«On met beaucoup d’efforts pour des projets éphémères et ça fonctionne, je crois qu’il est temps d’investir dans des projets permanents», a lancé le conseiller d’Aylmer, Steven Boivin, lui même un entrepreneur culturel à Gatineau. «La culture est un moteur économique, une façon de revitaliser notre centre-ville, ça permet de créer des emplois, a pour sa part noté la présidente de la commission de la culture, Isabelle N. Miron. Ces projets ont été portés à bout de bras pendant des années par le milieu, là, ils ont besoin d’un engagement de la Ville. Le dernier conseil a pris des engagements moraux, là nous sommes rendus à mettre l’argent sur la table.»

Les élus ont eu un aperçu, mardi matin, de trois projets sur lesquels planche le milieu de la culture depuis déjà plusieurs années. Le plus avancé est celui du Centre des arts vivants que les organismes L’Avant-première et l’Artishow souhaitent mettre au monde depuis près de 10 ans dans le Bâtiment 9 situé au 100, Gamelin. L’ex-conseillère municipale Louise Boudrias faisait de ce projet une priorité pour son quartier avant de décéder en août dernier. 

Le projet évalué à 28 millions de dollars prévoit la rénovation du Bâtiment 9 et la construction d’une annexe à l’immeuble patrimonial. L’ensemble du projet permettrait l’aménagement de près de 3000 m² d’espace créatif comme des lieux de tournage et de répétition, ainsi que des locaux administratifs. 

Le conseil municipal a fait un important pas en avant vers la réalisation de ce projet, mardi, en mandatant le service des finances de prévoir à l’étude du budget 2023 un montant de 2,5 millions pour la réhabilitation du vieux bâtiment municipal abandonné depuis 2009. Le plan d’affaires et le montage financier du projet doivent être présentés au conseil municipal d’ici la fin de l’année. 

Ateliers d’artistes

Le projet des Ateliers du ruisseau qui prévoit un immeuble signature de cinq étages à l’angle des rues Papineau et Morin, dans le centre-ville, est aussi appelé à cheminer rapidement au cours des prochains mois. Le projet évalué lui aussi à 28 millions de dollars prévoit des lieux de diffusions artistiques et une quarantaine d’ateliers d’artistes. La Galerie Montcalm actuellement située à la Maison du citoyen y serait déménagée, tout comme les quelque 3800 oeuvres de la collection permanente de la Ville de Gatineau. 

La Ville de Gatineau évalue présentement la possibilité de céder le terrain municipal de 2,7 millions sur lequel serait construit l’immeuble signature. Le plan d’affaires du projet, le montage financier et la contribution de la Ville doivent faire partie d’une présentation au conseil d’ici la fin du mois de mars 2023. La construction de l’immeuble pourrait avoir lieu en 2024. 

L’agrandissement de la Filature, en bordure du ruisseau de la Brasserie, pour y aménager un nouvel espace multidisciplinaire pouvant accueillir 150 personnes ainsi que des ateliers collectifs et individuels est aussi sur le radar du conseil. Le projet évalué à 6 millions nécessite toutefois la cession d’une partie d’un terrain municipal. Les travaux doivent s’achever vers la fin 2023. 

Obligation de résultat

La directrice générale de Culture Outaouais, Julie Martineau, a salué la réception enthousiaste du conseil quant aux trois projets présentés mardi matin. «Les impacts d’infrastructures culturelles sur la relance et la revitalisation d’un quartier ne sont plus à démontrer», note-t-elle. Les projets présentés, ajoute-t-elle, permettront en plus d’améliorer la rétention d’artistes à Gatineau et permettront à des organismes qui sont dans le paysage culturel de la région depuis longtemps de poursuivre leur développement. 

Malgré les nombreux besoins en matière d’infrastructures de toutes sortes à Gatineau, la mairesse, France Bélisle, est d’avis que le conseil a, «pour plusieurs raisons», une obligation de résultat face à ces trois grands projets. «Ce qui est particulièrement intéressant dans les projets qu’on nous présente c’est qu’on a la chance comme conseil de développer un nouveau bassin de clientèle au centre-ville, a-t-elle lancé. La culture permet ça. Des artistes qui s’installent de façon permanente dans des infrastructures, ce sont des gens qui viendront vivre dans notre centre-ville, qui iront dans nos restaurants et qui attireront des visiteurs.»