SANTÉ MENTALE | Les oppositions dénoncent l'inaction du gouvernement

C'est sous la gouverne du nouveau ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, que se retrouve le dossier de la santé mentale.

Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale dénoncent l'inaction du gouvernement en santé mentale, dans la foulée des révélations des Coops de l’information.


Lundi, notre reportage démontrait que le manque de ressources dans le système de santé pouvait avoir des répercussions dramatiques. Des personnes en situation de détresse, dont certaines ont fait des tentatives de suicide, se retrouvent trop souvent sans ressources. 

«Les témoignages de familles qui ont perdu un proche en raison de la difficulté d'accéder à des services en santé mentale s'accumulent, mais on dirait que rien ne change, lance la députée solidaire Christine Labrie. On doit faire de la santé mentale une priorité nationale, et ça passe autant par la prévention que par l'accès aux soins. Ça fait trop longtemps que l'enjeu est balayé sous le tapis, alors que les conséquences tragiques se font sentir dans toutes les sphères de la société.»

Les Coops de l’information faisaient état d’un manque criant de psychiatres et de psychologues, ce qui se traduit par des listes d’attente toujours plus longues. Également, les psychologues sont sous pression afin de prendre des patients qu’ils ne verront parfois que dans plusieurs mois.

Le Parti libéral du Québec croit que la solution passe notamment par les nouveaux arrivants. «Le gouvernement devrait accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers et accueillir des immigrants qualifiés pour combler la pénurie du secteur public. Le PLQ souhaite qu’un programme de psychothérapie public gratuit soit mis en place le plus rapidement possible», dit la porte-parole du Parti libéral, Catherine Dostie.

«Rien de concret»

Le Parti québécois croit que la Coalition avenir Québec n’a jamais pris la pleine mesure de la crise en santé mentale au Québec, qui a été exacerbée par la pandémie. «Ainsi, la dégradation des services et de l'accès aux soins s'est considérablement accélérée. Rien de concret pour ramener les psychologues du privé vers le réseau public, pour valoriser l'apport du milieu communautaire, pour améliorer l'accès aux services et le suivi», affirme le député péquiste Joël Arseneau.



Une réaction a été demandée au responsable du dossier de la santé mentale, le nouveau ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. La réponse est venue de son cabinet. «La nomination de M. Carmant à titre de ministre responsable des Services sociaux englobe la santé mentale. Ce dossier névralgique est une priorité et celui-ci entend bien poursuivre la mise en place des nombreux programmes déployés depuis plus de 2 ans. Nous souhaitons notamment compléter le déploiement de certains programmes et nous attaquer à la liste d’attente en santé mentale, qui est un défi que le ministre a à cœur, et ce pour le bien-être de l’ensemble des citoyens du Québec qui requiert des soins», indique-t-on par écrit. 

«La santé mentale fait partie de la santé globale»

La reconduction de Lionel Carmant comme responsable de la santé mentale inquiète la présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ), Karine Gauthier. Et elle n’est guère rassurée par le flou qui a entouré l’identité du ministre à qui François Legault avait confié cette responsabilité lors du dévoilement du cabinet, jeudi dernier. «On se demandait où on tombait», raconte-t-elle.

Séparer la santé mentale et la santé physique entre deux ministres est également inconcevable, selon la psychologue. «La santé mentale fait partie de la santé globale. On ne peut pas séparer ces deux aspects en 2022», dit-elle.

La Coalition a d’ailleurs publié une lettre ouverte, en septembre, en collaboration avec le regroupement Médecins québécois pour le régime public, pour réclamer la fin de la dichotomie entre la santé physique et la santé mentale. Les deux associations plaidaient que la solution à un problème de santé physique se présente souvent après avoir évalué la santé mentale d’un patient, et vice-versa.

Dans les jours précédant la présentation du nouveau conseil des ministres, la présidente de la Coalition avait confié aux Coops de l’information qu’elle espérait que le premier ministre confie la santé mentale à un autre membre de son gouvernement. En quatre ans, disait-elle, le ministre Carmant a amplement eu le temps de faire avancer les dossiers et n’a pas livré la marchandise. «Mais on n’a pas le choix de continuer de collaborer avec lui et de lui expliquer [nos solutions]», laisse-t-elle tomber.

Vous ou vos proches avez besoin d’aide? N’hésitez pas à appeler au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) ou à visiter le site Internet suicide.ca. La liste des ressources régionales en prévention du suicide est également disponible sur le site de l’Association québécoise de prévention du suicide. À Ottawa et dans l’Est ontarien, vous pouvez composer le 1-866-996-0991.