La jolie résidence de campagne du début du 20e siècle située sur la plus ancienne route de Gatineau est passée, en quelques années, au vu et au su de la Ville, d’une résidence habitée et bichonnée à un vulgaire repère de squatteurs, barricadé et abandonné, en proie aux graffitis. La résidence a été construite en 1932 par le major général James MacBrien, qui a été commissaire à la GRC, dans la foulée de l’implantation de la Hull Electric Railway sur le chemin d’Aylmer. Elle a été citée comme «monument historique» par l’ancienne Ville d’Aylmer en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec. Le 485, chemin d’Aylmer est aussi inscrit au registre du patrimoine culturel du Québec.
Opposition
La conseillère du quartier, Caroline Murray, s’oppose par principes à la demande de démolition. L’Association du patrimoine d’Aylmer (APA) prône la restauration du bâtiment et souhaite que le comité de démolition prenne une décision basée sur des rapports d’experts en patrimoine et non pas uniquement sur l’avis du promoteur. «La situation est extrêmement triste, affirme la présidente de l’APA, Isabelle Desmeules. Beaucoup de bâtiments patrimoniaux sont dans la même situation. L’attitude des promoteurs est triste. Le public avait confiance qu’avec la citation octroyée en 1997 la ville allait protéger cette maison pour les générations futures, que la Ville allait faire en sorte que ses propriétaires prennent leurs responsabilités. Le constat c’est que nous sommes devant une inaction généralisée. Il faut vraiment se demander comment on va mettre un terme à ce genre de situation.»
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Offensive de la Ville
Le cas du 485, chemin d’Aylmer devra être analysé comme il se doit par le comité de démolition la semaine prochaine, précise Mario Aubé, président du comité consultatif d’urbanisme. Il ajoute toutefois que l’histoire se répète trop souvent et qu’il y a eu trop de laisser-aller. «On doit agir, on va le faire, lance-t-il. On va lancer une offensive cet automne. Toutes les maisons laissées à l’abandon, particulièrement les immeubles ayant une valeur patrimoniale seront inspectés. Le service de l’urbanisme prépare ça depuis quelque temps. On va envoyer des inspecteurs partout sur le territoire. On souhaite que ça provoque une prise de conscience de la part des promoteurs. Je veux qu’on sévisse.»
C’est cependant là que les choses se compliquent pour la Ville de Gatineau. Des avis d’infraction et des amendes peuvent être donnés, mais dans certains cas, la Ville est susceptible de devoir aller devant les tribunaux. «On fait quoi rendu à cette étape, c’est un peu la question qu’on doit se poser et ça, ça va revenir au conseil de décider.»
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Caroline Murray est d’avis que les processus réglementaires en place à Gatineau pour protéger le patrimoine ne sont pas efficaces. «On a regardé dépérir le 485, chemin d’Aylmer pendant 15 ans, rappelle-t-elle. La Ville ne va pas au bout de ce qu’elle peut faire pour contraindre les promoteurs à agir.»
La conseillère d’Action Gatineau affirme préparer une proposition à ce sujet qu’elle soumettra au conseil municipal en octobre.