Cette première exposition automnale réunit une sélection de 75 œuvres, dont de nombreuses photographies.
Ces œuvres signées par une trentaine d'artistes de divers horizons, qui, du 17e siècle à nos jours, ont célébré à leur façon «la puissance expressive du corps».
La danse, les chorégraphes et le théâtre y sont évidemment mis à l'avant-plan.
L'exposition s'intéresse non seulement aux créateurs nord-américains et européens, mais aussi aux Autochtones, à qui le musée d'Ottawa a accordé une place de choix.
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Les œuvres de la photographe autrichienne Lisette Model, du peintre français Edgar Degas et de la chorégraphe Yvonne Rainer y côtoient aussi bien celles d'artistes multidisciplinaires et contemporains comme Brendan Fernandes ou Adam Pendleton, que des œuvres signées par des artistes des premières Nations ou inuits, tels Daphne Odjig ou Katherine Takpannie – dont le musée a ressorti la célèbre série de clichés intitulée Our Women and Girls Are Sacred, évocation des femmes et filles autochtones disparues ou assassinées, à travers une image métaphorique de danse.
La conservatrice à la tête du département de la photographie du MBAC, Andrea Kunard, rappelle que l'intérêt de cette sélection n'est pas seulement esthétique. Ces œuvres qui cherchent à traduire «la puissance du mouvement dans l’art», réussissent aussi à «illustrer la pérennité de l’art, sa force, et sa capacité à enrichir la vie contemporaine en se renouvelant sans cesse», explique Mme Kunard, qui est aussi la commissaire principale de l'exposition.
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Pour la directrice générale par intérim du MBAC, Angela Cassie, les œuvres réunies ici ne révèlent rien de moins que «le pouvoir» qu'à l’art «de rapprocher et d’inspirer».
Si l'on peut observer, au détour de l'exposition, comment le mouvement peut être traduit de multiples façons, tant par «des lignes gracieuses ou des explosions de couleur», on pourra aussi peut-être remarquer entre les lignes à quel point les œuvres ici convoquées ont cherché à «remettre en question» les codes sociaux, notamment «de genre et d'ethnicité», suggère Angela Cassie.
Car l'objectif de Mme Kunard et des commissaires collaborateurs était bien de célébrer «l’énergie expressive du corps tel qu’il a été employé, chorégraphié et représenté pour explorer des questions sociales ou révéler les nombreuses facettes des contacts et des relations humaines».
Et c'est au visiteur d'interpréter quelles «interactions» entre le corps humain et la marche de la société se dégagent des photos, vidéos, estampes, dessins et peintures présentés ici.
Percevoir l'Autre autrement
Des voûtes du MBAC, on a rapporté «des œuvres clés» signées par des artistes de renom, a mentionné Mme Cassie, lors d'une rencontre virtuelle avec les journalistes. Mais, surtout, des œuvres susceptibles de modifier notre regard, c'est-à dire qui ouvrent «de nouvelles façons de se voir et de voir les autres».
Mouvement. L’expressivité du corps dans l’art s'articule autour de quatre thèmes: Énergie et art, Concept et mouvement, Fusion et séparation, et, pour finir, Présence et absence.
Dans l'objectif de la caméra tenue par certains des artistes, «les corps se mettent en scène pour remettre en question les normes sociétales [...] ou incarnent un appel à l’action», alors que «les figures s’entrelacent, se tendent la main et se soutiennent mutuellement», fait valoir la dg du MBAC.
La gestionnaire principale, rayonnement national, du MBAC, Josée Drouin-Brisebois, se dit pour sa part émue par certaines œuvres militantes d'Adam Pendleton, dont le travail (tant en photo qu'en vidéo) illustre la lutte de la population noire pour les droits civiques.
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L'assistante conservatrice du MBAC Wahsontiio Cross, responsable de l'Art autochtone, a pour sa part pris quelques instants pour parler de la toile Danseur de pow-wow (1978) de Daphné Odjig, en resituant cette estampe dans le contexte socio-politique du Canada, où porter de tes vêtements traditionnels était strictement interdit jusque dans les années 50.
Au-delà de la simple représentation d'une danse, cette œuvre témoigne d'une réappropriation culturelle et d'un progrès social.
Le geste artistique, lui – ici et ailleurs dans l'exposition – se fait lui-même mouvement, ou du moins contribue-t-il à son élan : mouvement de contestation, défi face aux brimades et aux injustices, etc.
Mme Cross a aussi apporté son éclairage sur Coiffe de représentation, une photo signée Brian Jungen, montrant des chaussures de sport Nike Air Jordan découpées et recousues ensemble de façon à former une sorte de coiffe traditionnelle autochtone.
Le clash culturel qui se dégage de cette image l'interpelle, les coiffes traditionnelles étant d'une part codifiées, et d'autre part réservées aux chefs ou aux artistes, mais certainement pas destinées à devenir des «produits» commerciaux, ni même muséaux, a-t-elle souligné.
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Renseignements: Musée des beaux-arts du Canada
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AUTOUR DE L’EXPOSITION
Le vernissage de Mouvement. L’expressivité du corps dans l’art se tiendra jeudi 22 septembre à 17h, dans le Grand Hall du MBAC (et en direct via Zoom). L'entrée sera gratuite. Les responsables du musée en profiteront pour dévoiler les lauréats du Prix nouvelle génération de photographes 2022.
L'artiste Indo Kenyan Canadien Brendan Fernandes – dont la nouvelle exposition met en lumière la série photographique As One / Comme un seul – s'est beaucoup intéressé aux questions raciales, aux communautés marginalisées et aux migrations démographiques... «une autre forme de mouvement collectif», a suggéré Josée Drouin-Brisebois.
M. Fernandes prendra la parole jeudi 27 octobre, à l'occasion d'un entretien avec Andrea Kunard, prévu à 18h30 dans l’auditorium du musée (et en direct via Zoom). En anglais, avec interprétation simultanée en français.
La troupe Propeller Dance offrira deux spectacles de danse, jeudi 24 novembre (à 18h30) et samedi 26 novembre (13h), dans le Grand Hall du MBAC. Cette compagnie locale se distingue par sa volonté de démocratiser la danse contemporaine et de tisser des liens directs avec le public. L'événement est gratuit.
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