La nordicité de Milk & Bone

Milk & Bone sort de son cocon créatif pour dévoiler son troisième album <em>Chrysalism</em>.

Milk & Bone sort de son cocon créatif pour dévoiler son troisième album Chrysalism. «C’est une ode au monde intérieur», déclare Camille Poliquin qui, comme sa complice Laurence Lafond-Beaulne, semble avoir trouvé une nouvelle force lui permettant d’évoluer comme personne et comme artiste.


Quatre années se sont écoulées depuis le dernier disque du duo montréalais et beaucoup de choses ont changé pour les deux amies depuis Deception Bay (2018).

«On ne travaille plus avec les mêmes collaborateurs. On est plus dans les mêmes relations. On n’habite plus à la même place. Il n’y a rien qui est pareil», soutient Camille Poliquin.

Toujours basées à Montréal, elles ont trouvé leur nouveau collaborateur en Californie. Après avoir réalisé la chanson Bigger Love avec Micah Jasper (ELIO, Rebecca Black, Slayyyter), les chanteuses ont décidé de produire l’entièreté de leur album avec lui.

«Il y a quelque chose de différent dans les mélodies qui me rend profondément heureuse», s’enthousiasme Laurence Lafond-Beaulne.

Guitariste de formation, Micah Jasper a notamment introduit des cordes dans l’univers electro-pop de Milk & Bone, le faisant ainsi pencher plus du côté de la pop que de l’électro.

«C’est un instrument qu’on n’avait jamais utilisé auparavant et, là, il est omniprésent, car c’est comme ça qu’il s’exprime musicalement», précise Camille Poliquin.

Tout en accueillant les propositions du producteur américain, il était essentiel pour les deux artistes que celui-ci goûte à l’hiver québécois afin qu’il s’imprègne de la nordicité qui caractérise leur projet. Elles ont donc invité Micah Jasper à venir travailler et enregistrer une partie de l’album au Québec.

Le titre, Chrysalism, réfère au sentiment de tranquillité ressenti lorsqu’on se trouve à l’intérieur durant un orage. Cet orage peut évidemment être métaphorique ou encore prendre la forme d’une grosse tempête de neige.

«Il y a quand même un moment dans l’année au Québec où on est à l’intérieur et qu’on se protège de l’extérieur», fait valoir Camille Poliquin pour qui la nordicité évoque aussi une plus forte propension à la mélancolie et à l’introspection.

Or, cela ne veut pas dire que le duo québécois était mieux préparé que leur complice du sud au moment d’affronter les périodes de confinement imposées par la COVID.

«Le but de l’expérience humaine c’est peut-être de trouver un safe space à l’intérieur de soi», postule Camille Poliquin à la lumière de ses récentes expériences.

De l’intérieur vers l’extérieur

Les deux artistes n’ont pas vécu la pandémie de la même manière, mais elles en ressortent toutes deux grandies.

«Le but de l’expérience humaine c’est peut-être de trouver un safe space à l’intérieur de soi», postule Camille Poliquin.

«La pandémie nous a forcés à l’introspection», déclare celle pour qui l’expérience a été plus pénible que pour son amie.

Celle qui aime se tenir occupée s’est éventuellement retrouvée confrontée à elle-même alors qu’elle traversait des épreuves personnelles.

«J’en ressors plus forte. D’avoir eu cette période d’introspection avant la création d’un album, c’est génial», reconnaît aujourd’hui Laurence Lafond-Beaulne. L’écriture de la chanson Worst Year Of My Life a été particulièrement thérapeutique pour elle.

Les deux femmes récemment entrées dans la trentaine ont l’impression de mieux se connaître et d’être plus en mesure de s’affirmer dans la vie et dans leur musique.

«S’assurer qu’on va toujours plus loin et qu’on précise qui on est, c’est super important pour ce qu’on amène au projet», insiste Camille Poliquin.

Cette nouvelle force permet à Milk & Bone de tourner son regard vers le monde qui l’entoure et de prendre position concernant certains enjeux.

«Je suis habituée d’écrire des affaires qui sont plus personnelles et axées sur mes émotions. Sur cet album, j’ai écrit des textes qui sont beaucoup plus critiques de moi-même et de la société», mentionne Camille Poliquin qui dénonce notamment la domination d’une vision masculine du monde dans la chanson Object of Fun.

«Par le passé, je pensais que je devais rester victime de certaines affaires, mais non. Et ce n’est pas juste personnel, je pense qu’il y a un mouvement de société qui fait en sorte qu’on se supporte beaucoup plus en tant que femmes», ajoute l’artiste en évoquant le mouvement #MoiAussi.

«Je pense qu’à travers tout ce qui fait mal, tout ce qui est confrontant, tout ce qui est difficile, il y a de belles affaires qui en ressortent», conclut Laurence Lafond-Beaulne.