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Il n’y a pas d’autre conclusion à tirer. Quand une pandémie vient mettre en évidence les graves lacunes d’un système de santé, quand la population est très préoccupée par l’offre actuelle de services et exige des changements, quand le gouvernement lui-même a comme priorité l’amélioration des soins, bref quand tout le monde s’entend pour dire qu’il y a urgence et qu’il faut agir, mais qu’on propose de se tourner vers le secteur privé pour remédier aux problèmes, c’est qu’on estime que le réseau public n’est plus à la hauteur.

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Pourquoi est-ce ainsi? Ce n’est certainement pas parce qu’il manque de ressources. Au Canada, le Québec n’est pas un dernier de classe, loin de là. Il y a autant de médecins généralistes et même plus de médecins spécialistes et plus d’infirmières au Québec par habitant comparativement à la moyenne canadienne. Aussi, les dépenses de santé du gouvernement du Québec sont similaires, sinon plus élevées, à celles de la plupart des provinces canadiennes: 5758$ par habitant comparativement à la moyenne nationale de 5562$ (selon les données les plus récentes publiées par Statistique Canada). En fait, la situation est beaucoup plus préoccupante en Ontario, où les dépenses s’élèvent à 5400$.

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Où se situe donc le problème? Il se trouve principalement dans l’organisation des soins de santé. On s’en doutait à l’époque et on le sait maintenant, mais la réforme mise de l’avant par le ministre Barrette faisait fausse route. Au lieu de décentraliser les centres de décision et ainsi offrir à la fois plus de responsabilité et de flexibilité aux gestionnaires de la santé, on a centralisé à outrance. On a ainsi empêché les décideurs du réseau de faire preuve d’innovation, de créativité, de leadership.

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On a aussi oublié de mettre les besoins des patients au cœur des préoccupations. On entend parler de plages horaires du personnel, de lits disponibles, du coût des services, mais très peu de l’offre directe de soins aux usagers, comme les soins à domicile. À cet égard, l’initiative plus ou moins réussie du gouvernement d’embaucher 10 000 préposés aux bénéficiaires durant la pandémie est révélatrice. Les Québécois ont été nombreux à répondre à l’appel. Mais après deux ans, plusieurs ont quitté la profession, insatisfaits notamment par les conditions de travail qui les empêchent de bien prendre soin de leurs patients. On a raté une belle occasion de faire les choses autrement.

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Devant ces échecs, plusieurs sont tentés de croire que le recours au secteur privé pourra régler les problèmes. Il y a toujours eu un préjugé favorable envers le secteur privé dans nos sociétés. On le juge plus efficace, plus innovateur et donc plus rentable. Mais est-ce vraiment le cas? Les mini-hôpitaux proposés pourront-ils offrir les services que veut obtenir le gouvernement? La réponse est oui, mais avec des conséquences néfastes pour le secteur public.

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Ainsi, ces mini-hôpitaux vont utiliser des ressources financières et une main-d’œuvre qui autrement auraient été mises à profit dans le secteur public. Aussi, ils pourront se spécialiser dans l’offre de services bien précis, sans devoir valider constamment leurs décisions auprès d’autorités centrales. Sans oublier que ces hôpitaux seront aussi très profitables pour leurs actionnaires, puisqu’ils n’auront pas à recruter leurs patients. L’État québécois le fera à leur place.

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Bref, on donne la flexibilité et la marge de manœuvre nécessaires à des hôpitaux privés alors qu’on refuse de le faire pour le réseau public qui en a tant besoin. C’est déshabiller Pierre pour habiller Paul.

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Plus sérieusement, cette promesse indique que le gouvernement actuel ne croit plus que le secteur public est réformable. Tous les acteurs du réseau public de la santé devraient réfléchir pourquoi il est arrivé à cette conclusion.

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