L’échelle humaine, difficilement rentable dans le centre-ville?

Le directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) en Outaouais, Nicolas Brisson

Les coûts de construction sont devenus un tel fardeau pour les promoteurs immobiliers que de construire un immeuble de seulement trois étages dans le centre-ville de Gatineau n’est pas rentable, affirme le directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) en Outaouais, Nicolas Brisson. Les résidents du secteur doivent l’accepter et comprendre que la densification devra se faire un peu plus en hauteur, insiste-t-il.


«À trois étages, même en prenant une structure de bois, tout ce qu’il y a de plus cheap, je ne vois pas comment on peut rentabiliser ce genre de projet actuellement», a lancé M. Brisson, mardi, dans le cadre de la demande conjointe avec la Chambre de commerce de Gatineau (CCG) et l’Association de la construction du Québec (ACQ) pour revoir le Plan particulier d’urbanisme (PPU) au centre-ville. Ce message, l’APCHQ entend le répété souvent d’ici l’adoption d’un nouveau PPU dans le centre-ville.

Questionné à savoir si construite à échelle humaine au centre-ville de Gatineau était encore rentable, le président de la CCG, Stéphane Bisson, rappelle que le projet rejeté par une majorité du conseil, la semaine dernière, n’était pas un projet de 50 étages. «On voulait passer de trois à six étages, a-t-il rappelé. Il est possible de faire du développement immobilier à échelle humaine responsable dans lequel le citoyen gagne, le promoteur gagne et la banque qui finance trouve le risque calculé.»

Le président de l’ACQ, Shawn Côté, rappelle qu’un projet immobilier se doit d’être rentable, sinon, il ne voit pas le jour. «Quand on construit plus haut, avec des murs de béton, on augmente la qualité de vie et le confort des gens, explique-t-il. […] Ça permet d’ajouter un ascenseur. Ça permet à des gens ayant une moins bonne mobilité de demeurer dans leur centre-ville.»

Stéphane Bisson

Il y a urgence, selon l’industrie de la construction, à ce que la Ville de Gatineau se penche sur la manière dont elle souhaite densifier son centre-ville. «On veut agir comme des partenaires, dit M. Brisson. Ce n’est pas en confrontant les promoteurs et les citoyens qu’on va y arriver. Nous devons trouver une façon de se comprendre et de faire des compromis. […] C’est quoi une ville et comment on doit la densifier dans le contexte climatique actuel? C’est quoi les quartiers sans voiture? Il faut qu’on commence à se l’imaginer maintenant.»

Présentation au conseil?

Le président de la CCG dit avoir abordé le sujet avec la mairesse lors d’un passage au cabinet, cette semaine. «Les immeubles dans le centre-ville ont plus de 100 ans, il faut se rendre à l’évidence, ils ne vivront pas entre 20, 30 ou 50 ans, a-t-il dit. Il faudra bien les remplacer un moment donné. Il faut se donner une vision commune pour les prochaines décennies.»

France Bélisle a indiqué au Droit être tentée d’inviter l’APCHQ et les autres intervenants économiques à venir présenter leur vision au conseil municipal. «Si les membres du conseil, notamment le conseiller désigné [Steve Moran], se montraient favorables à une telle présentation du groupe, j’abonderais dans le même sens», a-t-elle indiqué.