Chronique|

Hellberg demande juste une opportunité

Magnus Hellberg ne possède pas tout à fait trois matches complets d’expérience dans la Ligue nationale de hockey.

CHRONIQUE / Il est âgé de 31 ans. Il possède très exactement 171 minutes d’expérience, dans la Ligue nationale de hockey. Même pas trois matches complets.


Non, Magnus Hellberg n’a pas le profil du sauveur.

Je me demande sincèrement combien d’amateurs de hockey, à Ottawa, connaissaient déjà le gardien qui a été réclamé au ballottage par Pierre Dorion, lundi.

J’ai été obligé de fouiller sur Google. Je l’avoue bien candidement, je n’avais jamais entendu parler de lui.

Hellberg aura pourtant un rôle à jouer, dans le début de cette très importante saison, pour les Sénateurs d’Ottawa.

Durant les cinq à sept semaines durant lesquelles Cam Talbot soignera sa blessure, Anton Forsberg héritera du titre de gardien de buts numéro un.

Sauf que la saison débutera sur les chapeaux de route, avec huit matches à jouer dans les 17 derniers jours du mois d’octobre. Forsberg ne pourra tout faire seul.

Mads Søgaard est, sur papier, le gardien de buts numéro trois de l’organisation. Il n’a pas connu un grand camp d’entraînement. On préférerait sans doute lui donner la chance de retrouver ses points de repère en travaillant dans le rôle du gardien de buts numéro un, à Belleville, en début de saison.

Cam Talbot devra s’absenter pendant cinq à sept semaines.

Cela nous laisse croire que D.J. Smith fera probablement appel à Hellberg, dans les prochaines semaines. C’est pourquoi j’étais heureux de poser des questions à un type qui le connaît, au Centre Canadian Tire.

«Magnus? Ouais, j’ai joué avec lui pendant trois ans dans les ligues mineures. Il a été mon coéquipier durant tout mon séjour à Milwaukee. Il est énorme. Ça saute aux yeux. On lui a souvent confié des rôles ingrats. Je n’ai jamais envié les gardiens qui ne jouent pas tous les soirs. Au-delà de tout cela, Magnus, c’est surtout un maudit bon gars. Son attitude est irréprochable», a débité Austin Watson, mardi matin.

L’attitude, c’est important. L’attitude, c’est rarement suffisant.

Cet automne, les Sénateurs auront besoin d’un gardien qui sera capable d’arrêter un nombre suffisamment important de rondelles pour gagner la majorité de leurs matches. Ils ont besoin de renverser la tendance des dernières années. Ils ont besoin de mettre des points en banque, très tôt, pour ne pas sortir de la course aux séries éliminatoires avant l’Action de grâce américaine.

Watson jure que Hellberg est capable d’arrêter la rondelle.

«De nos jours, les choses sont différentes. On repêche un jeune de talent, on l’envoie passer une seule saison dans les mineures. Et encore. Parfois, les jeunes ne passent même plus par les mineures, de nos jours», a commencé Watson.

«Dans notre temps, après le repêchage, il fallait s’armer de patience. On passait presque tous trois saisons complètes au niveau inférieur. Les équipes commençaient à songer à nous faire une place quand ils commençaient à craindre de nous perdre au ballottage.»

Au terme de ses trois années à Milwaukee, Watson a pu s’établir à Nashville. Il n’est jamais devenu le joueur dont les Predators rêvaient, quand ils l’ont repêché en première ronde, en 2010. Son courage lui a quand même permis de se trouver un rôle, à titre de spécialiste du quatrième trio.

Après trois ans à Milwaukee, Hellberg a changé d’organisation. Je cite encore Watson: «Ce n’est pas facile, pour un gardien. Il y a seulement deux postes disponibles, avec le grand club, et deux autres postes dans les mineures.»

Hellberg a joué cinq ans, en tout, dans la Ligue américaine. Ses statistiques, durant cette période, ont été très bonnes.

Il a choisi d’emprunter un chemin différent, par la suite. Lors de son long détour de cinq ans dans la KHL, ses chiffres ont été meilleurs, encore.

Et c’est encore mieux quand il porte le maillot jaune de la Suède. L’an dernier, il a été solide aux Jeux olympiques, et presque parfait au Championnat mondial.

«Je l’ai justement croisé aux Championnat mondial! Il m’a justement dit, à ce moment-là, qu’il voulait juste qu’on lui donne une chance. C’est pour ça qu’il a décidé de revenir en Amérique du nord, à 31 ans. Il veut juste qu’on lui donne, enfin, sa chance.»

On parlait de tout ça entre collègues, en fin de matinée. Les journalistes, vous savez, peuvent être cyniques, par moments.

J’ai dit aux collègues qu’il y a des tas d’exemples à suivre. Hellberg pourrait facilement devenir le prochain Forsberg. Ou le prochain Anders Nilsson. Le prochain Mike Condon. Le prochain Hamburglar. Le prochain Patrick Lalime. Le prochain Ron Tugnutt.

Les Sénateurs ont eu du succès, au cours des trois dernières décennies, en misant sur des gardiens dont personne ne voulait.

C’est vrai, mais Hellberg pourrait aussi devenir le prochain Mike McKenna, m’a répondu un cynique parmi les cyniques.

On verra bien.

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Cam Talbot devra s’absenter pendant cinq à sept semaines, mais D.J. Smith pense que ça pourrait être moins long.

«Ce type veut jouer», a insisté l’entraîneur-chef, durant sa conférence de presse d’avant-match, mardi.

Quelques minutes plus tard, on a vu Talbot quitter le gymnase des joueurs. Il venait clairement de pousser la machine, dans un entraînement hors-glace.

C’est sans doute bon signe.