Chronique|

Beaudin et Godbout, une relation sous tension

La conseillère de Rock Forest, Annie Godbout, ne fait plus partie du comité exécutif de la Ville de Sherbrooke.

CHRONIQUE / Un peu moins d’un an. C’est le temps qu’aura tenu le nouveau comité exécutif de Sherbrooke. Surprenant? Pas tant que ça, la tension n’est jamais tombée entre la mairesse, Évelyne Beaudin, et la conseillère de Rock Forest, Annie Godbout.


Plusieurs personnes avaient été surprises par la nomination de la conseillère Annie Godbout au comité exécutif. Rien à voir avec ses compétences ou son expérience, c’est même une des plus expérimentées du conseil municipal. C’était surprenant parce qu’elle et Évelyne Beaudin avaient régulièrement eu des échanges corsés lors du précédent conseil municipal.

Les deux politiciennes n’ont pas la langue dans leur poche, les deux sont capables de faire des sorties bien senties, de lancer des critiques salées, et, surtout, les deux ne partagent pas la même vision politique sur plusieurs dossiers. 

Il y avait un pari dans ce comité exécutif formé en novembre 2021. On pouvait le voir comme une volonté d’Évelyne Beaudin, nouvellement élue mairesse, de bâtir des ponts et d’amener un point de vue différent au comité. 

Soit les deux politiciennes allaient devenir les meilleures amies (bon peut-être pas tant que ça, mais vous voyez l’image), soit les flammèches allaient mener à un point de rupture.

Sauf que les tensions ne sont jamais parties. Avec Hélène Dauphinais, Annie Godbout est probablement une des plus critiques envers la mairie. 

Évidemment, et plusieurs le soulignent, Évelyne Beaudin était elle-même une des conseillères les plus critiques avant de devenir mairesse. Et qu’elle ne se gêne pas, comme mairesse, de répondre aux critiques. Parfois avec aplomb.

Toutefois, notons que la présidente du comité exécutif, Danielle Berthold, ne loge pas non plus à la même école politique que la mairesse, affirme parfois ses désaccords, sans qu’il n’y ait pour autant des odeurs de tension. 

Pour expliquer l’exclusion de la conseillère de Rock Forest du comité exécutif, la mairesse évoque un climat de travail problématique et un bris de confiance.

De son côté, Annie Godbout dit s’être « tenue debout » et avoir le droit d’être en désaccord.  

Il est intéressant que ces deux positions ne soient pas en contradiction. Évelyne Beaudin et Annie Godbout semblent au moins d’accord sur une chose : elles ne s’entendent pas.

Et la suite?

Que fait-on avec le comité exécutif? La mairesse Évelyne Beaudin est ouverte à l’idée de nommer une nouvelle personne, pour remplacer Annie Godbout, mais semble intéressée de continuer à quatre, soit avec Danielle Berthold, conseillère indépendante, Laure Letarte-Lavoie et Fernanda Luz, deux conseillères membres de l’équipe Beaudin. 

Probablement que le comité peut fonctionner à quatre, mais pour une mairesse qui a mis de l’avant l’importance de la collaboration transpartisane, ça sonne contradictoire. 

Sauf que le casse-tête n’est peut-être pas si facile que ça à compléter. On voit mal une invitation vers Hélène Dauphinais, on se retrouverait avec le même inconfort. Marc Denault semble avoir déjà amplement de responsabilités, tout comme Christelle Lefèvre. Paul Gingues ne semblait pas si intéressé par un tel mandat. Reste Nancy Robichaud et Claude Charron.

Nommer un ou une nouvelle conseillère indépendante au comité exécutif exigerait probablement un remaniement des responsabilités et ça, ça vient souvent avec des irritations. Peut-être que la mairesse n’a pas envie, non plus, de rejouer là-dedans.

Évidemment que c’est plus facile de travailler avec des gens de son équipe et tout le monde aime travailler dans une équipe qui a une cohésion. C’est la nature humaine. Sauf que si le comité exécutif n’inclut pas au moins une autre personne indépendante, ça va nourrir la perception qu’Évelyne Beaudin ne sait pas travailler en équipe, une critique qui revenait souvent lors de la campagne municipale.

Lorsqu’Évelyne Beaudin était le caillou dans le soulier de Steve Lussier, on soutenait que c’était à l’ex-maire de Sherbrooke de trouver une façon de collaborer avec les autres. Même si on n’est pas dans un climat aussi tendu que l’ancien conseil, en tant que mairesse, c’est à son tour, maintenant, de trouver une façon de travailler avec les personnalités du conseil.

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