C’est précisément 53 % des Québécois qui jugent avoir été trop imposés en 2022. Cette donnée observe toutefois une tendance à la baisse depuis quelques années. En 2018, 63 % de la population estimait payer trop d’impôt puis 59 % en 2019 et 57 % en 2021. Il est difficile d’expliquer ce phénomène selon les chercheurs.
«On a fait un sondage pancanadien en 2019 et, essentiellement, le niveau d’insatisfaction fiscale est assez similaire dans l’ensemble des provinces alors que le niveau de fiscalité est assez différent, mentionne l’un des auteurs de la recherche et candidat au doctorat en politiques publiques à l’Université Carleton, Antoine Genest-Grégoire. Les Albertains avec un niveau d’impôt beaucoup plus bas que le Québec étaient aussi fâchés que nous. Il y a le niveau réel et la teneur politique.»
Un bon exemple est l’année 2020 alors que seulement 44 % de la population estimait payer trop d’impôt. Le résultat avait été colligé en plein cœur de la crise économique et sociale causée par la pandémie de COVID-19. Cet épisode était notable, entre autres, par le très haut niveau d’intervention gouvernementale dans divers domaines.
Pression supérieure
Le taux de pression fiscale du Québec (38,8 %) est supérieur à la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (33,5 %). Sept pays européens, dont trois des cinq pays nordiques, ont néanmoins un taux de pression fiscale plus élevé que le Québec.
Le cahier de recherche dévoile pourtant que les Québécois ont un niveau de désaccord plus faible que la moyenne de l’OCDE sur la juste part des services publics reçus en regard des impôts, taxes et contributions payés.
«La Grèce a un taux de pression fiscale égal au Québec, mais ils ont un niveau d’insatisfaction beaucoup plus élevé, explique Luc Godbout, chercheur principal en finances publiques à la Chaire. Les Pays-Bas ont aussi un taux semblable au Québec, mais sont parmi les plus satisfaits. Le poids de la fiscalité n’est pas suffisant pour dire que tu ne reçois pas ta juste part de services.»
Plus de TVQ... à certaines conditions
La Chaire de recherche a également sondé la population sur son opinion quant à une hausse possible de la taxe de vente du Québec (TVQ), présentement fixée à 9,975 %, pour financer des secteurs bien précis. Près des deux tiers des répondants sont favorables à accroître la TVQ pour augmenter les dépenses en santé.
Une majorité de Québécois verraient aussi d’un bon œil une augmentation de la TVQ pour investir en éducation ou lutter contre la pauvreté.
«Ce sont 53 % des gens qui disent que le fardeau fiscal est trop élevé, mais ils sont 65 % à être prêts à payer plus de TVQ si ça va pour la santé», note le professeur Godbout.
Les répondants seraient aussi à l’aise à payer plus de taxes pour réduire le taux d’imposition. C’est probablement dû selon M. Godbout au fait que le Québec base énormément ses recettes fiscales sur l’impôt des particuliers et des sociétés (3e et 5e respectivement chez les pays de l’OCDE).
Seuls le Danemark et l’Islande recourent davantage à ce mode d’imposition en pourcentage du PIB.
«L’impôt sur le revenu est vraiment élevé au Québec si on se compare, souligne-t-il. Peut-être que les gens reconnaissent que ça a un effet sur l’effort de travail comme les personnes âgées qui veulent poursuivre sur le marché du travail alors que la taxe de vente n’affecte que la consommation.»
À l’inverse, les Québécois ne sont pas chauds à l’idée d’augmenter la taxe de vente pour rembourser la dette ou réduire les taxes sur la masse salariale des employeurs.