Tant mieux pour ceux qui peuvent se le permettre. Mais bonjour le système de santé à deux vitesses!
Le CISSSO fonde beaucoup d’espoir sur les futurs technologues formés par le Cégep de l’Outaouais. La première cohorte ne sera pas prête avant 2025. Et encore faudra-t-il les convaincre de travailler en Outaouais! Dans ce domaine aussi, les salaires offerts en Ontario sont près de 10$ l’heure supérieurs à ceux du Québec.
C’est l’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, qui avait annoncé le troisième appareil d’IRM en 2019.
Je vous ressors sa déclaration de l’époque: «Les patients en attente d’un diagnostic méritent d’avoir accès rapidement à des examens d’une grande importance, essentiels à une intervention mieux ciblée par la suite», disait-elle.
C’était vrai à l’époque, ça le demeure aujourd’hui. Le gouvernement Legault nous promet un nouvel hôpital d’ici 2032. Mais d’ici là, on fait quoi?
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Le plus ahurissant?
Ce genre de nouvelles n’offusque plus personne en Outaouais.
On est tellement habitués de voir le personnel infirmier quitter pour l’Ontario qu’on ne s’en émeut plus.
Nous voilà apathiques, résignés. J’en entends qui disent: bah, il faudra bien mourir un jour!
Ceux-là ne poireautent pas sur une liste d’attente en santé.
À Montréal, la situation dans les urgences a conduit le gouvernement Legault à former, sans attendre, une cellule de crise.
Rien de tel en Outaouais où on invite les patients à aller se faire soigner… à Montréal.
Une cellule de crise, en Outaouais, il en faudrait une pour tout le système de santé, pas juste pour les urgences. Et depuis longtemps!