La MRC de Papineau demande une refonte du régime forestier et un moratoire sur les claims miniers

Le maire de Thurso et préfet de la MRC, Benoît Lauzon

La Municipalité régionale de comté (MRC) de Papineau demande au parti qui formera le prochain gouvernement du Québec de faire de la modernisation du régime forestier une priorité afin que l’usine Fortress, à Thurso, dont les cheminées ont cessé de fumer depuis octobre 2019, puisse redémarrer dans les plus brefs délais.


Les maires de la MRC ont fait part de leurs priorités économiques dans le cadre de la campagne électorale, mercredi matin, devant les installations de la papetière située sur la rue Victoria. 

Près de 4000 travailleurs forestiers œuvrent en Outaouais, a rappelé le maire de Thurso et préfet de la MRC, Benoît Lauzon. Avec une consommation annuelle d’environ 1 million de mètres cubes de bois de pâte, l’usine Fortress de Thurso représente un «maillon extrêmement important de cette grappe industrielle», a réitéré ce dernier lors de son allocution, lui qui était accompagné par une douzaine de premiers magistrats d’autres municipalités du territoire.

«Aujourd’hui, je peux vous dire que l’ensemble de l’industrie forestière, que ce soit Lauzon, qui est sur le territoire de Thurso, les Résolu, les Commonwealth Plywood, ces gens-là sont essoufflés. Si on ne règle pas le dossier rapidement, ce sont d’autres fermetures qu’on va vivre au niveau de la région de l’Outaouais», a lancé M. Lauzon.

Le préfet soutient que des projets de relance sont sur la table pour l’usine de Thurso. Toutefois, le régime forestier en vigueur depuis 2013 doit être modifié puisqu’il n’est pas équitable pour la région. Les coûts d’approvisionnement pour les industries de la région ont explosé, a martelé M. Lauzon.

«Le marché des papetières est bon aujourd’hui, a mentionné l’élu. Il n’y a pas personne qui va investir des centaines de millions quand le coût d’approvisionnent des usines est à la hausse. [...] Alimenter la papetière ici à la fermeture, ça coûtait 95$ du mètre cube, une papetière à Trois-Rivières, c’est 75$ du mètre cube. Quand on consomme 1 million de mètres cubes, l’impact est énorme sur le budget. Ce n’est pas vivable. Ce qu’on dit, c’est que vous [le gouvernement] devez vous assurer de mettre des mesures pour que le coût d’approvisionnement au Québec soit le même [partout].»

Un moratoire sur les nouveaux claims miniers

Les élus municipaux dans Papineau réclament par ailleurs que le prochain gouvernement impose un moratoire sur les nouveaux claims miniers. Avec l’explosion des nouveaux titres miniers observée dans le sud du Québec depuis 18 mois, la MRC de Papineau exige une refonte de la Loi sur les mines et des règles entourant les Territoires incompatibles avec les activités minières (TIAM).

«Nous ne sommes pas contre l’industrie minière dans la MRC de Papineau. Nous sommes conscients que les besoins de graphite pour la production de batteries pour les voitures électriques sont réels et nécessaires. Cependant, ce dont on veut s’assurer, c’est de bien protéger nos terres agricoles, nos lacs et nos rivières», a souligné M. Lauzon.

La MRC de Papineau croit que Québec doit intervenir immédiatement dans le dossier. L’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous dans la Petite-Nation et pourtant de l’exploration se fait en ce moment entre Lac-des-Plages et Duhamel, dans le cadre du projet de mine à ciel ouvert de l’entreprise Lomiko Metals. 

«Présentement, l’industrie minière dépense des millions pour faire de l’exploration et tantôt on va leur dire ‘‘vous n’êtes pas à la bonne place, il n’y a pas d’acceptabilité sociale, vous devez aller ailleurs’’. Des batteries, ce n’est pas dans 30 ans qu’on en veut. C’est le plus rapidement possible pour l’électrification des transports. Pourquoi on ne travaille pas ensemble avec le gouvernement et qu’on ne leur dit pas [aux minières] d’aller à la bonne place sur notre territoire?»

Plusieurs autres priorités

Finalement, la MRC de Papineau fait aussi de la transformation alimentaire, du tourisme et de l’environnement des priorités. Le prochain pacte fiscal devra permettre d’aider les municipalités à faire face aux enjeux environnementaux, a souligné le préfet ajoutant que Québec devra aussi aider, au courant des quatre prochaines années, les localités à mettre en place des outils pour l’intégration des personnes immigrantes qui arrivent sur le territoire.