C’est ce qui ressort d’une vaste consultation provinciale auprès de 1300 personnes du milieu scolaire lancé en novembre 2021 et publié cette semaine par l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO).
«Les résultats de la campagne de consultation ‘Entre nos mains’ ont confirmé ce que le plus grand nombre savait déjà: de nombreux défis bouleversent notre système d’éducation. Mais les résultats ont aussi dévoilé que si, collectivement, nous ne faisons rien pour que ça change, il est clair que cette inertie pourrait mettre en péril l’avenir même du système d’éducation franco-ontarien. Le statu quo est insoutenable à long terme», déclare la présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy.
Cette dernière souligne que le système d’éducation ne s’écroulera pas du jour au lendemain, mais force est d’admettre «qu’il faut faire quelque chose» plus tôt que tard.
«Notre système d’éducation de langue française est quand même très solide. À l’heure actuelle, nos membres font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, affirme la dirigeante du syndicat. Mais il faut vraiment repenser notre fonctionnement. Depuis de nombreuses années, notre système d’éducation vit beaucoup de défis et on ne peut continuer à en rajouter en appliquant un diachylon à un endroit pour colmater la fuite.»
«Bouleversements et défis»
Le rapport de synthèse dresse une longue liste de «bouleversements et défis» auxquels sera confronté le système d’éducation de la province au cours des prochaines années.
Par exemple, la croissance du nombre d’élèves et la complexité de leurs besoins pédagogiques et sociaux ainsi que la diversité grandissante de ceux-ci nécessitent «des approches novatrices et de nouveaux schèmes de pensée allant bien au-delà des pratiques actuelles dans les milieux scolaires», peut-on lire dans le rapport.
«La société a énormément changé, on ne peut pas continuer à faire ce qu’on faisait depuis très longtemps. On doit s’ajuster», indique Mme Vinet-Roy.
La pénurie «chronique» et croissante de personnel enseignant qualifié francophone et du personnel de soutien demeure également des sources d’inquiétude.
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La détérioration des conditions de travail, notamment la surcharge de travail, et les besoins grandissants liés à la santé mentale et au bien-être chez les élèves ont aussi été soulignés.
De plus, les personnes consultées ont fait part de leurs préoccupations quant à la collaboration entre différents partenaires (conseils scolaires, facultés d’éducation, institutions gouvernementales, etc.). La compétition entre les conseils scolaires - particulièrement francophones – par leurs campagnes publicitaires agressives en fait sourciller d’autres aussi.
La tentation de faire le saut dans le système anglophone, faute de services constants à travers la province en raison de disparités régionales, reste omniprésente au chapitre des craintes chez les francophones consultés.
D’ailleurs, au terme des consultations, la majorité des personnes y ayant participé ont jugé que le système actuel d’éducation en français ontarien n’était pas «suffisamment inspirant ou concurrentiel pour faire face à la force d’attraction du système d’éducation de langue anglaise.»
Avec l’arrivée de nombreux élèves qui ne maîtrisent pas le français, le risque perçu reste que les écoles de langue française deviennent ou soient considérées comme des écoles d’immersion, évoque-t-on dans le rapport de synthèse.
Prochaine étape
Les conditions essentielles pour la transformation de l’école franco-ontarienne de demain – le «quoi» et le «comment» – seront discutées davantage dans quelques semaines avec les divers acteurs du milieu scolaire.
«Le rapport dévoilé cette semaine est le point de départ pour les discussions qui auront lieu au Sommet (de l’éducation en langue française en Ontario) le 1er et 2 décembre afin de développer une feuille de route. Nous voulons vraiment que ce soit un processus vivant», explique Mme Vinet-Roy.
La principale intéressée ajoute que l’engagement, les partenariats, les investissements et la vitalité des communautés seront au coeur des thématiques explorées.
«Dans le domaine de l’éducation francophone en milieu minoritaire, nous ne pouvons pas fonctionner en vase clos ou en silo. Il faut vraiment travailler davantage sur la collaboration.»