Situation «précaire»: lettre ouverte des radio-oncologues du CISSSO

«Il existe des solutions pour recruter et retenir des technologues en radiothérapie. Il faut offrir dès maintenant les incitatifs salariaux, et autres, pouvant compétitionner avec Ottawa pour combler maintenant les postes de technologues en radiothérapie du CISSSO», plaident les radio-oncologues du CISSS de l'Outaouais.

POINT DE VUE / Le Service de radio-oncologie du CISSS de l'Outaouais (CISSSO) opère depuis plus de 27 ans. Tout au long des années, les médecins radio-oncologues, en collaboration avec l'administration du CISSSO, ont développé un centre d'expertise disposant des ressources humaines et matérielles permettant d’offrir des soins d’expertise en radiothérapie à la population de l’Outaouais. Or, depuis les dernières années, il est devenu de plus en plus difficile d'attirer et de retenir des technologues en radio-oncologie, personnel spécialisé essentiel pour prodiguer les traitements de radiothérapie à la population de l’Outaouais.


Cette situation a atteint un seuil critique en début septembre 2022 lorsque trois technologues en radio-oncologie ont quitté le CISSSO pour aller oeuvrer à Ottawa, pour des raisons salariales. Ceci a créé un bris de service partiel en Outaouais. Conséquemment, les radio-oncologues du CISSSO veulent préciser la situation aiguë à laquelle la population de l'Outaouais est maintenant confrontée et réclamer rapidement l’aide nécessaire. Le bris de service en radio-oncologie est un exemple réel de la pénurie de main-d’oeuvre exprimée par le Dr Haghighat et le Dr Bonneville du CMDP [conseil des médecins, dentistes et pharmaciens] du CISSSO le 16 septembre dernier qui indiquaient: «Le nouvel hôpital qui arrive dans dix ans, c’est bien gentil, mais dans ces dix ans, si tu as un cancer, il faut que quelqu’un te soigne».

La présente lettre vient aussi appuyer le point de presse effectué le 23 août dernier par Mme Josée Filion, présidente-directrice générale du CISSSO et la Dre Gabrielle Gauvin, co-gestionnaire médicale du programme de cancérologie qui indiquaient que, des 27 postes de technologues en radio-oncologie disponibles au CISSSO, seuls 20 technologues y travaillent. Cette réalité oblige la redirection de 5 à 6 patients par semaine (environ 250 patients par année) de l'Abitibi-Témiscamingue vers Montréal, alors que ces patients venaient se faire traiter en Outaouais. Malgré la meilleure volonté de tous, incluant une réorganisation du travail à l’interne en collaboration avec les gestionnaires, l'équilibre fragile entre la capacité des technologues de traiter et les besoins de traitements des patients par radiothérapie est à son niveau le plus précaire depuis l'ouverture du centre de cancérologie.

Considérant que deux Canadiens sur trois recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie, il faut reconnaître que la grande majorité des 405 000 résidents de l'Outaouais devront passer par le centre de cancérologie au cours de leur vie, dont une grande proportion pour recevoir de la radiothérapie. Compte tenu de l’augmentation continuelle des cas en Outaouais, le besoin de radiothérapie nécessaire pour combattre les cancers de la population peut excéder à tout moment la capacité de traitements du CISSSO. Bien que les patients déjà en cours de radiothérapie ou qui ont déjà vu un radio-oncologue au CISSSO continueront d’être traités à Gatineau, l’excédent des patients cancéreux de l'Outaouais devra être redirigé vers Montréal pour recevoir les traitements puisque les résidents du Québec ne peuvent pas recevoir de radiothérapie à Ottawa. Les radio-oncologues du CISSSO veulent offrir les services de radiothérapie médicalement requis et au moment médicalement requis pour sauver la vie de leurs patients.

Il existe des solutions pour recruter et retenir des technologues en radiothérapie. Il faut offrir dès maintenant les incitatifs salariaux, et autres, pouvant compétitionner avec Ottawa pour combler maintenant les postes de technologues en radiothérapie du CISSSO. La présence de technologues en nombre suffisant pour offrir les traitements demeure la seule façon d'offrir la radiothérapie à tous ceux qui en ont besoin en Outaouais.

Étant donné cette situation d'urgence, nous demandons à M. Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, et à M. Lacombe, ministre responsable de l'Outaouais et les autres députés de l’Outaouais, un plan et des résultats concrets pour recruter et retenir les technologues en radio-oncologie du CISSSO, et par conséquent, éviter le transfert des patients cancéreux de l'Outaouais vers Montréal. Pandémie ou pas, élections québécoises ou pas, le cancer n’attend pas et tout cancer malin non traité est mortel. Voici une occasion concrète pour nos élus de mettre en oeuvre la résolution adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale reconnaissant le statut particulier de l'Outaouais.

Les radio-oncologues du CISSSO.

CC:

M. Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

M. Mathieu Lacombe, ministre responsable de l’Outaouais

Mme Sonia Lebel, présidente du Conseil du trésor

M. Mathieu Lévesque, député sortant de Chapleau

M. Robert Bussière, député sortant de Gatineau

Mme Maryse Gaudreault, députée sortante de Hull

M. André Fortin, député sortant de Pontiac

Mme Josée Filion, présidente-directrice générale du CISSSO

Dre Gabrielle Gauvin, co-gestionnaire médicale du programme de cancérologie CISSSO

Dr Tinouch Haghighat, président du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CISSSO