Gabrielle Giroux est une survivante gatinoise de trafic humain. «J’ai été vendue pour ensuite être exploitée», a-t-elle expliqué au Droit, en marge de la marche La rue, la nuit, femmes sans peur, une marche organisée par le Centre d'aide et de lutte contre les agressions sexuelles (CALAS) de l’Outaouais, visant à sensibiliser la population à la violence sexuelle. «J’ai vraiment été une transaction, et pendant tout le temps où j’étais là, on m’appelait “la marchandise”. Je n'avais pas de nom. J’étais un produit, c’était vraiment du trafic humain.»
Avant de «militer» sur les réseaux sociaux, où elle compte plusieurs milliers d'abonnés, Mme Giroux militait beaucoup dans les événements et les marches, par exemple. «Moi ce que je fais, c’est de faire la lumière là-dessus et de montrer que ça peut arriver n’importe où, à n’importe qui, et même en Outaouais.»
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La marche La rue, la nuit, femmes sans peur, du CALAS était de retour après deux ans de pause, à cause de la pandémie de COVID-19. L’événement avait pour thématique cette année Se parler, en parler: vers une culture du consentement. «On dénonce depuis quelques années une culture de l’hypersexualisation, une culture du viol. On veut aller vers la solution», a expliqué Angela Martinez, intervenante sociale au CALAS de l’Outaouais. «Des fois, c’est difficile de parler d'agression sexuelle dans notre entourage. Là, c’est une autre perspective. Pouvons-nous parler de consentement, de relation saine, d’égalité, du fait de respecter les cheminements.»
Les marcheurs et marcheuses se sont réunis au point de départ, situé au coin de la rue Laurier et du boulevard des Allumettières. Ils ont marché jusqu’à Ottawa pour aller rejoindre leurs homologues du côté ottavien, qui s’étaient rassemblés de par l’initiative du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) d’Ottawa. Sur leurs visages, des «maquillages solidaires» représentant des symboles de la femme peints de plusieurs couleurs, et dans leurs mains, des pancartes aux slogans évocateurs. »
«Figer ne veut pas dire que je suis d’accord», indiquait une affiche.
«Ma jupe courte et tout ce qu’il y a en dessous sont à moi», disait une autre.
Femmes, hommes et enfants
Force est de constater que les femmes étaient loin d’être les seules personnes présentent pour lutter contre les violences sexuelles dont elles sont victimes.
Plusieurs hommes et même des familles avec des enfants de tous âges étaient aussi venus prendre part à la marche symbolique.
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Joey Masson, venu participer à la marche avec des amis, a passé l’été dans l’Ouest canadien. Il raconte avoir eu vent de plusieurs situations ou certaines de ses amies se sont fait agresser, suivies dans la rue ou interpellées de façon inappropriée. «Ce sont des [histoires] qui m’ont vraiment sensibilisé», lance-t-il.
Non loin de lui, Julie Bernachez est quant à elle venue participer à l’événement accompagné de son jeune garçon et de son adolescente. «Parfois, avec les enfants, c’est difficile de trouver les bons mots. Je me suis dit qu’en les amenant dans une manifestation comme celle-là, je vais continuer à discuter avec eux, mais que ça pourrait amener une nouvelle perspective. C’est vraiment pour sensibiliser ma fille, mais aussi mon garçon que ce sont des choses qui arrivent et qu’on peut tous les dénoncer.»