L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), qui regroupe 13 000 membres dans les 12 conseils scolaires de langue française dans la province.
Le principal intéressé, qui a maintes fois répété qu'il voulait que les élèves demeurent en classe toute l'année, a notamment dénoncé le «pouvoir des syndicats» ces derniers jours en faisant référence à la possibilité d'un débrayage du personnel scolaire si les pourparlers achoppent à l'automne ou à l'hiver. La convention collective, adoptée au tout début de la pandémie en mars 2020, est expirée depuis le 31 août dernier.
«C'est très frustrant, il y a une stratégie politique là-dedans, c'est clair, mais c'est lui qui sème la zizanie, l'inquiétude car dans le fond, il n'y a pas lieu de s'inquiéter à ce moment-ci. On suit le processus normal des négociations, les choses se déroulent comme elles se doivent. À notre connaissance, il n'y a aucune embûche. Cette semaine (jeudi dernier), pour la première fois, on a discuté de ce qu'on va négocier à la table centrale et aux tables locales plus tard. Nous n'en sommes même pas rendus à décider. Y-aura-t-il impasse? On ne le sait pas, on n'a pas de boule de cristal», affirme la présidente Anne Vinet-Roy.
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Cette dernière soutient que ce gouvernement cherche constamment à mettre les différents groupes en opposition les uns contre les autres.
Parlant d'un comportement «de très mauvaise fo», elle espère que le public, en particulier les parents, sauront mettre les choses dans leur contexte et s'informer par le biais de sources fiables pour comprendre la situation.
«Dans notre cas, c'est le monde syndical qu'il n'aime pas. Il y a peut-être un certain pourcentage de gens qui pourraient accrocher à ces choses-là mais j'ai aussi confiance que les gens sont intelligents et vont s'informer. On essaie autant que possible de garder nos énergies pour les choses positives. Nous aussi, on veut de la stabilité, on les a vécues ces deux années et demi (de pandémie), avec les défis que ç'a apporté pour la communauté scolaire. Nous sommes d'accord avec les parents, on ne veut pas qu'il arrive des choses qui vont déranger l'apprentissage des élèves. Sauf que pour que ça se passe bien, il faut que les trois parties incluant le gouvernement collaborent», dit-elle.
On s'étonne aussi que le ministre ait parlé de grèves qui se sont multipliées alors que dans les faits, depuis 24 ans, l'AEFO n'a débrayé que quelques jours lors des négociations durant l'année scolaire 2019-2020.
«La dernière fois, c'était historique. Je ne sais pas qui le nourrit de ces informations mais c'est complètement erroné», lance la leader syndicale.
Enjeux pour la nouvelle convention collective
En quête d'un nouveau contrat de travail pour ses membres, l'AEFO affirme «qu'il y a des défis sont demeurés malgré ce qu'on avait eu la dernière fois (en 2020). Plusieurs des enjeux sur la table sont donc semblables, dit-on, sans détailler davantage sur la place publique pour l'instant. Lors de la dernière ronde, la taille des classes, l'imposition de cours en ligne au secondaire et le salaire étaient au nombre des aspects négociés.
«Beaucoup de nos priorités sont liées aux conditions d'apprentissage des élèves, car qu'on le veuille ou non, si on a besoin de certaines ressources financières, d'être mieux consultés, c'est pour améliorer notre travail auprès des jeunes».
Alors que les mots inflation et pénurie sont omniprésents dans l'actualité depuis quelques mois, Mme Vinet-Roy ne cache pas que ceux-ci teinteront en partie les négociations.
«La pénurie est un phénomène qui s'est juste aggravé, c'est là depuis 2016. C'est bien beau recruter du personnel, mais il y a aussi la rétention, il faut le valoriser. [...] Il y a un groupe de travail (sur la pénurie de personnel enseignant dans le système d'éducation francophone en Ontario) qui a fait un rapport et sorti avec une trentaine de recommandations et stratégies. Le gouvernement avait participé à ces discussions-là, ç'a été déposé en février 2021, ils ont fait une fait une annonce particulière en juin (2021) et depuis, il n'a à peu près rien fait dans ce dossier», note-t-elle.
On soutient également que de bons incitatifs seraient de réduire la durée de la formation en enseignement puis de simplifier la procédure pour les immigrants qui ont un profil d'enseignant.
«Il y en a qui sont qualifiés pour enseigner, mais le processus au niveau de l'Ordre est très long, très compliqué. Il y a des retards non justifiés pour nous pour permettre à ces gens-là d'avoir accès à des postes», explique-t-elle.
Côté rémunération, la présidente de l'AEFO affirme que «toute la question du coût de la vie va revenir (dans les négociations) car ça fait un certain nombre d'années qu'on prend du retard» mais nuance en ajoutant qu'il s'agit d'une combinaison et que «le volet monétaire fait partie des discussions mais une tonne d'autres choses pèsent aussi dans la balance.
L'AEFO répète qu'il faudra attendre des semaines avant de lever la main et de dire qu'il pourrait y avoir un cul-de-sac et une hypothétique grève.
«On n'en est pas là et si jamais on ne s'entend pas, il y a un processus qui va jusqu'à la Commission des relations de travail. Ça va prendre un moment avant qu'on en soit rendu à dire: ça ne marche plus, on doit se tourner vers nos membres (pour un vote)», plaide Anne Vinet-Roy.
D'autres rencontres de négociations sont à l'agenda ce mois-ci.