Protection du patrimoine: Gatineau veut serrer la vis aux propriétaires récalcitrants

La maison patrimoniale du 485, chemin d’Aylmer sera démolie.

La maison patrimoniale du 485, chemin d’Aylmer sera finalement démolie. Le propriétaire Richcraft qui la néglige depuis de nombreuses années n’a finalement pas donné d’autre choix au conseil local du patrimoine et au comité de démolition que d’approuver sa demande. Le bâtiment construit au début des années 1930 était devenu dangereux et irrécupérable.


C’est donc l’histoire qui se répète à Gatineau, mais cette fois on sent une irritation particulière de la part des élus. «On est pas mal tanné de jouer dans ce film-là», a lancé la mairesse, France Bélisle, lors de la séance du comité exécutif, mercredi matin. 

Fort de l’appui unanime du comité exécutif, le président du comité de démolition et du comité consultatif d’urbanisme, Mario Aubé, a demandé à la direction de la Ville de produire une analyse des meilleures pratiques en matière de protection du patrimoine dans les villes de la province. L’objectif est de passer en revue les outils réglementaires à la disposition des municipalités et les façons optimales de les utiliser contre les propriétaires récalcitrants qui laissent pourrir des bâtiments patrimoniaux dans le but assumé de pouvoir les raser. 

Mario Aubé, président du comité de démolition et du comité consultatif d’urbanisme.

«On va évaluer les pouvoirs qu’on a et qu’on ne se sert peut-être pas, a expliqué M. Aubé. On verra ensuite s’il faut plus de ressources humaines et financières pour sévir ou pour éventuellement se rendre jusque devant les tribunaux. […] On va peut-être encore perdre des maisons patrimoniales, mais à un moment donné, il faut que l’hémorragie arrête. Je pense au magasin général centenaire, à Masson-Angers, dans lequel on laisse rentrer l’eau. Est-ce que ça va finir comme la gare de Masson qui s’est effondrée? Je n’en veux plus de ça. Il faut arrêter de vivre sans cesse le même film. Aujourd’hui, on arrête ça. C’est le point zéro. On va se donner les moyens d’agir pour qu’on arrête d’être toujours confrontés au même type de situation. […] Un avertissement, une petite tape sur les doigts, ce n’est visiblement pas suffisant. Je veux qu’on se donne plus de mordant.»

La direction de la Ville devrait être ne mesure de revenir devant les élus avec les informations demandées plus tard cet automne.

Le cas du 207, rue Notre-Dame, maison aussi visée par une demande de démolition, reviendra au conseil d’ici la fin du mois d’octobre.

Maison allumette

Le conseil municipal sera par ailleurs confronté à plusieurs autres décisions quant à des demandes de démolitions d’immeubles ayant une valeur patrimoniale cet automne. Le cas de l’authentique petite maison allumette du 207, rue Notre-Dame, elle aussi visée par une demande de démolition, reviendra au conseil d’ici la fin du mois d’octobre. 

M. Aubé n’a pas voulu se prononcer sur l’avenir de cette maison. Le Droit a révélé, la semaine dernière, que la contre-expertise exigée par la Ville de Gatineau vient à la même conclusion que le premier rapport déposé par le promoteur. Le bâtiment serait irrécupérable et devrait être démoli. Le promoteur propose toutefois de réaliser un pastiche de la maison et de l’intégrer au nouvel immeuble résidentiel qu’il projette à cet endroit. La nouvelle mouture du projet devra d’abord être analysée et approuvée par la Ville.