Car, malgré les longues journées difficiles, les apprentissages, les embûches et les nombreux sacrifices, d’autant plus que l’entreprise se lançait dans un marché hyper saturé où la concurrence se trouve à chaque coin de rue, «on n’a jamais eu l’envie de tout lâcher», ajoute la jeune entrepreneure de 35 ans dont la passion et l’enthousiasme sont toujours au rendez-vous.
Les efforts du couple d’entrepreneurs ont été récompensés. Après un lent départ qui a duré quelque trois ans, la PME de Trois-Rivières a finalement pris son envol et a vu ses ventes exploser, avec une croissance annuelle atteignant plus de 100% et même jusqu’à 350% en 2021. Et ce, grâce entre autres à ses ventes en ligne qui représentent aujourd’hui quelque 90% de ses revenus.
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La clé de son succès? «On a toujours eu comme stratégie de mettre les clientes au coeur de la marque, et non l’inverse. En laissant de côté l’égo pour offrir un monde fashion sans prétention. On ne joue pas la carte de l’avant-garde, mais celle d’offrir des vêtements qui seront de bon goût pendant plusieurs années», répond celle qui détient un diplôme collégial en commercialisation de la mode et qui a commencé sa carrière dans le domaine en offrant gratuitement des séances de stylisme à une clientèle privée.
Les réseaux sociaux ont aussi été un important vecteur de croissance. «C’est un outil gratuit qui permet d’avoir une grande visibilité et, surtout, d’être à l’écoute de la clientèle pour mieux connaître leurs besoins et pouvoir répondre à leurs questions. Les réseaux sociaux ne doivent pas juste servir à diffuser ses propres messages et informations. J’ai passé des heures et des heures à interagir avec les clientes», fait valoir Joelle Desaulniers qui compte maintenant sur une personne à temps plein pour s’occuper de ce volet essentiel de l’entreprise.
Des produits offerts juste-à-temps
JOELLE, qui propose 12 collections de vêtements chaque année, mise également sur la vente de produits juste-à-temps. Cette philosophie de gestion, généralement associée à la tenue d’un inventaire réduit dans le secteur manufacturier, lui permet d’offrir des vêtements que la clientèle peut porter dès leur achat. Ainsi, contrairement à l’offre de produits d’autres boutiques de mode, «les clientes n’ont pas à décider en février-mars ce qu’elles vont porter pendant l’été», souligne Mme Desaulniers.
L’entreprise s’assure aussi de recruter les bons talents. «On embauche des gens qui sont sur leur X, qui sont dégourdis et innovateurs», précise Joelle Desaulniers en ajoutant que les employés doivent satisfaire les valeurs principales véhiculées par l’entreprise: rigueur, autonomie et débrouillardise.
Pour s’assurer d’offrir la meilleure expérience possible à la clientèle, une formation en stylisme est par ailleurs offerte à tous les employés, de la couturière à la personne qui travaille aux services du marketing ou du commerce en ligne.
Crise de croissance
Une si forte croissance amène aussi son lot de défis, encore davantage que pendant la phase de démarrage, constate Mme Desaulniers. «Au début, c’est surtout le nombre énorme d’heures et l’énergie qu’on doit consacrer à lancer une entreprise. Aujourd’hui, les responsabilités sont plus grandes», précise-t-elle.
Il y a bien sûr la gestion des ressources humaines et le recrutement, alors que le nombre d’employés a bondi de 12 à 60 en moins d’un an. Les problèmes liés à l’approvisionnement sont aussi à l’ordre du jour. La pandémie a évidemment bouleversé les habitudes de l’entreprise qui, à cause de sa forte croissance justement, a délocalisé la majeure partie de sa production en Chine et en Turquie ces dernières années. Pour remédier à la situation, elle a notamment diversifié ses sources d’approvisionnement en ajoutant des fournisseurs implantés en Espagne et au Mexique.
La PME a aussi piloté son projet de déménagement, en avril dernier, dans un établissement cinq fois plus grand de 25 000 pieds carrés qui regroupe le siège social, un centre de production et de distribution, ainsi qu’un studio de création qui lui permet notamment de faire des séances photos. Elle se dit ainsi prête à poursuivre son élan, qui se traduira par l’ouverture d’autres boutiques et le lancement de nouvelles gammes de produits.
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce
+ 3 questions à Joelle Desaulniers
1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?
«J’en ai reçu plusieurs. Mais un des plus importants est que j’y arriverais sûrement tout seul, mais que ce serait beaucoup plus long. Il faut bien s’entourer et faire confiance aux gens autour de nous. Une grande amie à moi, également entrepreneure, m’a aussi dit qu’il ne faut pas attendre la perfection avant de lancer un produit, qu’il vaut mieux le faire et apporter des ajustements en cours de route. Job has to be done, sinon ça ne finit jamais.»
2. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneure, comme dirigeante?
«Le sentiment d’accomplissement! Je ne suis pas motivée par l’argent, mais par le désir d’aider les clientes à se sentir mieux. Je reçois beaucoup de commentaires de clientes, qui ont vécu un cancer ou d’autres problèmes, et me remercient de les avoir accompagner pendant ces périodes difficiles de leur vie. Ça me fait chaud au coeur et ça rejoint la mission de base de l’entreprise.»
3. Que feriez-vous si vous n’aviez peur de rien?
«J’ai plein de petites peurs, comme de prendre l’avion ou un ascenseur. Mais en affaires, je n’ai peur de rien et Billy non plus. On se dit toujours que si ça ne fonctionne pas, on essaiera autre chose. C’est peut-être de la naïveté, mais ça s’est avérée une qualité et un atout.»