«Je me suis rendu compte qu’il aimait vraiment la folk country américaine. Il allait y puiser beaucoup de chansons et il les faisait adapter par ses compères», dévoile Garou qui admire le flair de l’artiste et de ses complices Pierre Delanoë et Claude Lemel.
«Ces gars-là réussissaient à faire de la pop française avec de la folk country américaine!» s’émerveille-t-il.
Son hommage est à la fois le fruit d’une démarche réfléchie et d’une grande spontanéité.
Garou connaissait déjà la musique de Joe Dassin, mais il a tenu à rencontrer les fils du chanteur et à discuter avec des personnes qui l’ont connu afin de s’imprégner de «l’essence de Joe».
«C’est évident qu’il aimait la simplicité des mots, mais la grandeur des idées», déclare l’artiste qui observe plusieurs similitudes entre la carrière du célèbre chanteur et la sienne. Notamment leurs racines américaines, leur intégration à l’Europe, leur place privilégiée au sein de la francophonie et leur carrière au-delà de celle-ci.
«C’est fou comme [nos] parcours se ressemblent! Heureusement, j’ai passé le cap des 41 ans, parce que je pense que les excès… c’est un autre point en commun», mentionne Garou.
Poussant plus loin ses recherches, il a appris que le grand-père de Joe Dassin aurait été déporté de la ville d’Odessa vers les États-Unis.
Le nom de cette ville au bord de la mer Noire est tristement familier à ceux qui suivent l’actualité en lien avec l’invasion russe en Ukraine. Garou, qui donnait fréquemment des concerts dans ces deux pays, connait aussi cette ville.
On dit que l’agent d’immigration qui s’est occupé des papiers du grand-père de Joe Dassin aurait mal compris le nouvel arrivant. Il aurait déformé le nom de la ville Odessa pour en faire le nom de famille Dassin.
«Comme un party de famille»
Après cette immersion dans la vie de Joe Dassin, Garou a invité ses musiciens à enregistrer l’album dans sa grange en Estrie.
«J’ai des gars exceptionnels qui sont venus m’aider à agrandir la grange et faire une régie», raconte l’artiste originaire de Sherbrooke.
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Tous les morceaux ont été enregistrés à cet endroit, dans une ambiance de party de famille, sauf la voix de Robert Charlebois qui accompagne Garou sur la chanson Les plus belles années de ma vie.
Le passionné de Joe Dassin mentionne qu’il avait besoin de quelqu’un d’un peu plus vieux que lui pour chanter cette chanson qui évoque des années où il n’était pas encore né.
Il a aussi invité Gabriella Laberge (The Voice, America’s Got Talent) à mettre un peu de son violon et de sa voix dans ce projet.
La maison de disque de Garou, Universal Music France, a été très surprise par la proposition de l’artiste.
Alors que la country est de plus en plus populaire au Québec, ce genre tarde à conquérir la France. Selon le Québécois, c’est plutôt que les Français tardent à assumer leur amour pour cette musique qui s’apparente à ce qu’offre le bien-aimé Francis Cabrel.
Son nouvel album se termine avec le pot-pourri Autour du feu, qui réunit les chansons L’été indien, Et si tu n’existais pas, Ça va pas changer le monde et Les yeux d’Émilie.
Ces pièces, bien qu’incontournables, ne s’agençaient pas tout à fait au ton du projet. Ce medley fait donc office de points de suspension, indiquant que le répertoire de Dassin ne se limite pas aux chansons qu’il a sélectionnées.
D’ailleurs, il s’est abstenu de reprendre à nouveau Les Champs-Élysées qui figure déjà sur son album Gentleman cambrioleur (2009).
«Je la chantais encore il y a deux jours sur une scène au Maroc», indique l’artiste qui envisage de l’inclure dans les spectacles de la tournée qui suivra le lancement de Garou joue Dassin.
Grâce à ce disque, il n’y a pas que Joe Dassin qui reconnecte avec ses racines : Garou sera en tournée au Québec à partir du 20 janvier 2023.
«C’en est honteux, mais ça fait plus de dix ans que je n’ai pas fait une vraie tournée au Québec», admet-il.
Garou sera notamment de passage à Québec le 27 janvier, à Gatineau le 1er février, à Sherbrooke le 10 février et à Trois-Rivières le 7 avril.
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Des chansons originales à venir
Cette incursion de Garou dans la musique folk country n’était pas initialement liée au projet d’hommage à Joe Dassin. Le Québécois explorait ces sonorités en vue d’un album de chansons originales qu’il a finalement mis sur la glace.
Il est le premier surpris de s’aventurer dans ce genre. Voulant mettre sa recette à l’épreuve, il a décidé d’interpréter une chanson de Joe Dassin en concert, comme il le fait souvent, mais dans ce style particulier.
L’engouement du public a incité Garou à reporter son projet initial.
«J’ai envie que les gens s’amusent», déclare le chanteur qui aime autant faire vivre les pièces des autres qu’en créer.
L’album qu’il a fait paraître en 2019, Soul City, était composé de reprises des chansons à succès lancées par la maison de disque Motown.
C’est d’ailleurs lors de la production de cet opus qu’il s’est lié d’amitié avec le claviériste Gabriel Éthier à qui il a confié la réalisation de Garou joue Dassin.
«Si je fais l’album, c’est avec lui», a insisté Garou auprès de sa maison de disque qui hésitait à faire confiance à ce «petit nouveau».